ROACCUTANE ® ET SUICIDE : dépression et suicide sous Roacutane ®?

Roaccutane ®, risque de dépression  et suicide?

Le Roacutane est un médicament (qui n’existe plus en France, où il a été remplacé par d’autres médicaments appelés Curacné, Contracné, Procuta, Isotretinoine…) permettant le traitement de l’acné sévère, ayant souvent une efficacité remarquable dans cette indication, mais qui fait beaucoup parler de lui en raison notamment des craintes de décompensation psychiatrique et de suicide. Il est ainsi entré dans le language courant et on dit prendre du « Roacutane » quand on prend de l’isotrétinoine. Quels sont les risques psychiatriques du Roaccutane?

Roaccutane

Roacutane ® : y a-t-il un risque de dépression, de suicide?

Depuis sa commercialisation en 1982, une controverse importante existe concernant les liens entre prescription d’isotretinoine et idées suicidaires, voire passage à l’acte suicidaire. En 2004, la Food and Drug Association alerte sur le risque de dépression, de troubles bipolaires, d’agressivité et de psychose et en 2005, l’isotretinoine apparaît dans les médicaments dépressogènes.

Que sait-on aujourd’hui?

Des modifications neurobiologiques

Sur le plan neurobiologique, des modifications fonctionnelles cérébrales telles qu’une dysfonction du striatum, de l’hippocampe et du cortex orbito-frontal (région cérébrale associée à la dépression), des modifications des systèmes dopaminergiques, sérotoninergiques et possiblement noradrénergique, systèmes impliqués dans la genèse des troubles dépressifs, sont notés ainsi qu’un hypométabolisme du cortex orbito-frontal retrouvé à l’imagerie.

Plus de suicide et de dépression sous traitement?

La prise d’isotrétinoine exposerait-elle ainsi à des effets indésirables psychiatriques (syndrome dépressif, décompensation psychiatrique pouvant entrainer des risques de suicide).

Voici des extraits d’un document émis par l’Afssaps en mai 2009 : « En 2008, l’Afssaps a donc réuni un groupe dexperts dermatologues, psychiatriques/pédo-psychiatres et épidémiologistes afin de revoir les données disponibles, notamment les études publiées dans la littérature scientifique. Une seule étude récente montre une augmentation significative des dépressions chez des patients traités par isotrétinoïne orale. Cependant, les méthodes utilisées pour cette étude rendent les
résultats peu fiables. A ce jour, le lien entre la prise d’isotrétinoïne et la survenue de troubles psychiatriques n’est donc pas établi, au niveau d’une population de patients. »

L’acné et l’adolescence provoquent un risque de dépression et de suicide

Il est établi par contre, au vu de ce rapport, que le retentissement psychologique de l’acné est majeur et que « le taux de symptômes dépressifs est statistiquement significativement plus élevé chez les patients acnéiques garçons et filles que chez les non-acnéiques (20 à 51% versus 14 à 20%) »

Enfin, le suicide est une cause de mortalité majeure chez les jeunes puisque toujours selon le rapport de l’Afssaps : « l’incidence des décès par suicide est de 7,6 pour 100 000 habitants pour les 15-24 ans et de 16,4 pour 100 000 habitants pour les 25-34 ans. Le suicide représente la 2ème cause de mortalité après les accidents de la circulation.

Par ailleurs, chaque année en France, plus de 500 jeunes se donnent la mort et 6,5% des jeunes élèves de l’enseignement secondaire ont fait une tentative de suicide »

Une nouvelle étude puliée en 2019 a examiné les 17 829 effets indésirables psychiatriques signalés à l’Adverse Event Reporting System de la FDA chez des patients traités par isotrétinoïne entre janvier 1997 et  décembre 2017 : troubles dépressifs 42,3 %, labilité émotionnelle 16,6 % et troubles anxieux 13,5 %. On notait 2 278 cas d’idées suicidaires, 602 cas de tentatives de suicide et 368 décès par suicide, ce qui est moins que dans la population générale

Pour une information plus complète, voici le lien permettant d’effectuer une recherche dans la littérature médicale mondiale.

Cependant… la mise sous traitement peut être source de déception

En revanche, la mise sous isotretinoine expose cliniquement à deux périodes « difficiles à vivre » pour le patient, pouvant le faire basculer dans la dépression. Ceci est d’autant plus à risque que le patient a déjà un terrain propice à la dépression.

Deux périodes dont particulièrement à risque  :

  • La première période se situe au début du traitement, vers 1 à 2 mois après la mise en place, puis ensuite vers 2 à 4 mois après le début du traitement par isotretinoine. Il s’agit d’une période surant laquelle il est possible que l’acné s’aggrave. Le patient s’attendait à un mieux et l’acné empire… La déception peut provoquer une dépression notamment sur un terrain psychologique fragile
  • La seconde période intervient au moment où, paradoxalement, les boutons commencent à disparaître, et les choses vont mieux mais le patient se rend compte qu’il a encore des rougeurs, ou que la suppression des boutons n’est pas suivie du bien être espéré. Le patient avait fondé beaucoup d’espoirs de bonheur et de mieux être sur la disparition de l’acné et il est là aussi déçu. Il peut alors commencer une dépression, surtout s’il avait déjà un fond dépressif sous-jacent qu’il pensait voir disparaître avec les boutons.

Qui est à risque?

Nous avons vu qu’il existait souvent un substrat personnel ou familial fécond pour l’apparition de dépression.

Le médecin peut ainsi rechercher des signes préexistants de dépression en cherchant une tristesse, un caractère désabusé, une perte d’intéret, un caractère irritable ou colérique… Il peut aussi faire passer un test tel que le MADRS

En cas de mise en évidence d’un terrain propice à la dépression, une consultation psychiatrique est alors demandée pour voir si le traitement peut être tenté, ainsi qu’un suivi régulier le cas échéant

Quels sont les signes d’alarme en cours de traitement ?

Les premiers signes évocateurs de dépression sont souvent :

  • maux de tete
  • troubles du sommeil
  • fatigue, somnolence…

Devant ces signes, ou d’autres évocateurs de dépression, il faut consulter sans tarder le dermatologue ayant mis en place le traitement. Ce dernier proposera généralement d’arrêter le traitement mais cette décision doit être murement pesée car parfois, l’arrêt est un facteur agravant tant la déception est intense pour le patient. De plus l’arret du traitement n’induit pas une disparition immédiate des symptômes dépressifs et des idées suicidaires qui peuvent persister jusqu’à 6 mois après l’arrêt de l’isotrétinoine…

Conclusion

Même s’il existe plus de dépressions liées au fait d’avoir des boutons et de traverser la période charnière de l’adolescence, que d’être traité par isotréinoine, le traitement par « Roaccutane » est une période exposant au risque de dépression par les potentielles déceptions qu’il peut induire (poussée au début du traitement,voire déception de ne pas trouver le bonheur à l’arret de l’acné…), chez des patients ayant déjà un terrain psychologique fragile

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