AGORAPHOBIE : qu’est-ce que l’agoraphobie

Agoraphobie

L’Agoraphobie est une anxiété liée à, ou un évitement d’endroits ou de situations, d’où il pourrait être difficile (ou gênant) de s’échapper ou dans lesquels aucun secours ne serait disponible en cas d’Attaque de panique ou de symptômes à type de panique.

agoraphobie

Article rédigé avec le DSM

Diagnostic

La caractéristique essentielle de l’Agoraphobie est une anxiété liée au fait de se trouver dans des endroits ou des situations d’où il pourrait être difficile (ou gênant) de s’échapper ou dans lesquelles aucun secours ne pourrait être trouvé en cas de survenue d’une Attaque de panique ou des symptômes de type panique (p. ex., peur d’avoir une attaque subite de vertige ou une crise de diarrhée soudaine) (Critère A).
L’anxiété conduit typiquement à un évitement envahissant de nombreuses situations pouvant inclure le fait d’être seul hors de son domicile ou d’être seul chez soi ; d’être clans une foule ; de voyager en voiture, en bus ou en avion ; ou d’être sur un pont ou dans un ascenseur. Certains sujets sont capables de s’exposer eux-mêmes aux situations redoutées mais ils subissent ces expériences avec une crainte considérable.

Souvent, le sujet est plus à même de se confronter à une situation redoutée lorsqu’il est accompagné par quelqu’un (Critère B).
L’évitement de situations peut altérer les capacités des sujets à voyager, à travailler ou à assumer leurs responsabilités domestiques (p. ex., faire des courses dans une épicerie, emmener les enfants chez le médecin).

Un autre trouble mental ne peut pas mieux expliquer l’anxiété ou l’évitement phobique (Critère C).

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel, pour distinguer l’Agoraphobie de la Phobie sociale et de la Phobie spécifique et d’un Trouble d’anxiété de séparation sévère, peut être difficile car toutes ces affections sont caractérisées par l’évitement de situations spécifiques.

 

Critères d’une Agoraphobie

A. Anxiété liée au fait de se retrouver dans des endroits ou des situations
d’où il pourrait être difficile (ou gênant) de s’échapper ou dans lesquelles
on pourrait ne pas trouver de secours en cas d’Attaque de
panique soit inattendue soit facilitée par des situations spécifiques
ou bien en cas de symptômes à type de panique. Les peurs agoraphobiques
regroupent typiquement un ensemble de situations
caractéristiques incluant le fait de se trouver seul en dehors de son
domicile ; d’être dans une foule ou clans une file d’attente ; sur un
pont ou clans un autobus, un train ou une voiture.

N.-B. : Envisager le diagnostic de Phobie spécifique si l’évitement est limité à une Ou
seulement quelques situations spécifiques, ou celui de Phobie sociale si l’évitement
est limité aux situations sociales.
B. Les situations sont soit évitées (p. ex., restriction des voyages) soit
subies avec une souffrance intense ou bien avec la crainte d’avoir une
Attaque de panique ou des sytnptômes à type de panique ou bien
nécessitent la présence d’un accompagnant.
C. L’anxiété ou l’évitement phobique n’est pas mieux expliqué par un
autre trouble mental, tel une Phobie sociale (par ex. évitement limité
aux situations sociales par peur d’être embarrassé), une Phobie spécifique
(p. ex., évitement limité à une situation unique comme les
ascenseurs), un Trouble obsessionnel-compulsif (p. ex., évitement de
la saleté chez quelqu’un ayant une obsession de la contamination),
un État de stress post-traumatique (p. ex., évitement des stimulus
associés à un facteur de stress sévère) ou un Trouble anxiété de séparation
(évitement lié au départ du domicile ou à la séparation d’avec
les membres de la famille).

Trouble panique avec agoraphobie

Caractéristiques

La caractéristique essentielle du Trouble panique est la présence d’Attaques de panique récurrentes et inattendues suivies de la crainte persistante pendant au moins un mois d’avoir une autre Attaque de panique, de préoccupations quant aux implications possibles ou aux conséquences de ces Attaques de panique, ou d’un changement significatif de comportement en relation avec les attaques (Critère A).

Les Attaques de panique ne sont pas dues aux effets physiologiques directs d’une substance (p. ex., Intoxication par la caféine) ou d’une affection médicale générale (p. ex., hyperthyroïdie) (Critère C).

Finalement, les Attaques de panique ne sont pas mieux expliquées par un autre trouble mental (p. ex., Phobie spécifique ou Phobie sociale, Trouble obsessionnel-compulsif, État de stress post-traumatique, Trouble anxiété de séparation) (Critère D).

Selon que les critères d’Agoraphobie sont remplis ou non Un Trouble panique sans Agoraphobie est diagnostiqué (Critère B).

Une Attaque de panique inattendue (spontanée, non induite) est définie comme une attaque qui n’est pas associée à un facteur déclenchant situationnel (c.-à-d. elle survient à l’improviste). Les facteurs déclenchants comprennent des stimuli qui sont soit externes (p. ex., situation ou objet phobogène), soit internes (stimulations physiologiques) à l’individu. Dans certains cas, le facteur déclenchant apparaît clairement au clinicien alors qu’il n’est pas facilement identifié par le sujet souffrant d’une Attaque de panique. Par exemple, un sujet peut ne pas identifier immédiatement l’activation neurovégétative provoquée par une pièce chaude et encombrée ou les sensations d’évanouissement provoquées par un passage rapide de la position couchée à la position assise comme facteurs déclenchants d’une Attaque de panique, et ainsi, ces attaques sont considérées à ce moment-là comme inattendues. Au moins deux Attaques de panique inattendues sont nécessaires pour le diagnostic mais la plupart des sujets en ont beaucoup plus. Les sujets ayant un Trouble panique ont aussi fréquemment des Attaques de panique favorisées par des situations (c.-à-d. celles survenant le plus souvent mais pas de manière invariable lors de l’exposition à un facteur déclenchant situationnel). Des attaques de panique situationnellement liées (c.-à-d. celles qui surviennent presque invariablement et immédiatement lors de l’exposition à un facteur déclenchant situationnel) peuvent survenir mais sont moins communes.
La fréquence et la sévérité des Attaques de panique varient considérablement. Par exemple, certains sujets ont des attaques moyennement fréquentes (p. ex., une fois par semaine) qui surviennent de manière régulière durant une période de plusieurs mois.
D’autres rapportent de brefs accès d’attaques plus fréquentes (p. ex., tous les jours durant une semaine) séparées par des semaines ou des mois sans aucune attaque, ou avec des attaques moins fréquentes (p. ex., deux par mois) pendant plusieurs années.
Les attaques pauci-symptomatiques (c.-à-d. les attaques identiques aux Attaques de panique « complètes » mais avec une anxiété ou une peur soudaine accompagnée de moins de quatre des treize symptômes supplémentaires) sont très communes chez les sujets ayant un Trouble panique. Bien que la distinction : Attaques de panique complètes
et Attaques pauci-symptomatiques soit quelque peu arbitraire, les Attaques de panique complètes sont associées à une plus grande morbidité (p. ex. plus grand utilisation des services de santé, plus grand handicap fonctionnel, moins bonne qualité de vie). La plupart des sujets qui ont des attaques pauci-symptomatiques ont eu des Attaques
de panique complètes à un certain moment de l’évolution du trouble.
Les sujets ayant un Trouble panique présentent des craintes ou des inférences caractéristiques quant aux implications ou aux conséquences des Attaques de panique. Certains redoutent que les attaques témoignent de la présence d’une maladie non diagnostiquée engageant le pronostic vital (p. ex., maladie cardiaque, épilepsie). Malgré des examens médicaux répétés et un rassurement, ils peuvent demeurer effrayés et n’être pas convaincus qu’ils n’ont pas une maladie engageant le pronostic vital. D’autres redoutent que les Attaques de panique soient le signe qu’ils sont en train de « devenir fous » ou de perdre le contrôle d’eux-mêmes ou qu’ils sont faibles sur le plan émotionnel.
Certains sujets ayant des Attaques de panique récurrentes modifient leur comportement de manière importante (p. ex., abandonnent un travail, évitent tout effort physique) en réponse aux attaques mais dénient le fait d’avoir peur d’une autre attaque ou bien l’existence de craintes concernant les conséquences de leurs Attaques
de panique. Les craintes portant sur une nouvelle attaque ou ses implications sont souvent associées au développement d’un comportement d’évitement qui peut avoir les critères d’une Agoraphobie auquel cas un Trouble panique avec Agoraphobie est diagnostiqué.

Caractéristiques et troubles associés

Outre la préoccupation relative aux Attaques de panique et à leurs implications, de nombreux sujets avant un Trouble panique relatent également des sensations constantes ou intermittentes d’anxiété qui ne sont pas focalisées sur des situations ou des événements spécifiques. D’autres présentent une appréhension excessive à propos des conséquences d’activités et des expériences de la vie quotidienne, particulièrement celles liées à la santé ou à la séparation des êtres chers. Par exemple, des sujets ayant un Trouble panique anticipent souvent une évolution catastrophique de symptômes physiques légers ou bien d’effets secondaires de médicaments (p. ex., penser qu’un mal de tête témoigne d’une tumeur cérébrale ou d’une crise hypertensive). De tels individus sont également beaucoup
moins tolérants aux effets secondaires des médicaments et ont généralement besoin d’une réassurance continuelle afin de pouvoir prendre des médicaments. Chez des sujets dont le Trouble panique n’a pas été traité ou a été mal diagnostiqué, la croyance qu’ils ont une maladie non décelée engageant le pronostic vital peut les conduire à la
fois à une anxiété chronique fragilisante et à des recours excessifs à des soins médicaux.
Cette modalité évolutive peut être très perturbante tant sur le plan émotionnel que financier.
Dans certains cas, la perte ou la rupture de relations interpersonnelles importantes (p. ex., le fait (le quitter son domicile pour vivre seul, le divorce) est associée au début ou à l’exacerbation du Trouble panique. La démoralisation est une conséquence habituelle et de nombreux sujets deviennent découragés, honteux et malheureux en raison de leurs difficultés pour mener à bien leurs activités quotidiennes normales. Ils attribuent souvent ce problème à un manque de « force » ou de « caractère ». Cette démoralisation peut se généraliser à des domaines dépassant les problèmes liés spécifiquement au Trouble panique. Ces sujets peuvent être fréquemment absents du travail ou de l’école pour des consultations médicales ou dans des services d’urgence, ce qui peut conduire au chômage ou à l’abandon des études.
Les taux de comorbidité rapportés avec le Trouble dépressif majeur sont très variables, se situant entre 10 et 65 % chez les sujets avant un Trouble panique. Chez environ un tiers (les sujets présentant les deux troubles, la dépression précède le début du Trouble panique. Dans les deux tiers restants, la dépression survient en même temps
ou suit le début du Trouble panique. Un sous-groupe de sujets, dont certains pourront développer comme conséquence un Trouble lié à l’utilisation de substances, traitent leur anxiété avec de l’alcool ou des médicaments.
La comorbidité avec les autres Troubles anxieux est également habituelle, tout particulièrement dans les services cliniques et chez les sujets qui présentent des forme sévères d’Agoraphobie. Une Phobie sociale et un Trouble anxiété généralisée ont été rapportés chez 15 à 30 % des sujets ayant un Trouble panique, une Phobie spécifique
chez 2 à 20 % et un Trouble obsessionnel-compulsif chez plus de 10 % des sujets ayant un Trouble panique. Bien que dans la littérature le Syndrome de stress post-traumatique existe chez 2 à 10 96 des sujets ayant un Trouble panique, il semble que ces taux soient bien plus importants lorsque les symptômes post-traumatiques sont systématiquement recherchés. Une Anxiété de séparation durant l’enfance peut être associée à ce trouble. Une comorbidité et des symptômes communs avec l’Hypocondrie sont habituels.

Examens complémentaires.

Aucun examen complémentaire ne permet de faire le diagnostic de Trouble panique. Cependant, divers examens complémentaires ont rapporté des anomalies dans des groupes de sujets ayant un Trouble panique comparativement à (les sujets témoins. Certains sujets avant un Trouble panique montrent des signes d’alcalose respiratoire compensatrice (c.-à-d. une diminution du CO, et des taux de bicarbonates avec un pH presque normal). La survenue d’Attaques de panique en réponse aux perfusions de lactate de sodium ou à l’inhalation de CO., est plus habituelle clans le Trouble panique que chez les sujets témoins ou les personnes ayant un Trouble anxiété généralisée.

 

Examen physique et affections médicales générales associées.

De manière transitoire, une tachycardie et une élévation modérée de la pression artérielle systolique peuvent survenir durant certaines Attaques de panique. Des études ont mis en évidence une comorbidité significative entre le Trouble panique et de nombreux symptômes médicaux et affections médicales générales comme, notamment, des vertiges, des arythmies cardiaques, une hyperthyroïdie, un asthme, une bronchopneumopathie chronique obstructive, et un trouble fonctionnel intestinal. Mais la nature de l’association (p. ex., relation de causalité) entre le Trouble panique et ces états demeure obscure. Bien que des études aient suggéré l’existence d’une plus grande fréquence de prolapsus de la valve mitrale et de maladie thyroïdienne chez les sujets avant un Trouble panique comparativement à la population générale, d’autres études n’ont pas retrouvé de prévalence différente.

 

Caractéristiques liées à la culture, à l’âge et au sexe

Dans certaines cultures, les Attaques de panique peuvent comporter une peur intensed’une action de sorcellerie ou de magie. Le Trouble panique tel qu’il est décrit a été retrouvé clans des études épidémiologiques à travers le monde. De plus, un certain nombre d’affections incluses clans le « Glossaire des syndromes propres à une culture
donnée » peuvent être en rapport avec le Trouble panique. Certains groupes culturels ou ethniques limitent la participation des femmes à la vie publique ; cela doit être distingué de l’Agoraphobie. Le Trouble panique sans Agoraphobie est diagnostiqué cieux fois plus souvent et le Trouble panique avec Agoraphobie trois fois plus
souvent chez les femmes que chez les hommes.

Prévalence

La plupart des études ont retrouvé des taux de prévalence vie entière du Trouble panique (avec ou sans Agoraphobie) situés entre 1 et 2 % bien que des taux aussi élevés que 3,5 % aient été rapportés. Les taux de prévalence sur un an sont compris entre 0,5 et 1,5 %. Les taux de prévalence du Trouble panique en population clinique sont beaucoup plus élevés. Par exemple, le Trouble panique est diagnostiqué chez approximativement 10 % des sujets suivis en consultation de santé mentale. En population clinique non psychiatrique, les taux de prévalence se situent entre 10 et 30 % dans les pathologies vestibulaire, respiratoire et neurologique et sont aussi élevés que 60 % en pathologie cardiologique. Environ un tiers à la moitié des sujets ayant un diagnostic de Trouble panique en population générale ont également une Agoraphobie, bien qu’un taux beaucoup plus élevé d’Agoraphobie soit observé dans les populations cliniques.

Évolution

L’âge de début du Trouble panique varie de manière considérable mais survient le plus typiquement entre la fin de l’adolescence et le milieu de la trentaine, Il y aurait une distribution bimodale avec un pic à la fin de l’adolescence et un second pic, plus faible, au milieu de la trentaine. Un petit nombre de cas débute clans l’enfance ; un début après l’âge de 45 ans est inhabituel mais peut s’observer. Les descriptions rétrospectives faites par les sujets vus dans les services cliniques suggèrent que l’évolution habituelle est chronique et se fait avec des hauts et des bas. Certains sujets peuvent avoir des manifestations épisodiques avec des années de rémission entre elles et d’autres peuvent avoir une symptomatologie sévère de manière continue. Des attaques de panique paucisymptomatiques peuvent apparaître de manière plus fréquente si l’évolution du Trouble panique est chronique. Bien que l’Agoraphobie puisse se développer à tout moment, son début se situe habituellement dans la première année de survenue des Attaques de panique récurrentes. L’évolution de l’Agoraphobie et sa relation avec l’ évolution des Attaques de panique sont variables. Dans certains cas, une diminution ou une rémission des Attaques de panique peut être suivie de près par une diminution correspondante de l’évitement agoraphobique et de l’anxiété. Chez d’autres, l’Agoraphobie peut devenir chronique, que les Attaques de panique soient présentes ou non.
Certains sujets rapportent la possibilité de réduire la fréquence des Attaques de panique par l’évitement de certaines situations. Les études de suivi naturaliste de sujets traités dans des services de santé tertiaire (ou l’on peut avoir une sélection de sujets à mauvais pronostic) suggèrent qu’au bout de six à dix ans après le traitement, environ 30 % des sujets vont hien, 40 à 50 % sont améliorés niais demeurent symptomatiques et les 20
à 30 % restants ont des symptômes identiques ou légèrement aggravés.

Aspects familiaux

Les apparentés biologiques de premier degré des sujets ayant un Trouble panique ont jusqu’à 8 fois plus de risque de développer un Trouble panique. Si l’âge de début du Trouble panique se situe avant 20 ans, les apparentés biologiques de premier degré ont jusqu’à 20 fois plus de risque de développer un Trouble panique. Cependant, dans les services cliniques, près de la moitié à trois quarts des sujets ayant un Trouble panique n’ont pas d’apparentés biologiques de premier degré affectés. Les études de jumeaux montrent l’existence d’un facteur génétique dans le développement du Trouble panique.

 

Critères diagnostiques

A. A la fois (1) et (2) :
(1) Attaques de panique récurrentes et inattendues
(2) au moins une des attaques s’est accompagnée pendant un mois
(ou plus) de l’un (ou plus) des symptômes suivants :
(a) crainte persistante d’avoir d’autres attaques de panique
(b) préoccupations à propos des implications possibles de
l’attaque ou bien de ses conséquences (par ex. perdre le
contrôle, avoir une crise cardiaque, « devenir fou »)
(c) changement de comportement important en relation avec
les attaques
B. Absence d’Agoraphobie
C. Les Attaques de panique ne sont pas dues aux effets physiologiques
directs d’une substance (p. ex., une substance donnant lieu à abus,
un médicament) ou d’une affection médicale générale (p. ex.,
hyperthyroïdie).
D. Les Attaques de panique ne sont pas mieux expliquées par un autre
trouble mental, tel une Phobie sociale (p. ex., survenant lors de
l’exposition aux situations sociales redoutées), une Phobie spécifique
(p. ex., lors de l’exposition à une situation phobogène spécifique), un
Trouble obsessionnel-compulsif (p. ex., lors de l’exposition à la saleté
chez quelqu’un ayant une obsession de la contamination), un État de
stress post-traumatique (p. ex., en réponse à des stimulus associés à
un facteur de stress sévère) ou à un Trouble anxiété de séparation
(p. ex., en réponse au fait d’être éloigné du domicile ou des proches).

 

 

Agoraphobie sans antécédent de Trouble panique

L’Agoraphobie sans antécédent de Trouble panique est caractérisée par la
présence d’une Agoraphobie et de symptômes de type panique sans antécédent d’Attaques de panique inattendues.

Caractéristiques

Les caractéristiques essentielles de l’Agoraphobie sans antécédent de Trouble panique sont identiques à celles du Trouble panique avec Agoraphobie mis à part le fait que l’ objet de la peur est centré sur la survenue de symptômes incapacitants ou extrêmement gênants de type panique ou d’attaques pauci-symptomatiques plutôt que sur
celle d’Attaques de panique complètes. Les sujets ayant ce trouble ont une Agoraphobie (Critère A).

Les « symptômes de type panique » comprennent n’importe lequel des treize symptômes répertoriés clans l’Attaque de panique  ou d’autres symptômes qui peuvent être incapacitants ou gênants (p. ex., perte du contrôle vésical, vomissements en public). Par exemple, un individu peut être effrayé à l’idée d’avoir des céphalées sévères ou des symptômes cardiaques et ne pas pouvoir avoir de l’aide.

Pour répondre au diagnostic d’Agoraphobie, les critères complets du Trouble panique ne doivent jamais avoir été remplis (Critère B) et les symptômes ne doivent pas être dus aux effets physiologiques directs d’une substance (p. ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d’une affection médicale générale (Critère C).

Si une affection médicale générale associée est présente (p. ex., une affection cardiaque), la peur de ressentir une incapacité ou d’être gêné par suite du développement des symptômes (p. ex., s’évanouir) est nettement excessive par rapport à celle habituellement associée à cette affection (Critère D).

 

Caractéristiques et troubles associés

Outre la préoccupation relative aux Attaques de panique et à leurs implications, de nombreux sujets avant un Trouble panique relatent également des sensations constantes ou intermittentes d’anxiété qui
ne sont pas focalisées sur des situations ou des événements spécifiques. D’autres présentent une appréhension excessive à propos des conséquences d’activités et des expériences de la vie quotidienne, particulièrement celles liées à la santé ou à la séparation des êtres chers. Par exemple, des sujets ayant un Trouble panique anticipent souvent une évolution catastrophique de symptômes physiques légers ou bien d’effets
secondaires de médicaments (p. ex., penser qu’un mal de tête témoigne  d’une tumeur cérébrale ou d’une crise hypertensive). De tels individus sont également beaucoup moins tolérants aux effets secondaires des médicaments et ont généralement besoin d’une réassurance continuelle afin de pouvoir prendre des médicaments. Chez des sujets dont le Trouble panique n’a pas été traité ou a été mal diagnostiqué, la croyance qu’ils ont une maladie non décelée engageant le pronostic vital peut les conduire à la
fois à une anxiété chronique fragilisante et à des recours excessifs à des soins médicaux.
Cette modalité évolutive peut être très perturbante tant sur le plan émotionnel que financier.
Dans certains cas, la perte ou la rupture de relations interpersonnelles importantes (p. ex., le fait de quitter son domicile pour vivre seul, le divorce) est associée au début ou à l’exacerbation du Trouble panique. La démoralisation est une conséquence habituelle et de nombreux sujets deviennent découragés, honteux et malheureux en raison de leurs difficultés pour mener à bien leurs activités quotidiennes normales. Ils attribuent souvent ce problème à un manque de « force » ou de « caractère ». Cette démoralisation peut se généraliser à des domaines dépassant les problèmes liés spécifiquement au Trouble panique. Ces sujets peuvent être fréquemment absents du travail ou de l’école pour des consultations médicales ou dans des services d’urgence, ce qui
peut conduire au chômage ou à l’abandon des études.
Les taux de comorbidité rapportés avec le Trouble dépressif majeur sont très variables, se situant entre 10 et 65 % chez les sujets avant un Trouble panique. Chez environ un tiers des sujets présentant les deux troubles, la dépression précède le début du Trouble panique. Dans les deux tiers restants, la dépression survient en même temps ou suit le début du Trouble panique. Un sous-groupe de sujets, dont certains pourront développer comme conséquence un Trouble lié à l’utilisation (le substances, traitent leur anxiété avec de l’alcool ou des médicaments.
La comorbidité avec les autres Troubles anxieux est également habituelle, tout particulièrement dans les services cliniques et chez les sujets qui présentent des formes sévères d’Agoraphobie. Une Phobie sociale et un Trouble anxiété généralisée ont été rapportés chez 15 à 30 % des sujets ayant un Trouble panique, une Phobie spécifique chez 2 à 20 % et un Trouble obsessionnel-compulsif chez plus de 10 % (les sujets ayant un Trouble panique. Bien que dans la littérature le Syndrome de stress post-traumatique existe chez 2 à 10 96 des sujets ayant un Trouble panique, il semble que ces taux soient bien plus importants lorsque les symptômes post-traumatiques sont systématiquement recherchés. Une Anxiété de séparation durant l’enfance peut être associée à ce trouble. Une comorbidité et des symptômes communs avec l’Hypocondrie sont habituels.

 

Caractéristiques liées à la culture, à l’âge et au sexe

Certains groupes culturels ou ethniques limitent la participation des femmes à la vie publique et cela doit être distingué de l’Agoraphobie. Ce trouble est diagnostiqué beaucoup plus souvent chez les femmes que chez les hommes.

Prévalence

Dans les services cliniques, presque tous les individus (plus de 95 %) qui présentent une Agoraphobie ont également un diagnostic actuel (ou des antécédents) de Trouble panique. Par opposition, dans les échantillons épidémiologiques la prévalence de l’Agoraphobie sans antécédent de Trouble panique a été retrouvée plus élevée que celle du Trouble panique avec Agoraphobie. Toutefois, des problèmes liés à l’évaluation semblent avoir augmenté les taux décrits dans les études épidémiologiques. Récemment, des sujets qui avaient reçu un diagnostic d’Agoraphobie sans antécédent de Trouble panique dans une étude épidémiologique, ont été réévalués par des cliniciens utilisant des inventaires d’entretiens standardisés. La majorité d’entre eux avaient des Phobies spécifiques et non une Agoraphobie.

Évolution

Relativement peu de choses sont connues concernant l’évolution de l’Agoraphobie sansantécédent de Trouble panique. Des données anecdotiques suggèrent la persistance de certains cas durant des années et leur association avec une gêne considérable.

 

Critères diagnostiques

A. Présence d’Agoraphobie  liée à la peur de développer des
symptômes de type panique (p. ex., vertiges ou diarrhée).
B. N’a jamais satisfait aux critères du Trouble panique
C. La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une
substance (p. ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament)
ou d’une affection médicale générale (p. ex., hyperthyroïdie).
D. Si une affection médicale générale associée est présente, la peur
décrite dans le critère A est manifestement excessive par rapport à
celle habituellement associée à cette affection.

 

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