PHOBIE : peur de l’avion, du sang, des araignées, des insectes, des piqures…

Phobie

La phobie est une anxiété à l’exposition d’un objet, d’une situation spécifique (être en société)…

Phobie des piqures

Article rédigé avec le DSM

Phobie spécifique

La Phobie spécifique est caractérisée par une anxiété cliniquement significative, provoquée par l’exposition à un objet ou une situation spécifique redoutés, conduisant souvent à un comportement d’évitement.

Caractéristiques

La caractéristique essentielle de la Phobie spécifique est une peur marquée et persistante d’objets ou de situations objectivement visibles et circonscrits (Critère A).

L’exposition au stimulus phobogène provoque presque invariablement une réponse anxieuse immédiate (Critère B). Cette réponse peut prendre la forme d’une Attaque de panique situationnellement liée ou facilitée par les situations .

Bien que les adolescents et les adultes ayant ce trouble reconnaissent que leur peur est excessive ou irraisonnable (Critère C), cela peut ne pas être le cas chez les enfants.

Le plus souvent, le stimulus phobogène est évité bien que parfois le sujet ait à l’endurer avec une grande souffrance (Critère D).

Le diagnostic est approprié uniquement si l’évitement, la peur ou l’anticipation anxieuse d’être confronté au stimulus phobogène interfère de manière significative avec les habitudes quotidiennes du sujet, son fonctionnement professionnel, ou sa vie sociale, ou si la personne souffre de manière marquée d’avoir la phobie (Critère E).

Chez les sujets de moins de 18 ans, les symptômes doivent avoir persisté durant au moins six mois avant qu’un diagnostic de Phobie spécifique soit porté (Critère F).

Un autre trouble mental (p. ex., Trouble obsessionnel-compulsif, État stress post-traumatique, Anxiété de séparation, Phobie sociale, Trouble panique avec Agoraphobie ou Agoraphobie avec antécédent de Trouble panique) ne rend pas mieux compte de l’anxiété, des Attaques de panique ou de l’évitement phobique (Critère G).

Le sujet ressent une peur marquée, persistante et excessive ou irraisonnable en présence ou dans l’anticipation d’une confrontation à un objet ou une situation spécifique. La peur peut être centrée sur l’anticipation d’un danger lié à un aspect particulier de l’objet ou de la situation (p. ex., un sujet peut avoir peur des voyages aériens à cause d’une crainte d’un accident, peur des chiens par crainte d’être mordu ou peur de conduire
une voiture par crainte d’être heurté par d’autres véhicules sur la route). Les Phobies spécifiques peuvent également inclure des craintes concernant le fait de le contrôle de soi, de paniquer, d’avoir des manifestations physiques d’anxiété et de peur (telles qu’une augmentation de la fréquence cardiaque ou une sensation de souffle
coupé) et de s’évanouir lors de l’exposition à l’objet redouté. Par exemple, les sujets avant peur du sang et des blessures peuvent également être préoccupés par la possibilité de s’évanouir ; ceux ayant peur des hauteurs peuvent également être préoccupés par le fait d’être pris de vertiges et ceux ayant peur des endroits clos peuvent également être préoccupés par l’idée de perdre leur contrôle et de crier. Ces préoccupations peuvent être particulièrement importantes dans la Phobie spécifique de type situationnel.
L’anxiété est de manière presque invariable ressentie immédiatement lors de la confrontation aux stimulus phobogène (p. ex., une personne ayant une Phobie spécifique des chats aura presque invariablement une réponse anxieuse immédiate lorsqu’elle est obligée de se confronter à un chat). Le niveau d’anxiété Ou de peur varie habituellement
en fonction à la fois avec le degré de proximité du stimulus phobogène (p. ex., la peur s’intensifie au fur et à mesure que le chat se rapproche et diminue lorsque le chat s’éloigne) et avec la limitation pour échapper au stimulus phobogène (p. ex., la peur s’intensifie lorsque l’ascenseur est sur le point d’être à égale distance entre les étages et diminue lorsque les portes s’ouvrent à l’étage suivant). Cependant, l’intensité de la peur n’est pas toujours liée de manière prévisible au stimulus phobogène (p. ex., une personne effrayée par les hauteurs peut éprouver différents degrés d’inquiétude lorsqu’elle traverse le même pont en différentes occasions). Parfois, des Attaques de panique caractérisées sont éprouvées en réponse au stimulus phobogène, en particulier lorsque le sujet doit demeurer dans la situation ou pense que le fait de s’échapper sera impossible. De manière occasionnelle, les Attaques de panique sont retardées et ne surviennent pas immédiatement à la suite de la confrontation au stimulus phobogène. Ceci arrive plus fréquemment dans la Phobie spécifique de type situationnel. Dans la mesure où une anxiété anticipatoire marquée survient si la personne est amenée à affronter la situation phobogène, de telles situations sont habituellement évitées. De façon moins courante, la personne peut se forcer à supporter la situation phobogène mais celle-ci est alors vécue avec une anxiété intense.
Les adultes ayant ce trouble reconnaissent que la phobie est excessive ou irraisonnable.
Chez un individu qui évite un ascenseur du fait de la conviction que celui- ci a été saboté et qui ne reconnaît pas que cette peur est excessive ou irraisonnable, le diagnostic serait celui de Trouble délirant au lieu de Phobie spécifique. De plus, lediagnostic ne doit pas être fait si la peur est raisonnable compte tenu du contexte des
stimulus (p. ex., peur d’être tué dans un terrain de chasse ou dans un voisinage dangereux).
La conscience de la nature excessive ou irraisonnable de la peur tend à augmenter avec l’âge et n’est pas nécessaire pour faire le diagnostic chez les enfants.
Les peurs de situations ou d’objets circonscrits sont très communes, particulièrement chez les enfants, mais dans de nombreux cas le degré de gêne n’est pas suffisant pour justifier un diagnostic. Si la phobie n’interfère pas de manière significative avec le fonctionnement du sujet ou ne cause pas une souffrance marquée, le diagnostic n’est
pas fait. Par exemple, une personne qui est effrayée par des serpents au point d’éprouver une peur intense en présence de serpents ne recevra pas un diagnostic de Phobie spécifique si elle vit dans une zone dépourvue de serpents, si elle n’est pas limitée dans ses activités par la peur des serpents et si elle n’a pas de souffrance liée à la peur des serpents.

 

Caractéristiques et troubles associés

La Phobie spécifique peut entraîner une limitation du mode de vie ou une interférence avec certaines occupations
en fonction du type de phobie. Par exemple, une promotion professionnelle peut être compromise du fait de l’évitement des voyages aériens et des activités sociales peuvent être limitées par peur des endroits encombrés ou clos. Les Phobies spécifiques surviennent fréquemment de façon concomitante avec d’autres Troubles anxieux, Troubles de l’humeur et Troubles liés à l’utilisation d’une substance. Par exemple, en population générale, les taux de co-occurrence avec les autres troubles sont de 90 à 80 % et ces taux peuvent être supérieurs chez les sujets ayant des Phobies spécifiques à début précoce.
En population clinique, la comorbidité entre les Phobies spécifiques et les autres troubles est très fréquente. Toutefois, les Phobies spécifiques sont rarement au centre (lu tableau clinique. La Phobie spécifique est habituellement associée avec moins de souffrance ou moins d’interférence sur le plan du fonctionnement que le diagnostic principal comorbide. En général, 12 à 30 % seulement des sujets ayant une Phobie spécifique cherchent de l’aide auprès de professionnels de la santé. En l’absence d’autres diagnostics, la recherche d’aide auprès de professionnels de la santé est plus probable pour les phobies associées à une plus grande interférence sur le plan fonctionnel (p. ex., phobies d’objets ou de situations qui sont fréquemment rencontrées), les phobies multiples et les Attaques de panique dans le contexte phobique. En revanche, les sujets ayant des peurs irrationnelles du sang, des accidents, des gestes médicaux et des lieux de soins peuvent être moins susceptibles de chercher de l’aide pour leurs phobies.

Examens complémentaires et affections médicales générales associées.

Une réponse vaso-vagale avec évanouissement est caractéristique de la Phobie spécifique de type sang — injection — accident ; environ 75 % de ces sujets rapportent un antécédentd’évanouissement dans ces situations. La réponse physiologique est caractérisée par une accélération initiale brève de la fréquence cardiaque et une augmentation de la pression artérielle suivie par une décélération de celle-ci et une chute de la pression artérielle qui contraste avec l’accélération de la fréquence cardiaque et l’augmentation de la pression artérielle, habituelles dans les autres Phobies spécifiques. Certaines affections médicales générales peuvent être exacerbées à la suite d’un évitement phobique.
Par exemple, des Phobies spécifiques, de type sang — injection — accident, peuvent avoir des effets délétères sur la santé dentaire ou physique car le sujet peut éviter d’avoir recours aux soins médicaux nécessaires. De manière similaire, des peurs d’étouffement peuvent avoir un effet délétère sur la santé lorsque l’alimentation est limitée
aux substances qui sont faciles à avaler ou lorsque un traitement médicamenteux par voie orale est évité.

Caractéristiques liées à la culture, à l’âge et au sexe

Le contenu des phobies ainsi que leur prévalence varient avec la culture et le groupe ethnique. Par exemple, des peurs de la magie ou des esprits sont présentes dans de nombreuses cultures. Elles doivent être considérées comme une Phobie spécifique uniquement si la peur est excessive dans le contexte de cette culture et entraîne une gêne
ou une souffrance significative. Les phobies spécifiques sont peut-être plus fréquentes dans les couches socio-économiques inférieures mais les données sont incertaines.
Chez les enfants, l’anxiété peut s’exprimer par des pleurs, des accès de colère, des réactions de figement ou d’agrippement. Les enfants ne reconnaissent souvent pas que les peurs sont excessives ou irraisonnables et rapportent rarement une souffrance liée au fait d’avoir des phobies. Les peurs des animaux et d’autres éléments de l’environnement naturel sont particulièrement communes et sont habituellement transitoires durant l’enfance. Un diagnostic de Phobie spécifique n’est pas requis sauf si les peurs entraînent une gêne cliniquement significative (p. ex., ne pas vouloir aller à l’école, peur de rencontrer un chien dans la rue).
Globalement, le ratio femme/homme ayant des Phobies spécifiques est de l’ordre de 2/1, même chez les personnes âgées. Toutefois, la répartition selon le sexe varie selon les différents types de Phobies spécifiques. Environ 75 à 90 % des sujets avec les sous-types animal et environnement naturel sont des femmes (sauf pour la peur des
hauteurs où le pourcentage rie femmes est de 55 à 70 %). De manière similaire, environ 75 à 90 % des sujets avec une phobie de type situationnel sont des femmes. Environ 55 à 70 % des sujets avec une phobie de type sang injection accident sont des femmes.

Prévalence

Bien que les phobies soient communes dans la population générale, elles entraînent rarement une gêne ou une souffrance suffisante pour justifier un diagnostic de Phobie spécifique. La prévalence rapportée peut varier en fonction du seuil utilisé pour déterminer la gêne ou la souffrance et le nombre de types de phobies envisagés. Dans les échantillons de la population générale, le taux de prévalence ponctuelle va de 4 à 8,8 % et les taux de prévalence vie entière vont de 7,2 à 11,3 (X,. Les taux de prévalence diminuent chez les personnes âgées. De même, les estimations de prévalence varient en fonction du type de Phobies spécifiques.

Évolution

Les facteurs prédisposants au début des Phobies spécifiques incluent des événements traumatiques (tel le fait d’être attaqué par un animal ou enfermé dans un placard), des attaques de panique inattendues dans la situation qui va être redoutée, l’observation d’autres personnes subissant un traumatisme ou manifestant une crainte (tel le fait d’observer d’autres sujets chuter d’une hauteur ou d’être effrayé en présence de certains animaux) ainsi que certaines transmissions d’informations (p. ex., des mises en garde parentales répétées concernant les dangers de certains animaux ou la couverture médiatique des accidents d’avion). Les situations OU les objets redoutés ont
tendance à comporter des éléments qui peuvent effectivement représenter une menace ou ont représenté une menace, à un certain moment de l’évolution de l’humanité. Les phobies qui résultent d’événements traumatiques ou d’Attaques de panique inattendues ont tendance à avoir un développement particulièrement aigu. Les phobies d’origine traumatique n’ont pas un âge de début caractéristique (p. ex., la peur d’étouffer qui suit habituellement un incident avec sensation d’étouffement ou proche de l’étouffement peut se développer presque à n’importe quel âge). Les Phobies spécifiques de l’adolescence augmentent les probabilités de la persistance de la Phobie spécifique ou bien du développement de phobies spécifiques supplémentaires à l’âge d’adulte jeune mais elles ne sont pas prédictives du développement d’autres troubles.
Pour les phobies qui persistent durant la vie adulte, les rémissions sont très peu fréquentes (environ 20 % des cas).

Aspects familiaux

Le risque de Phobies spécifiques est plus grand chez les membres de famille de sujets présentant des Phobies spécifiques. De même, il existe des données suggérant la possibilité de l’existence d’une agrégation par type de phobie au sein des familles (p. ex., les apparentés biologiques de premier degré de sujets ayant des Phobies spécifiques de type animal ont plus souvent des phobies des animaux, mais ne concernant pas
nécessairement le même animal et les apparentés biologiques de premier degré de personnes ayant des Phobies spécifiques de type situationnel ont plus de risque d’avoir des phobies de situation). Les peurs du sang et des accidents ont un fort caractère familial.

 

Critères diagnostiques

A. Peur persistante et intense à caractère irraisonné ou bien excessive,
déclenchée par la présence ou l’anticipation de la confrontation à un
objet ou une situation spécifique (p. ex., prendre l’avion, les hauteurs,
les animaux, avoir une injection, voir du sang).
B. L’exposition au stimulus phobogène provoque de façon quasi systématique
une réaction anxieuse immédiate qui peut prendre la forme
d’une Attaque de panique liée à la situation ou facilitée par la situation.
N.-B. : Chez les enfants, l’anxiété peut s’exprimer par des pleurs,
des accès de colère, des réactions de figement ou d’agrippement.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irrationnel de la peur.
N.-B. : Chez l’enfant, ce caractère peut être absent.
D. La (les) situation(s) phobogène(s) est (sont) évitée(s) ou vécue(s)
avec une anxiété ou une détresse intense.
E. L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance de la (les) situation(
s) redoutée(s) perturbent, de façon importante les habitudes de
l’individu, ses activités professionnelles (ou scolaires) ou bien ses activités
sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette
phobie s’accompagne d’un sentiment de souffrance important.
F. Chez les individus de moins de 18 ans, la durée est d’au moins
6 mois.
G. L’anxiété, les Attaques de panique ou l’évitement phobique associé à
l’ objet ou à la situation spécifique ne sont pas mieux expliqués par
un autre trouble mental tel un Trouble obsessionnel-compulsif
(p. ex., lors de l’exposition à la saleté chez quelqu’un ayant une obsession
de la contamination), un État de stress post-traumatique (p. ex.,
en réponse à des stimulus associés à un facteur de stress sévère), un
Trouble anxiété de séparation (p. ex., évitement scolaire), une Phobie
sociale (p. ex., évitement des situations sociales par peur d’être
embarrassé), un Trouble panique avec agoraphobie ou une Agoraphobie
sans antécédents de trouble panique.
Spécifier le type :
Type animal
Type environnement naturel (p. ex., hauteurs, tonnerre, eau)
Type sang-injection-accident
Type situationnel (p. ex., avions, ascenseurs, endroits clos)
Autre type (p.ex., peur de s’étouffer, de vomir ou de contracter une
maladie ; chez les enfants, évitement des bruits forts ou des personnages
costumés)

  • Type animal

Ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par les animaux ou les insectes. Ce sous-type a généralement un début dans l’enfance.

  • Type environnement naturel

Ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par des éléments de l’environnement naturel tels les orages, les hauteurs ou l’eau. Ce sous-type a généralement un début dans l’enfance.

  • Type sang, injection, accident

Ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par le fait (le voir du sang ou un accident ou d’avoir une injection ou toute autre procédure médicale invasive. Ce sous-type est hautement familial et est souvent caractérisé par une réponse vaso-vagale intense.

  • Type situationnel

Ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par une situation spécifique tels les transports publics, les tunnels, les ponts, les ascenseurs, les voyages aériens, le fait de conduire une voiture ou les endroits
clos. Ce sous-type a une distribution bimodale d’âge de début avec un pic dans l’ enfance et un autre pic entre 20 et 30 ans. Ce sous-type semble être identique au Trouble panique avec Agoraphobie en ce qui concerne sa répartition selon le sexe, ses modalités d’agrégation familiale et son âge de début caractéristiques.

Autre type : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par d’autres stimulus. Ces stimulus peuvent comprendre la peur de s’étouffer, de vomir oude contracter une maladie ; la « phobie de l’espace » (c.-à-d. le sujet craint de tomber s’il est loin de murs ou d’autres moyens de support physique) et les peurs qu’ont les enfants concernant les bruits forts ou les personnages déguisés.

 

Les études en population générale montrent une tendance légèrement différente : les phobies des hauteurs, des araignées, des souris et des insectes étant les plus fréquentes et les phobies des autres animaux et des autres
éléments de l’environnement naturel, tels que les orages, le tonnerre et la foudre étant les moins fréquentes. Les phobies des situations dans lesquelles on est enfermé (une Phobie de type situationnel) peuvent être plus fréquentes chez les sujets âgés. Dans de nombreux cas, plus d’un sous-type de Phobie spécifique est présent. Le fait d’avoir une phobie d’un sous-type spécifique tend à augmenter la probabilité d’avoir une autre phobie soit du même sous-type (p. ex., peur des chats et des serpents).

Phobie sociale

La Phobie sociale est caractérisée par une anxiété cliniquement significative provoquée par l’exposition à un certain type de situations sociales ou de situations de performance, conduisant souvent à un comportement d’évitement.

Caractéristiques

La caractéristique essentielle de la Phobie sociale est une peur marquée et persistante des situations sociales ou de performance dans lesquelles un sentiment de gêne peut survenir (Critère A).

L’exposition à la situation sociale ou de performance provoque presque invariablement une réponse anxieuse immédiate (Critère B).
Cette réponse peut prendre la forme d’une Attaque de panique situationnellement liée ou favorisée
par des situations .

Alors que les adolescents et les adultes ayant ce trouble reconnaissent le caractère excessif ou irraisonnable de leur peur (Critère C), cela peut ne pas être le cas chez les enfants. Le plus souvent, la situation sociale ou de performance est évitée bien qu’elle soit parfois vécue avec une souffrance intense (Critère D).

Le diagnostic n’est justifié que si l’évitement, la peur ou l’anticipation anxieuse vis-à-vis de la situation sociale ou de performance interfère de manière significative avec les habitudes de l’individu, les activités professionnelles ou la vie sociale ou si le sujet ressent une souffrance marquée liée à la phobie (Critère E).

Chez les sujets de moins de 18 ans, les symptômes doivent avoir persisté durant au moins six mois avant qu’un diagnosticde Phobie sociale soit porté (Critère F).

La peur ou l’évitement n’est pas dû aux effets physiologiques directs d’une substance ou d’une affection médicale générale et n’est pas mieux expliquée par un autre trouble mental (p. ex., Trouble panique, Anxiété de séparation, Peur d’une dysmorphie corporelle, Trouble envahissant du développement, Personnalité schizoïde) (Critère G).

Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent (p. ex., Bégaiement, Maladie de Parkinson, Anorexie mentale), la peur ou l’évitement n’est pas limité à la crainte de leur impact social
(Critère H).

Dans les situations sociales ou de performance redoutées, les sujets ayant une Phobie sociale sont préoccupés par leur gêne et craignent qu’autrui ne les juge anxieux, faibles, « fous » ou stupides. Ils peuvent avoir peur de parler en public par crainte que les autres ne remarquent que leurs mains ou leur voix tremblent ou bien en raison de l’anxiété extrême à l’idée de passer pour quelqu’un incapable de s’exprimer dans une conversation. Ils peuvent éviter de manger, de boire ou d’écrire en public par crainte que les autres ne voient leurs mains trembler. Les individus ayant une Phobie sociale éprouvent presque toujours des symptômes d’anxiété (p. ex., palpitations, tremblements, transpiration, gêne gastro-intestinale, diarrhée, tension musculaire, rougissement, confusion) clans la situation sociale redoutée et, dans les cas sévères, ces symptômes peuvent remplir les critères d’une Attaque de panique. Le fait de rougir peut être plus typique de la Phobie sociale.
Les adultes ayant une Phobie sociale reconnaissent que leur peur est excessive ou irraisonnable, alors que cela n’est pas toujours le cas chez les enfants. Par exemple, chez un sujet évitant de manger en public par conviction d’être observé(e) par la police et ne reconnaissant pas que cette peur est excessive ou irraisonnable, le diagnostic serait rouble délirant plutôt que Phobie sociale. De plus, le diagnostic ne doit pas être fait
si la peur est raisonnable compte tenu du contexte des stimulus (p. ex., peur d’être appelé en classe lorsque l’on n’est pas préparé).
La personne ayant une Phobie sociale évitera habituellement les situations redoutées.
Moins souvent, la personne se contraint à supporter la situation sociale ou de performance mais la vit avec une intense anxiété. Une anxiété anticipatoire marquée peut également survenir bien longtemps avant la confrontation aux situations sociales ou publiques (p. ex., des préoccupations quotidiennes durant plusieurs semaines avant
de participer à un événement social). 11 peut y avoir un cercle vicieux d’anticipation anxieuse conduisant à des cognitions de peur et des symptômes anxieux clans les situations redoutées qui conduisent à une mauvaise performance effective ou perçue comme telle clans les situations redoutées, ce qui conduit à une gêne et à une augmentation de l’anxiété anticipatoire par rapport aux situations redoutées et ainsi de suite.
La peur ou l’évitement doit interférer de manière significative avec les habitudes du sujet, ses activités professionnelles ou scolaires ou ses activités sociales ou relationnelles ou bien le sujet doit ressentir une souffrance marquée à l’idée d’avoir la phobie.
Par exemple, un sujet qui a peur de parler en public ne recevra pas un diagnostic de Phobie sociale s’il n’est pas confronté à cette activité de manière habituelle au niveau de son travail ou dans une classe et qu’il ne souffre pas particulièrement de cette phobie. Les peurs d’être gêné dans les situations sociales sont communes mais habituellement le degré de souffrance ou de gène est insuffisant pour justifier un diagnostic de Phobie sociale. Une anxiété ou un évitement social transitoire est particulièrement commun dans l’enfance et l’adolescence (p. ex., une jeune fille adolescente peut éviter de manger face à des garçons pendant une courte période, puis reprendre son comportementhabituel). Chez les jeunes de moins de 18 ans, seuls les symptômes qui persistent durant au moins six mois peuvent être pris en compte pour le diagnostic de Phobie sociale.

 

Caractéristiques et troubles associés

Les caractéristiques habituellement associées à la Phobie sociale comprennent une hypersensibilité à la critique, à
une évaluation négative ou au rejet, une difficulté à manifester de l’assurance et une faible estime de soi ou des sentiments (l’infériorité. Les sujets ayant une Phobie sociale craignent également souvent une évaluation indirecte par les autres tel que passer un examen. Ils peuvent manifester de mauvaises compétences sociales (p. ex., un mauvais contact visuel), ou des signes observables d’anxiété (p. ex., des mains froides et humides, des tremblements et la voix mal assurée). Souvent, les sujets avant une Phobie sociale n’obtiennent pas des résultats scolaires conformes à leurs capacités en raison d’une anxiété liée aux examens ou à cause de leur évitement à participer en classe. Ils peuvent ne pas obtenir des résultats en rapport avec leurs possibilités dans leur travail
du fait d’une anxiété ou d’un évitement lorsqu’ils doivent parler dans un groupe, en public, ou aux figures d’autorité et aux collègues. Les personnes ayant une Phobie sociale ont souvent des réseaux de soutien social réduits, ils sont moins enclins à se marier. Dans les cas les plus sévères, les sujets peuvent abandonner leurs études, êtresans emploi et ne pas chercher de travail du fait de difficultés lors des entretiens d’embauche, être sans amis ou bien se raccrocher à des relations peu satisfaisantes, s’abstenir complètement de sortir avec une fille (garçon) ou rester dans leur famille d’origine. Par ailleurs, la Phobie sociale peut être associée à une idéation suicidaire, particulièrement quand des diagnostics comorbides sont présents.
La Phobie sociale peut être associée à d’autres Troubles anxieux, aux Troubles de l’ humeur, aux Troubles liés à une substance et à la Boulimie et précède habituellement ces troubles. Dans les populations cliniques, les sujets ayant une Phobie sociale généralisée présentent souvent une Personnalité évitante.

Examens complémentaires.

Pour l’instant, il n’existe pas d’examen complémentaire permettant de faire le diagnostic de Phobie sociale ni suffisamment d’éléments justifiant l’utilisation d’examens complémentaires (p. ex., perfusion de lactate, inhalation de CO,) permettant de différencier la Phobie sociale des autres Troubles anxieux (p. ex., Trouble panique).

 

Caractéristiques liées à la culture, à l’âge et au sexe

La présentation clinique et la gêne qui en résulte peuvent différer selon les cultures en fonction des exigences sociales. Dans certaines cultures (p. ex., Japon et Corée), les sujets ayant une Phobie sociale peuvent développer des peurs persistantes et excessives d’offenser les autres dans les situations sociales plutôt que la peur d’être gênés. Ces peurs peuvent prendre la forme d’une crainte extrême que le fait de rougir, de regarder quelqu’un dans les yeux, ou que sa propre odeur corporelle soit une offense pour les autres (taijin kyofusho au Japon).
Chez les enfants, le trouble peut s’accompagner de pleurs, d’accès de colère, de réactions de figement ou d’agrippement ou du fait de rester très proche d’une personne familière et d’interactions inhibées pouvant aller jusqu’au mutisme. Les jeunes enfants peuvent sembler excessivement timides dans les environnements sociaux non
familiers, avoir des mouvements de recul dans les contacts avec les autres, refuser de participer à des jeux de groupe, demeurer typiquement à la périphérie des activités sociales et tenter de rester très proche des adultes familiers. A la différence des adultes, les enfants ayant une Phobie sociale n’ont pas habituellement la possibilité d’éviter les situations redoutées et peuvent être incapables d’identifier la nature de leur anxiété. Il
peut exister une diminution des performances scolaires, un refus scolaire ou un évitement des activités sociales correspondant à l’âge du sujet et au fait de sortir avec une fille (ou un garçon). Pour faire le diagnostic chez les enfants, des éléments doivent témoigner d’une capacité aux relations sociales avec les gens familiers et l’anxiété sociale doit survenir dans l’interaction avec ses pairs et non uniquement avec les adultes. Du fait du début précoce du trouble et de son évolution chronique, l’altération du fonctionnement chez les enfants tend à prendre la forme d’un échec à l’accession au niveau attendu de fonctionnement plutôt qu’une diminution par rapport à un niveau optimal de fonctionnement. Par comparaison, lorsque le début survient à l’adolescence, le trouble peut conduire à des diminutions des performances sociales et scolaires.
Les études épidémiologiques réalisées dans la population générale suggèrent que la Phobie sociale est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Dans la plupart des populations cliniques cependant, les sexes sont représentés de manière égale ou bien la majorité des sujets sont des hommes.

Prévalence

Les études épidémiologiques réalisées dans la population générale font état d’une prévalence sur la vie de la Phobie sociale variant de 3 à 13 %. La prévalence rapportée peut varier en fonction du seuil utilisé pour déterminer la souffrance ou la gêne et du nombre de types de situations sociales passées en revue de manière spécifique. Dans une étude, 20 % des sujets ont fait état d’une peur excessive de parler en public et d’une
peur de performance en public, mais seuls environ 2 % semblaient ressentir suffisamment de gêne ou de souffrance pour justifier un diagnostic de Phobie sociale. Dans la population générale, la plupart des sujets ayant une Phobie sociale ont peur de parler en public alors qu’un peu moins de la moitié ont peur de parler à des inconnus ou de
rencontrer de nouvelles personnes. D’autres peurs de performance (p. ex., manger, boire ou écrire en public ou utiliser des toilettes publiques) semblent être moins fréquentes.
Dans les services cliniques, la grande majorité des personnes ayant une Phobie sociale ont peur de plus d’un type de situations sociales. La Phobie sociale constitue rarement le motif d’une hospitalisation. Dans les consultations ambulatoires, les taux de Phobie sociale vont de 10 à 20 % des sujets ayant des Troubles anxieux mais ces taux varient largement d’un endroit à l’autre.

Évolution

La Phobie sociale a typiquement un début entre 10 et 20 ans faisant parfois suite à une inhibition sociale ou une timidité de l’enfance. Certains sujets font état d’un début très tôt dans l’enfance. Le début peut suivre de manière abrupte une expérience stressante ou humiliante ou bien peut être insidieux. L’évolution de la Phobie sociale se fait souvent sur un mode continu. Elle dure fréquemment toute la vie bien que la sévérité du trouble puisse s’atténuer ou qu’il puisse y avoir une rémission au cours de la vie adulte. La sévérité de la gêne peut fluctuer en fonction des facteurs de stress et des exigences de la vie. Par exemple, la Phobie sociale peut diminuer après qu’une personne ayant peur des rendez-vous se marie et elle peut réapparaître après la mort du
conjoint. Une promotion professionnelle à un poste nécessitant le fait de parler en public peut révéler une Phobie sociale chez quelqu’un qui, auparavant, n’avait jamais eu besoin de parler en public.

Aspects familiaux

La Phobie sociale semble survenir plus fréquemment parmi les apparentés biologiques de premier degré des sujets qui ont ce trouble que dans la population générale. Ceci est d’autant plus vrai dans la Phobie sociale généralisée.

 

Critères diagnostiques

A. Une peur persistante et intense d’une ou plusieurs situations sociales
ou bien de situations de performance durant lesquelles le sujet est
en contact avec des gens non familiers ou bien peut être exposé à
l’éventuelle observation attentive d’autrui. Le sujet craint d’agir (ou
de montrer des symptômes anxieux) de façon embarrassante ou
humiliante. N.-B. : Chez les enfants, on doit retrouver des éléments
montrant la capacité d’avoir des relations sociales avec des gens familiers
en rapport avec l’âge et l’anxiété doit survenir en présence
d’autres enfants et pas uniquement dans les relations avec les adultes.
B. L’exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi
systématique une anxiété qui peut prendre la forme d’une Attaque
de panique liée à la situation ou bien facilitée par la situation.
N.-B. : Chez les enfants, l’anxiété peut s’exprimer par des pleurs, des
accès de colère, des réactions de figement ou de retrait dans les situations
sociales impliquant des gens non familiers.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la peur.
N.-B. : Chez l’enfant, ce caractère peut être absent.
D. Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec
une anxiété et une détresse intenses.
E. L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les)
situation(s) redoutée(s) sociale(s) ou de performance perturbent, de
façon importante, les habitudes de l’individu, ses activités professionnelles
(scolaires), ou bien ses activités sociales ou ses relations avec
autrui, ou bien le fait d’avoir cette phobie s’accompagne d’un sentiment
de souffrance important.
F. Chez les individus de moins de 18 ans, la durée est d’au moins 6 mois.
G. La peur ou le comportement d’évitement n’est pas lié aux effets physiologiques
directs d’une substance (p.ex., une substance donnant
lieu à abus, ou un médicament) ni à une affection médicale générale
et n’est pas mieux expliqué par un autre trouble mental (p.ex.,
Trouble panique avec ou sans agoraphobie, Trouble anxiété de séparation,
Peur d’une dysmorphie corporelle, Trouble envahissant du
développement ou Personnalité schizoïde).
H. Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent,
la peur décrite en A est indépendante de ces troubles ; par
exemple, le sujet ne redoute pas de bégayer, de trembler dans le cas
d’une maladie de Parkinson ou de révéler un comportement alimentaire
anormal dans l’Anorexie mentale (Anorexia nervosa) ou la
Boulimie (Bulimia nervosa).

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