ALCOOL : abus, dépendance, dangers et problèmes liés à l’alcool

Problèmes liés à l’alcool

Alcool

Article rédigé avec le DSM

Dans la plupart des cultures, l’alcool est le dépresseur cérébral le plus fréquemment utilisé et cause une morbidité et une mortalité considérables. Environ 90 % des adultes aux États-Unis ont fait, à un moment quelconque de leur vie, l’expérience de l’alcool et un nombre substantiel (60 % des hommes et 30 % des femmes) ont eu au moins un événement négatif dans leur vie du fait de l’alcool (p. ex., conduite après avoir consommé trop d’alcool, absence à l’école ou au travail du fait d’une « gueule de bois »).
Heureusement, la plupart des individus apprennent, à partir de ces expériences, à boire plus modérément et ne développent ni Dépendance ni Abus alcoolique.

L’alcool avec le tabac, autre drogue légale, tuent 40 fois plus que la route…

Troubles liés à l’utilisation d’alcool

Dépendance alcoolique

L’existence d’une dépendance physique à l’alcool repose sur la mise en évidence d’une tolérance ou de symptômes de Sevrage. Plus particulièrement si elle est associée à des antécédents de sevrage, la dépendance physique traduit une évolution clinique globale plus sévère (p. ex., un début plus précoce avec des prises en quantités plus importantes, davantage de problèmes liés à l’alcool). Le Sevrage alcoolique est caractérisé par le développement de symptômes de sevrage de 4 à 12 heures environ après la réduction des prises en cas d’ingestion massive et prolongée d’alcool. Les sujets qui ont une Dépendance alcoolique peuvent continuer à consommer de l’alcool malgré ses effets néfastes, souvent pour éviter ou pour atténuer les conséquences du sevrage parce que le Sevrage alcoolique peut être déplaisant et entraîner des manifestations intenses.
Certains symptômes de sevrage (p. ex., des troubles du sommeil) peuvent persister à une intensité moindre pendant plusieurs mois. Une minorité substantielle de sujets qui ont une Dépendance alcoolique n’éprouvent jamais un Sevrage alcoolique qui ait une signification clinique, et seulement 5 % (environ) des sujets ayant une Dépendance
alcoolique présentent des complications graves du sevrage (p. ex., delirium, convulsions de type grand mal). Une fois qu’un mode d’utilisation compulsive se développe, les sujets ayant une Dépendance peuvent passer des périodes de temps substantielles à obtenir et à consommer des boissons alcoolisées. Ces sujets continuent souvent leur
prise d’alcool malgré ses effets néfastes, sur le plan psychologique ou physique (p. ex., dépression, trous de mémoire, maladie hépatique, ou autres complications).

Critères de dépendance à une substance

Mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération
du fonctionnement ou une souffrance, cliniquement significative, caractérisé
par la présence de trois ou plus) des manifestations suivantes, à
un moment quelconque d’une période continue de 12 mois :
(1) tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :
(a) besoin de quantités notablement plus fortes de la substance
pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré
(h) effet notablement diminué en cas d’utilisation continue
d’une même quantité de la substance
(2) sevrage caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations
suivantes :
(a) syndrome de sevrage caractéristique de la substance (voir les
critères A et B des critères de Sevrage à une substance
spécifique)
(b) la même substance (ou une substance très proche) est prise
pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage
(3) la substance est souvent prise en quantité plus importante ou
pendant une période plus prolongée que prévu
(4) il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer
ou contrôler l’utilisation de la substance
(5) beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour
obtenir la substance (p. ex., consultation de nombreux médecins
ou déplacement sur (le longues distances), à utiliser le produit
(p. ex., fumer sans discontinuer), ou à récupérer de ses effets
(6) des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes
sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation de la
substance
(7) l’utilisation de la substance est poursuivie bien que la personne
sache avoir un problème psychologique ou physique persistant
ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la
substance (par exemple, poursuite de la prise de cocaïne bien
que la personne admette une dépression liée à la cocaïne, ou
poursuite de la prise de boissons alcoolisées bien que le sujet
reconnaisse l’aggravation d’un ulcère du fait de la consommation
d’alcool)

Abus d’alcool

L’Abus d’alcool nécessite un nombre moins élevé de symptômes et peut donc être moins sévère que la Dépendance ; il est retenu une fois que l’on a éliminé le diagnostic de Dépendance. Les performances scolaires ou professionnelles peuvent souffrir des effets retardés d’une prise d’alcool ou d’une intoxication pendant le travail ou à l’école ; l’éducation des enfants ou les tâches ménagères peuvent être négligées ; et dus absences liées a l’alcool peuvent se produire à l’école ou au travail. La personne peut utiliser l’alcool dans des circonstances physiquement dangereuses (p. ex., conduite d’une automobile ou utilisation d’une machine en état d’ivresse). Des difficultés judiciaires peuvent survenir à cause de l’utilisation de l’alcool (p. ex., arrestation pour état d’ivresse, ou pour conduite en état d’ivresse). Enfin, les sujets ayant un Abus (l’alcool peuvent continuer à en consommer bien qu’ils sachent qu’une poursuite de la consommation leur pose des problèmes sociaux ou interpersonnels significatifs (p. ex., disputes violentes avec le conjoint, mauvais traitements à enfants). Quand ces problèmes sont accompagnés par des arguments en faveur d’une tolérance, d’un sevrage ou d’un comportement compulsif liés a l’utilisation d’alcool, un diagnostic de Dépendance, plutôt que d’Abus d’alcool doit être envisagé. Cependant, puisque certains symptômes de tolérance, de sevrage ou d’utilisation compulsive peuvent survenir chez des sujets atteints d’Abus mais non de Dépendance, il est important de déterminer si les critères complets de Dépendance sont remplis.

Critères de l’abus d’une substance

A. Mode d’utilisation inadéquat d’une substance conduisant à une altération
du fonctionnement Ou à une souffrance cliniquement
significative, caractérisé par la présence d’au moins une des manifestations
suivantes au cours d’une période de 12 mois :
(1) utilisation répétée d’une substance conduisant à l’incapacité de
remplir des obligations majeures, au travail, à l’école, ou à la
maison (par exemple, absences répétées ou mauvaises performances
au travail du fait de l’utilisation de la substance, absences,
exclusions temporaires ou définitives de l’école, négligence des
enfants ou des tâches ménagères)
(2) utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela
peut être physiquement dangereux (par exemple, lors de la
conduite d’une voiture ou en faisant fonctionner une machine
alors qu’on est sous l’influence d’une substance)
(3) problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation d’une substance
(p. ex., arrestations pour comportement anormal en rapport avec
l’ utilisation de la substance)
(4) utilisation de la substance malgré des problèmes interpersonnels
ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les
effets de la substance (par exemple disputes avec le conjoint à
propos des conséquences de l’intoxication, bagarres)
B. Les symptômes n’ont jamais atteint, pour cette classe de substance,
les critères de la Dépendance à une substance.

Depuis le DSM5, ces notions assez confuses d’Abus et de Dépendance sont regroupés sous le terme Trouble d’utilisation :

 

  1. Mode problématique d’utilisation de la substance conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance qui sont cliniquement significatives, comme en témoignent au moins 2 des éléments suivants survenant dans une période de 12 mois :
    1. La substance est souvent pris en quantité plus importante ou pendant une période plus longue que prévu.
    2. Il y a un désir persistant de diminuer ou de contrôler l’utilisation de la substance ou des efforts infructueux pour diminuer ou contrôler l’utilisation.
    3. Beaucoup de temps est consacré à des activités nécessaires pour obtenir de la substance, utiliser la substance et récupérer de ses effets.
    4. Forte envie, désir ou besoin de consommer la substance.
    5. L’usage de la substance a pour conséquence des manquements récurrents à des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison.
    6. Poursuite de l’utilisation de la substance malgré des problèmes sociaux ou interpersonnels, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de la substance.
    7. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l’usage de la substance.
    8. Usage récurrent de la substance dans des situations où c’est physiquement dangereux.
    9. L’usage de la substance est poursuivi bien que la personne soit consciente d’avoir un problème physique ou psychologique persistant ou récurrent qui est susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la substance.
    10. Tolérance, telle que définie par l’un des éléments suivants :
      1. Besoin de quantités notablement plus grandes de la substance pour obtenir une intoxication ou l’effet souhaité.
      2. Effet notablement diminué avec l’utilisation continue de la même quantité de la substance.
    11. Sevrage, tel que manifesté par un des éléments suivants :
      1. Le syndrome de sevrage caractéristique de la substance.
      2. La substance est prise pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.

Niveaux de sévérité :

  • Léger : présence de 2-3 symptômes.
  • Modéré : présence de 4-5 symptômes.
  • Sévère : présence de 6 symptômes ou plus.

Troubles induits par l’alcool

    • Intoxication alcoolique

La caractéristique essentielle d’une Intoxication alcoolique est la présence de modifications inadaptées, cliniquement significatives, comportementales ou psychologiques (p. ex., comportement sexuel ou agressif inapproprié, labilité de l’humeur, altération du jugement, altération du fonctionnement social ou professionnel) qui se développent pendant ou peu après l’ingestion d’alcool (Critères A et B).

Ces changements s’accompagnent d’un discours bredouillant, d’une incoordination motrice, d’une démarche ébrieuse, d’un nystagmus, d’une altération de l’attention ou de la mémoire, de stupeur ou de coma (Critère C).

Les symptômes ne doivent pas être dus à une affection médicale générale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (Critère D).

Le tableau résultant est semblable à ce qu’on observe lors d’une Intoxication par les benzodiazépines ou les barbituriques. L’incoordination peut atteindre un niveau où elle interfère avec la capacité à conduire et avec la réalisation de certaines activités au point de causer des accidents.
La preuve de la prise d’alcool peut être obtenue par l’odeur alcoolique de l’haleine du sujet, en obtenant du sujet ou d’un autre observateur des informations sur les antécédents, et, si nécessaire, en procédant à des analyses toxicologiques dans l’air expiré, le sang ou les urines.

Critères diagnostiques de l’intoxication alcoolique

A. Ingestion récente d’alcool.
B. Changements inadaptés, comportementaux ou psychologiques, cliniquement
significatifs, (par exemple : comportement sexuel ou
agressif inapproprié, labilité de l’humeur, altération du jugement,
altération du fonctionnement social ou professionnel) qui se sont
développés pendant ou peu après l’ingestion d’alcool.
C. Au moins un des signes suivants, se développant pendant ou peu
après la consommation d’alcool :
(1) discours bredouillant
(2) incoordination motrice
(3) démarche ébrieuse
(4) nystagmus
(5) altération de l’attention ou de la mémoire
(6) stupeur ou coma
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et
ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.

    • Sevrage alcoolique

La caractéristique essentielle du Sevrage alcoolique est la présence d’un syndrome spécifique de sevrage qui se développe après l’interruption (ou la réduction) d’une utilisation massive et prolongée d’alcool (Critères A et B).

Le syndrome de sevrage inclut au moins deux des symptômes suivants : hvperactivité neurovégétative (par
exemple, transpiration ou fréquence cardiaque supérieure à 100) ; augmentation du tremblement des mains ; insomnie ; nausées ou vomissements ; hallucinations ou illusions transitoires, visuelles, tactiles ou auditives ; agitation psychomotrice ; anxiété ; et crises convulsives de type grand mal. Quand des hallucinations ou des illusions sont
observées, le clinicien peut spécifier Avec perturbations des perceptions .

Les symptômes de sevrage causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants (Critère C).

Les symptômes ne doivent pas être dus à une affection médicale générale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p. ex., Sevrage aux sédatifs, hypnotiques ou anxiolytiques, ou Anxiété généralisée) (Critère D). Les symptômes peuvent être soulagés par l’administration d’alcool ou de tout autre dépresseur cérébral. Les symptômes de sevrage débutent typiquement quand les concentrations sanguines d’alcool diminuent de manière abrupte (c.-à-d. clans les 4 à 12 heures) après l’arrêt ou la réduction de la prise d’alcool. Cependant, les symptômes
de sevrage peuvent se développer après des durées plus longues (allant jusqu’à quelques jours). Les symptômes de Sevrage alcoolique sont en général à leur acmé au cours du second jour d’abstinence à cause de la courte demi- vie de l’alcool, et sont susceptibles de s’améliorer de manière notable vers le quatrième ou cinquième jour.
Toutefois, au terme du Sevrage aigu, des symptômes d’anxiété, d’insomnie, et de dysfonctionnement végétatif peuvent persister jusqu’à 3 à 6 mois, à des niveaux d’intensité moins importants.
Moins de 10 % des sujets qui développent un Sevrage alcoolique présentent des symptômes spectaculaires (p. ex., une hvperactivité neurovégétative sévère, des tremblements, et un Delirium du sevrage alcoolique). Des crises convulsives de type grand mal se produisent chez moins de 3 % des sujets.

Critères diagnostiques du sevrage alcoolique

A. Arrêt (ou réduction) d’une utilisation d’alcool qui a été massive et
prolongée.
B. Au moins deux des manifestations suivantes se développent de quelques
heures à quelques jours après le Critère A :
(1) hyperactivité neurovégétative (par exemple, transpiration ou fréquence
cardiaque supérieure à 100)
(2) augmentation du tremblement des mains
(3) insomnie
(4) nausées ou vomissements
(5) hallucinations ou illusions transitoires visuelles, tactiles ou
auditives
(6) agitation psychomotrice
(7) anxiété
(8) crises convulsives de type grand mal
C. Les symptômes du Critère B causent une souffrance cliniquement
significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel,
ou dans d’autres domaines importants.
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et
ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
Spécifier si :
Avec perturbations des perceptions

    • Delirium par intoxication alcoolique

    • Delirium du sevrage alcoolique

Le Delirium du sevrage alcoolique inclut des altérations de la conscience et de la cognition, et des hallucinations
visuelles, tactiles ou auditives (« delirium tremens » ou « DT »). Quand un Delirium du sevrage alcoolique se développe, une affection médicale générale cliniquement significative est vraisemblablement présente (p. ex., insuffisance hépatique, pneumonie, hémorragie digestive, séquelles de trauma crânien, hypoglycémie, déséquilibre électrolytique, ou suites opératoires).

  • Démence persistante induite par l’alcool

  • Trouble amnésique persistant induit par l’alcool

  • Trouble psychotique induit par l’alcool

  • Trouble de l’humeur induit par l’alcool

  • Trouble anxieux induit par l’alcool

  • Dysfonction sexuelle induite par l’alcool

  • Trouble du sommeil induit par l’alcool

Caractéristiques et troubles associés

La Dépendance et l’ Abus alcoolique sont souvent associés à une Dépendance ou un Abus portant sur d’autres substances (p. ex., cannabis ; cocaïne ; héroïne ; amphétamines ; sédatifs, hypnotiques et anxiolytiques ; et nicotine). L’alcool peut être utilisé pour soulager des effets indésirables de ces autres substances ou pour se substituer à elles quand elles ne sont pas disponibles.

Des symptômes de dépression, d’anxiété et d’insomnie accompagnent fréquemment la Dépendance alcoolique et parfois la précèdent. L’Intoxication alcoolique
est parfois associée à une amnésie pour les événements qui se sont produits pendant l’intoxication (<< trous de mémoire »). Ce phénomène pourrait être lié à la présence d’un taux élevé (l’alcool dans le sang, et, peut-être, à la rapidité avec laquelle ce taux est atteint.

Les Troubles liés à l’alcool sont associés à une augmentation significative du risque d’accidents, de violence et de suicide. On estime que dans certains hôpitaux urbains à peu près 20 % des admissions en unité de soins intensifs sont liés à l’alcool, et que 40 % des personnes vivant aux États-Unis ont eu à un moment ou à un autre de leur vie un accident lié à l’alcool, l’alcool pouvant être mis en cause dans les accidents mortels de la route dans 55% des cas.
Une Intoxication alcoolique sévère, spécialement chez les sujets présentant une Personnalité antisociale peut être associée à la perpétration
d’actes criminels. Par exemple, on pense que plus de la moitié de tous les meurtriers et de leurs victimes étaient en état d’intoxication alcoolique au moment du meurtre.

Une Intoxication alcoolique sévère contribue aussi à la désinhibition et à des sentiments de tristesse et d’irritabilité, qui jouent un rôle dans les tentatives de suicide et les suicides.
Les Troubles liés à l’alcool contribuent à l’absentéisme au travail, aux accidents du travail, et à une faible productivité de l’employé.

L’Abus et la Dépendance alcoolique, en même temps que l’Abus et la Dépendance à d’autres substances sont fréquents chez les sujets quels que soient le niveau d’éducation et le statut socio-économique.

Le taux des Troubles liés à l’alcool se révèle élevé chez les sans domicile fixe, ce qui traduit peut-être une spirale descendante dans le fonctionnement social et professionnel, bien que de nombreuses personnes atteintes de Dépendance ou d’Abus conservent des relations avec leur famille et maintiennent leur activité professionnelle.

Les Troubles de l’humeur, les Troubles anxieux et la Schizophrénie peuvent aussi être associés à une Dépendance alcoolique. Certaines données suggèrent que l’association rapportée entre dépression et Dépendance à l’alcool peut être attribuée au moins en partie à des symptômes dépressifs comorbides liés aux effets aigus de l’intoxication ou
au sevrage.

Examens complémentaires.

L’élévation (> 30 unités) de la gamma-glutamyl- transférase (gamma-GT) est un indicateur paraclinique sensible d’une consommation massive. Ce résultat peut être la seule anomalie biologique. Au moins 70 % des sujets avant des gamma-GT élevées sont de gros buveurs réguliers (c.-à-d. des sujets consommant au moins huit verres par jour de façon régulière).

Un autre examen ayant une spécificité comparable, voire supérieure, est le dosage de la transferrine désyalisée
(Carbobvdraie Déficient Transferrin, CDT). Des taux supérieurs à 20 unités sont utiles 252 Troubles liés à une substance pour identifier des sujets consommant régulièrement au moins huit verres par jour.

Puisque les gamma-GT et la CDT reviennent à la normale quelques jours ou quelques semaines après l’arrêt des boissons alcoolisées, ces deux marqueurs d’état sont utiles pour surveiller l’abstinence, plus particulièrement lorsque le clinicien observe une augmentation de ces valeurs avec le temps, plutôt qu’une diminution. L’association du dosage de la CDT et des gamma-GT peut même avoir une sensibilité et une spécificité plus élevées que l’un ou l’autre de ces dosages utilisés seuls.

Le volume globulaire moyen (VGM) peut-être élevé, tout en restant dans les limites de la normale, chez des sujets qui boivent beaucoup, du fait des effets toxiques directs de l’alcool sur l’ érythropoïèse.
Bien que le VGM puisse être utilisé pour aider à identifier ceux qui boivent excessivement, il s’agit d’une méthode peu fiable pour surveiller l’abstinence, du fait de la longue durée de vie des globules rouges.

Les tests de la fonction hépatique (p. ex., transaminase sérique glutamique oxalo-acétique [SGOT], et phosphatases alcalines) peuvent mettre en évidence une atteinte hépatique consécutive aux excès de boissons.

On peut observer une élévation des taux de lipides dans le sang (p. ex., triglycérides et lipoprotéines du cholestérol), résultant de la diminution de la néoglucogenèse associée à des excès de boissons. L’élévation des taux de lipides dans le sang contribue aussi au développement d’une stéatose hépatique.

Des taux d’acide urique élevés mais dans la limite de la normale peuvent être liés à des excès de boissons, mais ils sont relativement aspécifiques.

L’examen le plus direct disponible pour mesurer la consommation alcoolique à un moment donné est l’alcoolémie, qui peut aussi être utilisée pour juger de la tolérance à l’alcool. On peut présumer qu’un sujet qui ne présente pas de signes d’intoxication, avec une concentration de 100 mg d’éthanol par décilitre de sang, a acquis au moins un certain degré de tolérance à l’alcool. A 200 mg/dl, la plupart des sujets qui n’ont pas de tolérance présentent une intoxication sévère.

Examen physique et affections médicales générales associées.

La prise répétée de fortes doses d’alcool peut toucher à peu près n’importe quel système ou organe, spécialement le système gastro-intestinal, le système cardio-vasculaire, et le système nerveux, central et périphérique.

Les atteintes gastro-intestinales incluent les gastrites, les ulcères gastriques ou duodénaux, et, chez environ 15 % de ceux qui utilisent massivement l’alcool, une cirrhose du foie et/ou une pancréatite. Il existe aussi une
incidence augmentée de cancers de l’oesophage, de l’estomac, et d’autres segments du tube digestif.

Une des maladies somatiques les plus communément associées est une hypertension modérée. Les cardiomyopathies et les autres myopathies sont moins fréquentes mais surviennent avec une incidence augmentée chez ceux qui boivent de
façon massive. Ces facteurs, avec l’augmentation nette des taux de triglycérides et des lipoprotéines du cholestérol à faible densité, conduisent à une élévation du risque de maladie cardiaque.

Les neuropathies périphériques peuvent se manifester par une faiblesse musculaire, des paresthésies, et une diminution de la sensibilité périphérique.
Les effets plus persistants sur le système nerveux central sont les déficits cognitifs, les altérations sévères de la mémoire, et des modifications cérébelleuses de type dégénératif.
Ces effets sont liés à des carences vitaminiques (en particulier en vitamine B, notamment la thiamine). Un des effets les plus dévastateurs sur le système nerveux central est le Trouble amnésique persistant induit par l’alcool (syndrome de Wernicke-Korsakoff), relativement rare, où la capacité d’encoder de nouveaux souvenirs est sérieusement altérée.

Au niveau physique, de nombreux symptômes et éléments associés aux Troubles liés à l’alcool, sont une conséquence des maladies notées ci-dessus. Exemples : dyspepsie, nausées, et éructations qui accompagnent les gastrites, hépatomégalie, varices oesophagiennes et hémorroïdes qui accompagnent les modifications hépatiques induites par l’alcool. D’autres signes physiques comprennent les tremblements, la démarche ébrieuse, l’insomnie et les dysfonctionnements de l’érection.

Les hommes avant une Dépendance alcoolique chronique peuvent présenter une diminution de la taille des testicules et des signes de féminisation associés à une diminution du taux de
testostérone.

Les excès de boissons répétés chez les femmes sont associés à des irrégularités menstruelles et, au cours de la grossesse, à des avortements spontanés et au syndrome d’alcoolisme foetal.

Les sujets ayant des antécédents connus d’épilepsie ou de traumatisme crânien sévère sont plus susceptibles de développer des crises convulsives liées à l’alcool.

Le Sevrage alcoolique peut être associé à des nausées, des vomissements, une gastrite, une hématémèse, une sécheresse de la bouche, un aspect bouffi et couperosé et des oedèmes périphériques modérés.

L’Intoxication alcoolique peut conduire à des chutes et des accidents qui peuvent causer fractures, hématomes
sous-duraux et autres formes de traumatismes cérébraux. Les intoxications alcooliques sévères et répétées peuvent bloquer les mécanismes immunitaires et prédisposer les sujets aux infections ou augmenter le risque de cancer.

Enfin, un Sevrage alcoolique inopiné chez des patients hospitalisés pour lesquels un diagnostic de Dépendance
alcoolique n’a pas été porté, peut augmenter les risques, les coûts et la durée d’hospitalisation.

Caractéristiques liées à la culture, à l’âge et au sexe

Les traditions culturelles relatives à la consommation d’alcool dans les réunions familiales, religieuses et sociales, spécialement pendant l’enfance, peuvent affecter à la fois les modes d’utilisation de l’alcool et la probabilité que des problèmes liés à l’alcool se développent.

Des différences notables caractérisent la quantité, la fréquence et les modalités de la consommation d’alcool selon les pays.

Dans la plupart des cultures asiatiques, la prévalence globale des Troubles liés à l’alcool serait relativement basse et le rapport entre hommes et femmes élevé. Ces résultats semblent liés à l’absence chez environ 50 % des Japonais, Chinois et Coréens, de la forme de l’aldéhyde déshydrogénase qui élimine le premier produit du catabolisme de l’alcool, l’acétaldéhyde, quand ses taux sont bas. Si les sujets totalement dépourvus de cette enzyme — on estime leur pourcentage à 10 % —, consomment de l’alcool, ils ressentent une rougeur du visage et des palpitations pouvant être si sévères qu’un grand nombre d’entre eux ne boit plus du tout par la suite. Les sujets de cette population ayant un déficit relatif de cette enzyme — on estime leur pourcentage à 40 % — ressentent une rougeur moins intense mais présentent tout de même un risque réduit de façon significative de développer un Trouble lié à l’utilisation de l’alcool.

Aux États-Unis, les blancs et les Afro-américains ont des taux à peu près identiques d’Abus et de Dépendance alcoolique. Les hommes d’origine latino-américaine ont des taux un peu plus élevés, bien que la prévalence soit
plus faible chez les femmes de cette origine que chez les femmes d’autres groupes ethniques.

Un niveau scolaire médiocre, le chômage, et un niveau socio-économique faible seraient un facteur de risque

Parmi les adolescents, les Troubles des conduites, et des comportements antisociaux répétés, sont souvent concomitants de l’Abus et de la Dépendance alcoolique, et d’autres Troubles liés à une substance.

Les modifications physiques chez les personnes âgées ont pour résultat une sensibilité accrue du cerveau aux effets dépresseurs de l’alcool, une diminution du taux de métabolisme hépatique pour diverses substances, y compris l’alcool, et une diminution du pourcentage d’eau dans le corps. Ces changements peuvent amener les personnes âgées à développer des intoxications et des problèmes plus sévères après des consommations peu importantes. Les problèmes liés à l’alcool chez les personnes âgées sont aussi particulièrement susceptibles d’être associés à d’autres complications médicales.

L’Abus d’alcool et la Dépendance alcoolique sont plus fréquents chez les hommes que chez les femmes, avec un sex-ratio pouvant atteindre 5/1, mais ce rapport varie de façon importante en fonction de la classe d’âge.

En général, les femmes commencent à boire à un âge plus avancé de plusieurs années que les hommes, mais une fois que se développe un Abus d’alcool ou une Dépendance alcoolique chez les femmes, le trouble semble progresser un peu plus vite.
Cependant, l’évolution clinique de la Dépendance alcoolique chez l’homme et chez la femme comporte plus de points communs que de différences.

Prévalence

L’utilisation de l’alcool a une prévalence élevée dans la plupart des pays occidentaux, avec une consommation par adulte aux États-Unis estimée à 8,2 litres d’alcool pur pour l’année 1994. Selon les enquêtes ou les méthodes utilisées, 2/3 à 90 % des adultes vivant aux États-Unis ont consommé de l’alcool, avec des chiffres plus élevés chez les hommes que chez les femmes.
En 1996, une enquête nationale a indiqué qu’environ 70 % des hommes et 60 % des femmes consommaient de l’alcool, résultats variant avec l’âge, la prévalence la plus élevée (77 % ) étant retrouvée entre l’âge de 26 et 34 ans.
On a rapporté des pourcentages plus élevés de buveurs dans les zones urbaines et côtières des États-Unis, les différences entre les groupes ethniques étant peu importantes.
Il faut noter que, comme ces enquêtes mesurent des modes d’utilisation plutôt que des troubles, on ignore combien de sujets prenant de l’alcool ont les symptômes remplissant les critères de Dépendance ou d’Abus.
Peut-être en raison des différences dans la méthodologie des enquêtes et (les changements dans les critères diagnostiques au cours des années, l’estimation de la prévalence de l’Abus d’alcool et de la Dépendance alcoolique a varié de façon marquée au cours des différentes études. Cependant, au milieu des années 1990, le risque sur la vie entière de la Dépendance alcoolique était d’environ 15 % dans la population générale. Le taux global de Dépendance alcoolique actuelle (correspondant aux sujets dont le mode d’utilisation de l’alcool a rempli les critères de Dépendance au cours de l’année écoulée) approche probablement les 5 %.

Évolution

Le premier épisode d’Intoxication alcoolique est susceptible de se produire au milieu de l’adolescence, l’âge de début pour une Dépendance alcoolique passant par un maximum entre 20 et 35 ans. La grande majorité de ceux qui développent un Trouble lié à l’alcool le font avant quarante ans. Les premières manifestations d’un Sevrage apparaissent habituellement après que de nombreux autres aspects d’une Dépendance se soient développés. La Dépendance et l’Abus alcoolique ont une évolution variable, souvent caractérisée par des périodes de rémission et de rechute.
Une décision d’arrêter de boire, souvent en réponse à une crise, est susceptible d’être suivie, pendant au moins quelques semaines, d’une abstinence qui est souvent suivie de périodes limitées où la boisson est contrôlée ou ne pose pas de problèmes. Cependant, une fois que la consommation d’alcool a repris, il est hautement probable que la consommation va rapidement croître et que des problèmes sévères vont à nouveau se développer. Les cliniciens ont souvent l’impression erronée que la Dépendance et l’Abus alcoolique sont des maladies incurables du fait que ceux qui se présentent pour être traités ont, typiquement,des antécédents de troubles sévères liés à l’alcool, depuis plusieurs années.
Toutefois, les cas les plus sévères représentent seulement une faible proportion des sujets ayant une Dépendance ou un Abus alcoolique, et, typiquement, la personne présentant un Trouble lié à l’alcool a un pronostic beaucoup plus favorable. Les études de suivi de sujets ayant une activité relativement satisfaisante, montrent un taux d’abstinence à 1 an supérieur à 65 % après traitement. Chez les sujets atteints de Dépendance alcoolique ayant un moins bon niveau de fonctionnement et n’ayant pas de domicile fixe, après la mise en application d’un programme thérapeutique, le taux d’abstinence à 3 mois peut atteindre tout de même 60 %, et 45 % à un an. Certains sujets (peut-être 20 % ou plus) ayant une Dépendance alcoolique parviennent à une sobriété prolongée, même en l’absence de traitement actif.

Même lors d’Intoxications alcooliques légères, des symptômes différents peuvent être observés selon les moments. Tôt après l’ingestion, quand les niveaux d’alcool dans le sang s’élèvent, les symptômes comprennent souvent une envie de parler, une sensation de bien-être, et une humeur vive et expansive.
Plus tard, en particulier quand les niveaux d’alcool dans le sang diminuent, le sujet peut devenir progressivement plus déprimé, replié, et avoir une altération cognitive.
Avec de très hauts niveaux d’alcool dans le sang (p. ex., 200-300 mg/d1), un sujet non tolérant peut s’endormir et entrer dans le premier stade de l’anesthésie.
Des niveaux d’alcool dans le sang encore plus élevés (p. ex., au-delà de 300-400 mg/dl) peuvent causer une inhibition respiratoire et une diminution de la fréquence cardiaque voire la mort chez des sujets qui ne présentent
pas une tolérance.
La durée de l’intoxication dépend de la quantité d’alcool consommée et sur quelle durée. En général, le corps peut métaboliser environ un verre par heure, le niveau d’alcool dans le sang descendant, habituellement, à un rythme de
15-20 mg/dl par heure. Les signes et les symptômes d’intoxication sont probablement plus intenses quand l’alcoolémie augmente que quand elle décroît.

Aspects familiaux

La Dépendance alcoolique a souvent un aspect familial et on estime que 40 à 60 % de la variance du risque peut être expliquée par des facteurs génétiques. Le risque d’une Dépendance alcoolique est trois ou quatre fois plus élevé chez les parents proches de personnes ayant une Dépendance alcoolique.
Le risque est d’autant plus élevé que le nombre de parents affectés est plus important, qu’il y a une plus grande proximité génétique, et que le problème lié à l’alcool chez le parent touché est plus sévère.

La plupart des études ont trouvé un risque significativement plus élevé de Dépendance alcoolique chez le jumeau monozygote que chez le jumeau dizygote d’une personne présentant une Dépendance alcoolique. Les études d’adoption ont révélé une augmentation du risque de Dépendance alcoolique par un facteur trois ou quatre chez les enfants de
sujets présentant une Dépendance alcoolique quand ces enfants étaient adoptés dès leur naissance et élevés par des parents adoptifs qui n’avaient pas ce trouble. Cependant le facteur génétique explique seulement une partie du risque de Dépendance alcoolique, une partie significative du risque provenant de facteurs environnementaux ou
interpersonnels comme l’attitude culturelle vis-à-vis de la boisson et de l’ivresse, la disponibilité de l’alcool (y compris son prix), les attentes concernant les effets de l’alcool sur l’humeur et le comportement, les expériences personnelles acquises avec l’alcool et le stress.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.