CRYOLIPOLYSE : réduire la cellulite par le froid ou criolipolise

Cryolipolyse

Le rêve…

Résumé

La cryolipolyse est une technique de destruction par mort cellualire (apoptose) des cellules graisseuses, par application de froid, apparue en 2009. Ses meilleures indications sont les petites zones graisseuses telles les poignées d’amour, les petits bourrelets du ventre et le double menton. Les zones traitées doivent toujours être bien limitées. Ainsi, le ventre rond est souvent une mauvaise indication contrairement au traitement d’un bourrelet bien limité par exemple.

Qu’est-ce que la cryolipolyse?

La cryolipolyse est une technique basée sur le fait que les cellules graisseuses sont sensibles au froid : le froid provoque une apoptose qui est la mort naturelle des adipocytes.

La panniculite au froid est une réaction de la graisse des cuisses au froid hivernal, tendant à faire fondre la graisse au fil du temps.

Cryolipolyse veut dire destruction de la graisse par le froid.

Il s’agit ainsi d’une technique sans aiguilles, sans chirurgie, qui réduit les amas de graisse et donc la cellulite.

Ainsi, durant les trois mois après application du froid, un maximum d’1/4 des cellules adipeuses mortes sont éliminées par le système lymphatique, alors que les autres se condensent, ce qui réduit l’épaisseur de l’amas graisseux.

La technique « classique » utilise des ventouses qui aspirent les amas graisseux et y extraient la chaleur par des électrodes. Les adipocytes gèlent alors car ils passent en dessous de 0°c  durant environ 60 minutes pour entraîner leur apoptose, en limitant le risque de brûlure de la peau par le froid par l’application d’une couche de gel sur la peau.

Il existe d’autres techniques plus « douces » privilégiées par les médecins, ne gelant pas les adipocytes mais descendant leur température jusqu’à environ 3 à 4 °C pendant 1/4h à 1/2h. Ces techniques sont à privilégier car elles exposent moins au risque de nécrose cutanée.

On voit qu’il faut une combinaison très précise entre la température appliquée, la durée de la procédure et la distance entre les plaques de refroidissement, changeant en fonction de la zone à traiter et de l’épaisseur de l’amas graisseux, ce qui implique que ette technique ne doit être pratiquée que par un médecin (dermatologue, médecin esthétique, chirurgien plasticien…).

Comment cela a-t-il été découvert?

Les panniculites liées au froid provoquent une lipoatrophie en rapport avec une apoptose (mort cellulaire) des adipocytes lors d’une intense exposition au froid, associée à une forte pression, indispensable au déclenchement de la panniculite. Elles ont été observées essentiellement dans deux circonstances :

– à la fin du XIXe siècle, chez des femmes qui montaient à cheval pendant un hiver très rude, non plus en amazone mais à califourchon, comme les hommes. Certaines ont alors présenté une panniculite au froid située à l’intérieur des cuisses, ce qui illustre bien la nécessaire compression

  •  dans les années 1960, aux États-Unis, des enfants ont présenté des lipoatrophies de la boule graisseuse de Bichat (au niveau des joues) liées au fait que ces enfants bloquaient à l’intérieur de la bouche, donc contre la muqueuse gingivale, des sucettes glacées dures “popsicles” (comprimant ainsi de l’intérieur, la boule graisseuse de Bichat) et fondant lentement. Ceci a donné son nom à cette panniculite, la “popsicle disease”

D’où l’idée de faire “fondre” un bourrelet graisseux en provoquant l’apoptose d’un nombre important des cellules qui le composent en s’inspirant de cette pathologie, la panniculite au froid, qui repose avant tout sur l’induction d’une apoptose des seuls adipocytes, en rapport avec une compression induisant probablement une nécessaire vasoconstriction, et une exposition prolongée au froid.

Ainsi l’objectif de la cryolipolyse est d’atteindre un refroidissement au niveau des adipocytes de l’ordre de + 4 °C, afin de provoquer la cristallisation des lipides. Si ce refroidissement n’est pas obtenu, le traitement sera sans doute inefficace, car c’est à la température de + 4 ou +5 °C que les lipides intracellulaires cristallisent. Le derme cutané étant très riche en eau, (qui, elle, cristallise à 0 °C) ne sera pas altéré, si sa température est supérieure à 0 °C.

Ainsi, la cryolipolyse doit refroidir les adipocytes à une température de l’ordre de + 4 °C mais elle ne doit pas provoquer un sur-refroidissement du derme, ce qui risquerait de “le geler”, et d’entrainer alors une nécrose cutanée.

Si l’on veut illustrer cette différence entre l’eau et les lipides lorsqu’ils sont exposés à un refroidissement, il suffit d’observer un bouillon ou une vinaigrette dans le réfrigérateur à 4°C : en surface, on retrouve une gelée graisseuse, correspondant aux lipides qui ont cristallisé à la température du réfrigérateur, de l’ordre de + 4 °C, alors que tout ce qui est aqueux est très froid, certes, mais n’a pas gelé, donc n’a pas cristallisé.

Quelles sont les indications de la cryolipolyse?

La cryolipolyse est indiquée pour le traitement des bourrelets graisseux localisés, bien limités et de taille modérée, chez des patients ne présentant pas de surpoids excessif.

On trouve ces petits amas graisseux localisés sur

  • Les petits bourrelets ovalaires du ventre et les « poignées d’amour ».
  • Les fesses et cuisses chez les femmes minces : petite « culotte de cheval », plis sous-fessiers, intérieur des cuisses. Au niveau de la culotte de cheval il faut s’assurer que l’on ne risque pas d’entraîner des démarcations, qui seraient alors inesthétiques et mal vécues. Ainsi, dans certains cas où l’empâtement est diffus, il est préférable de renoncer au traitement. L’intérieur des cuisses peut être traité mais les réponses au traitement ne sont pas toujours aussi bonnes qu’au niveau du ventre et du dos.
  • Les bras :  relâchement des bras, qui “ballottent”. Cependant, la cryolipolise ne fonctionne que sur le gras, pas sur le relâchement. Ainsi elle fonctionne sur une femme jeune avec un empâtement lipomateux des bras sans relâchement marqué, pas sur une femme plus agée ayant un relachement des faces postérieures des bras sans excès graisseux (« ailes de chauve souris »)
  • Les genoux avec des résultats modérés le plus souvent
  • Le dos : « ailes d’anges ». Résultats souvent efficaces, mais comme les bras plutots chez la femme jeune, avec excès graisseux plus que relachement
  • Le double menton, probablement la meilleure indication, à condition là encore qu’il s’agisse bien d’un excès graisseux et non pas d’un relâchement lié à l’âge
  • La gynécomastie idiopathique masculine où l’hypertrophie mammaire est d’ordre adipeux, et la cryolipolyse évite ainsi un traitement chirurgical

La criolipolise ne fonctionne que sur la cellulite graisseuse, non douloureuse, qui se voit bien en pinçant la peau, qui prend une allure de peau d’orange.

La cryolipolyse n’a pas d’effet patent sur la cellulite aqueuse liée à la rétention d’eau et à une mauvaise circulation sanguine, ainsi que sur la cellulite fibreuse très ancienne, dure et douloureuse
Voir l’article sur les types de cellulite

Ainsi la criolipolise est indiquée en cas d’excès de gras très localisé, tel un bourrelet sur le ventre, des ailes d’ange de chaque côté du dos, des poignées d’amour, un peu trop de graisse à l’intérieur des cuisses, un double menton.

Si ces conditions sont bien respectées, la cryolipolyse ne provoque pas de laxité secondaire, ni d’effet “de vagues” comme le ferait, par exemple, une liposuccion.

Bien sur, une cryolipolyse ne saurait remplacer un régime hypocalorique lorsque celui-ci est nécessaire et réalisable.

Quand on est rond de partout, mieux vaut se tourner vers d’autres techniques (radiofrequence, palper rouler…) et bien sur toujours sport anti cellulite et regime anti cellulite.

Quelles sont les contre-indications ?

La cryolipolise est contre-indiquée

  • en cas de grossesse
  • en cas d’obésité ou de troubles alimentaires: la cryolipolise n’est indiquée pour les petits amas graisseux seulement. Les mauvaises indications sont donc  un bourrelet trop important, une peau trop ferme, ou un patient présentant des variations de poids rapides et importantes.
  • excès important de laxité, ou relachement
  • de pathologies au froid (phénomène de Raynaud, cryoglobulinémie, urticaire au froid, hémoglobinurie paroxystique liée au froid….). Le phénomène de Raynaud n’est pas une contre-indication puisqu’on ne traite jamais de zones où la vascularisation est terminale.
  • de hernie abdominocrurale car le ventouse risque de l’aggraver

Comment se passe une séance de cryolipolyse ?

Une consultation préalable avec le médecin est nécessaire, il va étudier la silhouette et le poids, la qualité de peau et ses éventuelles pathologies contre-indiquant la technique, l’épaisseur des plis cutanés et fournit un devis.

Pendant la séance, il place la ventouse adaptée à la zone à traiter, pour aspirer la peau. La séance dure environ une heure par zone et le patient est régulièrement surveillé. Il a une sonnette d’alarme à portée de main.

Durant la séance on ressent d’abord un pincement désagréable et une gêne liée à la traction de la peau, parfois un peu douloureuse au début, mais le froid est plutot anesthésiant donc rapidement on sent beaucoup moins.

Une fois la ventouse retirée, la peau et la graisse sont solidifiés par le froid, et un peu rouges, voire ecchymotiques par endroits ; on procede alors le plus souvent à un massage pour la réchauffer et détendre les tissus.

Après la séance, des rougeurs, des petits gonflements et une sensation de gêne ou de courbature peuvent persister, rendant parfois douloureux de dormir sur la zone traitée. En revanche, rien n’empêche de reprendre ses activités normales en sortant du cabinet, tels que le travail ou de pratiquer du sport dans les heures ou jours qui suivent la séance. Ces désagréments se résorbent en général en deux semaines

En combien de temps voit-on des résultats?

Nous avons vu que les cellultes graisseuses mortes étaient éliminées par le système lymphatique progressivement. Ainsi, il faut compter entre un à trois mois pour voir les résultats : environ 1/4 à 1/3 de la masse graisseuse s’atténue.

Combien de séances?

Comme environ 1/4 de la graisse est détruite, il faut compter environ 3 séances espacée d’un à 3 mois.

Quels sont les risques?

Cette élimination des débris cellulaires morts et l’inflammation créée par l’apoptose et le froid peuvent provoquer une fibrose des tissus au fil des séances. De même, l’aspiration de la peau peut provoquer un relâchement des tissus et des lésions des petits vaisseaux

Un rapport de la Haute Autorité de Santé en 2018 stipule en conclusion :

« En conséquence, sur la base des différentes données recueillies et analysées au cours de cette évaluation, en particulier les complications graves ou sévères (brûlure, hernie, hyperplasie paradoxale notamment), il peut être conclu que la pratique des actes de cryolipolyse présente une suspicion de danger grave pour la santé humaine en l’absence actuelle de mise en œuvre de mesures de protection de la santé des personnes, consistant au minimum, d’une part, à assurer un niveau homogène de sécurité et de qualité des appareils de cryolipolyse utilisés et, d’autre part, à prévoir une qualification et une formation du professionnel qui réalise cette technique.

Par ailleurs, dès à présent, une information préalable des personnes, écrite et détaillée, sur les effets indésirables possibles de cette technique d’esthétique est à mettre en place. De plus, il est indispensable que les événements indésirables liés à la cryolipolyse soient signalés notamment par les professionnels aux autorités sanitaires via le portail des vigilances, quelle que soit la situation dans laquelle elle a été réalisée (appareil, opérateur…).

Au total, la réalisation de la cryolipolyse à visée esthétique ne peut avoir lieu qu’en respectant strictement des conditions d’encadrement ayant pour but de protéger les personnes.« 

Les risques majeurs sont donc :

Réactions locales

La séance est suivie d’une rougeur voire d’ecchymoses, d’une durée de quelques heures, des sensations d’engourdissement sur la zone traitée, voire une hyperesthésie et d’œdème localisé. Exceptionnellement, des cas d’hyperpigmentations postinflammatoires ont été observés.

Nécrose cutanée

Elle est due à une cristallisation du derme en cas de refroidissement atteignant 0°C. Aucune nécrose n’a été observée avec l’appareil de référence des études, utilisé par les dermatologues. Elles sont observées avec des appareils s’en inspirant, le plus souvent proposés aux non-médecins.

Hyperplasies paradoxales

Un petit nombre de patients a présenté non pas une réduction du bourrelet, mais une augmentation, paradoxale, de l’ordre d’environ 20 % du volume, comparé à l’état initial, s’associant généralement d’un autre signe : à la palpation, le stéatome semble un peu induré, fibreux. L’incidence des hyperplasies paradoxales pouvait s’établir à une moyenne de 1 sur 3 000 cryolipolyses. En 2017, le profil thermique de l’appareil de cryolipolyse de référence utilisé par les médecins a été modifié avec une réduction de la durée totale de la séance, qui passait de 1 h à 35 min. Depuis cette date, il semblerait que l’incidence de ces hyperplasies paradoxales a très fortement diminué pour se rapprocher de zéro. Ainsi, en 2023, on constate qu’il n’a pas été observé le moindre cas de nouvelle hyperplasie paradoxale depuis quelques années avec cet appareil de référence

L’effet est durable?

Les cellules graisseuses sont mortes, mais il peut y avoir un renouvellement naturel des cellules, d’environ 10 % par an, et le corps tend à remplacer les cellules graisseuses mortes par de nouvelles cellules graisseuses au bout de quelques mois ou années, surtout si la personne ne fait pas attention à son régime et grossit. On peut donc tabler sur une stabilité de l’effet de 3 mois, voire plus si la personne fait attention de ne pas reprendre de graisse.

Si donc la personne a un poids stable, on peut dire aujourd’hui qu’avec un recul conséquent (puisque la technique existe depuis 2009), que les cellules sont définitivement mortes.

Quels sont les critères à prendre en compte dans la machine de cryolipolyse?

Tous les appareils de cryolipolyse ne se valent pas. Quels sont les critères à prendre en compte pour un bon appareil?

1/ La réfrigération doit être homogène et suffisante.

Le refroidissement du pannicule adipeux aspiré s’effectue dans la coupelle d’aspiration par des thermocouples disposés de façon opposée sur ses parois internes : la peau est au contact de la face froide tandis que de l’autre côté, le thermocouple évacue la chaleur. Il faut à la fois que le praticien contrôle la température et que cette dernière soit assez basse, mais pas trop… une réfrigération limitée ou une cinétique de réfrigération trop lente sont à l’origine d’hématomes par extravasation sanguine. Une réfrigération trop intense provoque une brulure par le froid.

2/ L’aspiration et la cupule

L’aspiration permet la répartition harmonieuse du volume de peau et de graisse aspiré dans la cupule et une distribution homogène de la température sur tout le volume.

La cupule doit être souple pour pouvoir permettre l’aspiration sans  risque de perte d’étanchéité ou de blessure de la peau.

Enfin la cupule doit comporter un cryoprotecteur qui protège la peau de la brulure par le froid

Que peut on faire d’autre contre la cellulite ?

La cellulite peut être combattue au moyen de divers traitements anti cellulite, qu’il est souvent utile de répéter et associer, parmi lesquels on peut citer :

Les cremes contre la cellulite (cremes anti-cellulite, cremes anti-capitons… ) :

le plus souvent à base de caféine ou d’actifs drainants, les crèmes contre la cellulite n’ont qu’une efficacité transitoire… en savoir plus sur les cremes anti cellulite

Le sport anti-cellulite :

toute activité physique et sportive soutenue aide à lutter contre l’accumulation de graisse. Le sport est une des bases du traitement de la cellulite, certains exercices permettent de muscler préférentiellement les zones de stockage comme les fesses ou les cuisses… en savoir plus sur les exercices anti cellulite

Les régimes contre la cellulite :

c’est l’autre pierre angulaire du traitement contre la cellulite… en savoir plus sur les regimes anti cellulite

Les traitements médicaux contre la cellulite :

Cellulo lipolyse

Drainage lymphatique

Laser contre la cellulite

Mesotherapie – cellulite

Ultrasons – cellulite

Infra rouges – cellulite

Palper-rouler, endermologie ® (Cellu-M6 ®)

Les traitements de chirurgie contre la cellulite : liposuccion ou lipoaspiration, plasties…

Références

Manstein D, Laubach H, Watanabe K et al. Selective cryolysis: a novel method of non-invasive fat removal. Lasers Surg Med, 2009;40:595-604.

Zelickson B, Egbert BM, Preciado J et al. cryolipolysis for noninvasive fat cell destruction: initial results from a pig model. Dermatol Surg, 2009;35:1-9.

Altmann J, Jehle F, Mang W. Patient Satisfaction, Recommendation Rate, and Patient Comfort With an FDA-Cleared Cryolipolysis System. Aesthet Surg J Open Forum, 2022;12:4.

Munavalli GS, Panchaprateep R. Cryolipolysis for Targeted Fat Reduction and Improved Appearance of the Enlarged Male Breast. Dermatol Surg, 2015;4110:43-51.

 

 

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