LEVRES SECHES OU CHEILITE : la chéilite, causes et traitement des lèvres gercées

Levres seches ou gercées

Il est fréquent de souffrir de sécheresse des lèvres. Son nom scientifique est chéilite (inflammation des lèvres)

lèvres sèches
Lèvres sèches et irritées

Les levres sont tres particulieres puisque le tissu qui compose le vermillon (la partie rouge des levres) a une texture mixte situee entre celle de la peau et celle d’une muqueuse. Les levres sont la seule zone du visage ayant cette caractéristique, ce qui rend les levres plus sensible aux agressions.

Causes

On distingue les chéilites de cause externe et de cause interne.

1. Causes externes

1.1 – CHÉILITES CLIMATIQUES

Le froid et le vent peuvent causer l’assèchement et l’écaillage des lèvres, ainsi que des gerçures. Ces blessures peuvent être aggravées par le fait de se lécher souvent les lèvres ou par une infection bactérienne ou fongique. Appliquer fréquemment un baume gras sans ingrédients allergènes (tel que le baume du Pérou qu’il faut éviter) et arrêter de se lécher les lèvres peut souvent améliorer ce type de lésion des lèvres en quelques jours. En cas de crevasses persistantes, malgré le traitement, il est recommandé de faire un test d’infection bactérienne ou fongique. Si l’infection est présente, un traitement local avec un antibiotique (mupirocine) ou un antifongique peut être nécessaire. Dans certains cas, seul un traitement général peut être efficace, mais parfois, seule l’excision chirurgicale d’une fissure chronique avec des bords hyperkératosiques permet sa guérison. Il est conseillé d’utiliser un baume labial plutôt qu’un stick pour prévenir ce type de lésion pendant les périodes froides.

1.2 – CHÉILITES ACTINIQUES : Lèvre inférieure++

1.2.1 Chéilite actinique aigüe

Elle atteint principalement la lèvre inférieure, après une exposition intense aux rayonnements ultraviolets. La lèvre inférieure est gonflée, rouge et douloureuse, voire vésiculo-bulleuse puis érosive et croûteuse. Les dermatoses photosensibilisantes (photodermatose type lupus, photosensibilisation médicamenteuse notamment voriconazole) sont des facteurs favorisants. Le traitement est symptomatique (émollients, baume labial, photoprotection en cas de dermatose photosensibilisante).

1.2.2 Chéilite actinique chronique

La chéilite actinique chronique est une lésion des lèvres causée par l’exposition chronique au soleil, qui touche principalement les hommes de plus de 50 ans ayant une peau claire. Elle se manifeste par une desquamation chronique résistante aux émollients, parfois accompagnée de croûtes et de fissures, ou par une atrophie générale de la semi-muqueuse avec des zones pâles à reflet grisâtre. Le vermillon (partie rouge des lèvres) peut également être blanchâtre et irrégulier, avec un contour mal défini. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la chéilite actinique chronique est une « affection potentiellement maligne », car l’épithélium peut comporter des altérations précancéreuses (dysplasies légères à sévères). Il est donc recommandé de faire une biopsie de manière systématique pour rechercher ces dysplasies et éventuellement un carcinome épidermoïde. Le risque de développer un carcinome épidermoïde est difficile à évaluer et varie selon les sources. En cas de lésion ulcérée, infiltrée ou de fissure chronique, il est impératif de faire une ou plusieurs biopsies.

Le traitement de la chéilite actinique chronique vise à prévenir l’évolution vers un carcinome épidermoïde. Outre la vermillonectomie (excision chirurgicale de la semi-muqueuse suivie d’une réparation par avancement de la muqueuse endo-labiale), plusieurs techniques peuvent être utilisées : la vaporisation au laser CO2, l’électrocoagulation, la cryothérapie et l’application de médicaments topiques.

  • La vermillonectomie est une méthode radicale qui permet un contrôle histologique de l’ensemble de la pièce opératoire, mais peut entraîner des complications (hématomes, désunion, perte du contour naturel des lèvres, paresthésies de la lèvre) et un risque de récidive.
  • La vaporisation au laser CO2 a un taux de récidive faible (environ 10%), mais le traitement doit être suffisamment profond pour éviter toute récidive.
  • L’électrocoagulation est une technique rapide et peu coûteuse, mais peut entraîner des cicatrices et une récidive fréquente.
  • La cryothérapie (vaporisation d’azote liquide sur le vermillon) permet une destruction localisée de la lésion par cristallisation puis nécrose. Elle est simple, peu coûteuse et elle peut être utilisé pour un traitement focal de lésions superficielles ;
  • le 5-fluoro-uracile (5 FU) topique est un analogue des bases pyrimidiques qui exerce un effet anti-néoplasique par inhibition préférentielle de la synthèse d’ADN dans les cellules tumorales. Son indication reste méthodologiquement non évaluée.
  • l’imiquimod est un agoniste du TLR7, dont l’application entraîne une réaction pro-inflammatoire et anti-tumorale locale. Son utilisation (3 ou 5 jours/semaine, pendant 4 à 6 semaines) permettait une guérison clinique dans 70% des cas.
  • la photothérapie dynamique repose sur l’utilisation combinée d’une substance photosensibilisante et d’une irradiation lumineuse, déclenchant une réaction photodynamique à l’origine d’un stress oxydatif entraînant la mort cellulaire. L’utilisation de la photothérapie dynamique dans le traitement des chéilites actiniques a été évaluée dans plusieurs études avec divers photosensibilisants (acide aminolévulinique, ALA ou (aminolévulinate de méthyle, MAL), parfois en lumière de jour, avec divers protocoles (1 à 6 séances). La photothérapie dynamique semble moins efficace que d’autres traitements destructeurs non chirurgicaux ;
  • le diclofenac (utilisé à 2.5%) a été évalué selon différents schémas (1 à 3 applications par jour, durée 1 à 6 mois) semblant de faible efficacité

En conclusion, la chirurgie et le laser CO2 sont les techniques permettant le taux de guérisons les plus élevés. L’efficacité des traitements médicaux semble moindre (5FU > imiquimod > PDT) avec davantage de récidives.

1.3 – CHÉILITES ALLERGIQUES : eczema des levres

L’eczéma des lèvres est fréquent, il peut être aigu ou chronique.

1.3.1 Aigu

L’eczema aigu donne des lésions rouges, gonflées, vésiculeuses, puis croûteuses, qui démangent, débordant sur le versant cutané des lèvres et parfois à distance.

1.3.2 Chronique

L’eczema chronique des levre est sec, squameux et rouge, voire fissuraire ; les démangeaisons peuvent être modérées ou absentes.

1.3.3 Traitement de l’eczema des levres

Le traitement comprend l’éviction de l’allergène responsable tel que les crèmes, sticks et vernis cosmétiques (parfums, colorants, conservateurs, excipients, résines…), les médicaments topiques (antiviraux, antibiotiques…), tous les objets portés à la bouche, certains aliments (parfums, cannelle, menthe, agrumes…), les dentifrices, une prothèse ou des produits d’hygiène bucco-dentaire… et l’application d’un dermocorticoïde  en crème sur des lésions aiguës, en pommade sur des lésions sèches.

Pour en savoir plus voir eczema des levres

 

1.4 – CHÉILITES TRAUMATIQUES

Il existe de nombreuses causes traumatiques :

  • Un tic de léchage, fréquent chez l’enfant, est à l’origine d’une inflammation chronique des bords des lèvres avec une rougeur péri-buccale bien limitée (zone accessible à la langue). Les surinfections candidosique et bactériennes sont fréquentes.
  • Un tic de mordillement ou une anomalie d’occlusion dentaire peut s’accompagner d’une chéilite localisée à la zone surtout sur la lèvre inférieure
  • Les chéilites factices sont des chéilites auto-entretenues, correspondant à une pathomimie.

1.5 – CHÉILITES CAUSTIQUES

La chéilite caustique est une irritation aiguë des lèvres, voire une brûlure secondaire à l’application locale d’un produit chimique, la lèvre atteinte est rouge et inflammatoire, parfois bulleuse ou nécrotique.

2 – Causes internes

2.1 – CHÉILITE ATOPIQUE

Chez les personnes ayant des antécédents d’eczema atopique, il est fréquent d’observer une chéilite  rouge et squameuse avec fissuration, chronique, améliorée par les dermocorticoïdes gras ou du tacrolimus topique 0,03% en application biquotidienne pendant une à deux semaines, puis prévenue par un topique hydratant et l’évitement du léchage chronique des lèvres.

 

2.2 – CHÉILITES MÉDICAMENTEUSES

Les traitements rétinoïdes (isotrétinoïne, acitrétine, alitrétinoïne) s’accompagnent d’une chéilite sèche, fissuraire et érosive.

 

2.3 – CHÉILITES INFECTIEUSES

2.3.1 Chéilites virales

La cause la plus fréquente est le virus Herpès Simplex, surtout de type 1. c’est le bouton de fièvre ou herpes labial

 

2.3.2 Chéilites bactériennes

Les plus fréquentes sont les infections streptococciques du groupe A ou staphylococciques donnant des croutes jaunes comme du miel.

 

2.3.3 Chéilites mycosiques

La chéilite candidosique se manifeste par une rougeur et un gonflement douloureux des lèvres, parfois fissuraire, accompagnant en général une stomatite aiguë  ou chronique ou une perlèche

 

2.4 – Autres causes plus rares

On peut citer l’érythème polymorphe  ou le syndrome de Stevens-Johnson voire de Lyell : chéilite gonflée, érosive et croûteuse, aigüe, des carences nutritionnelles sévères comme l’avitaminose B2, B12, le scorbut (vitamine C), les carences en fer ou en zinc peuvent se manifester par une chéilite exfoliative. Dans la pellagre (déficit en vitamine PP), le vermillon est brillant et craquelé, parfois érodé. Les chéilites glandulaires sont le fruit d’un remaniement inflammatoire avec tuméfaction des glandes salivaires de la lèvre inférieure, de cause inconnue, probablement multifactorielle (facteurs mécaniques, irritatifs, actiniques, climatiques et génétiques). La chéilite glandulaire simple donne un épaississement modéré de la lèvre inférieure avec turgescence inflammatoire des orifices glandulaires, par lesquels sourd à la pression une gouttelette de salive, peut rarement évoluer en chéilite glandulaire suppurée. Les macrochéilites granulomateuses donnent un gonflement, d’une ou des deux lèvres, intermittent puis permanent. Le diagnostic repose sur la biopsie. Elles peuvent etre idiopathique (macrochéilite granulomateuse de Miescher) ou secondaire à une autre pathologie (sarcoïdose, maladie de Crohn, tuberculose). Le syndrome de Melkersson Rosenthal est un syndrome associant dans sa forme complète, une macrochéilite granulomateuse, une paralysie faciale périphérique, une langue fissuraire. Enfin, le pemphigus peut donner une chéilite érosive

 

Traitement

Si l’on veut avoir de jolies levres durant l’hiver et éviter les levres seches, il est important, outre de diagnostiquer et traiter la cause par le biais d’une consultation avec un dermatologue :

  • D’hydrater et nourrir régulierement les levres au moyen d’un stick a levres par exemple, avant meme que la secheresse des levres ne se manifeste. On preserve ainsi leur role barriere. On peut aussi appliquer de la vaseline le soir au coucher
  • De plus, il est tres important des que l’on sent que les levres sont seches, d’eviter de les lecher car ceci aggrave les choses : le tic de lechage des levres rend les levres encore plus seches.

 

 

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