PERSONNE BIZARRE : la personne excentrique et bizarre, schizotypique

L’excentrique bizarre : une personne souvent atteinte d’une personnalité schizotypique

La personnalité schizotypique est est caractérisée par une gêne aiguë dans les relations proches, par des distorsions cognitives et perceptuelles et des conduites excentriques.

En gros cette personne souvent excentrique, « différente », ayant peu de relations, croit souvent en la magie, s’intéresse au paranormal…

Excentrique, préoccupée de paranormal : et si cette personne était schizotypique?

Article rédigé d’après le DSM

Causes possibles

Nous sommes sensés avoir une vision rationnelle de
– nous meme : je suis une personne ayant des compétences et il y a des choses que je fais moins bien,
– du monde : le monde présente des dangers mais est relativement sécuritaire notamment dans les pays industrialisés où les guerres sont rares et ne se sont pas produites depuis plusieurs décennies
– et des autres : les gens peuvent être bienveillants, neutres ou malveillants…

Or il s’avère que nous avons souvent une vision irrationnelle de la réalité en développant des croyances extrêmes, négatives, globales et rigides (« je suis nul », or personne n’est tout à fait nul, « le Monde est dangereux », pas autant qu’au Moyen Age et il est aussi beau, « les gens sont agressifs », tous, vraiment?…).

Ces fausses croyances s’élaborent à partir des expériences vécues au cours de la vie, notamment durant l’enfance, période au cous de laquelle les connexions neuronales sont très nombreuses (plus de 100 000 nouvelles connexions neuronales par jour!). Ainsi, il est fréquent qu’un traumatisme, une maltraitance, une carence affective… « câblent » le cerveau de façon irrationnelle (« ma mère ne s’occupe pas de moi, car je ne vaux rien », un enfant surprotégé pourra devenir craintif ou méfiant vis-à-vis des autres, un enfant dont la mère sursaute au moindre bruit pourra devenir lui meme anxieux…). Il est aussi possible que ces distorsions du réel soient génétiques

Les croyances qu’une personne a d’elle-même, du monde et des autres façonnent sa personnalité.

Ainsi ces « fausses croyances » mènent souvent à des troubles de la personnalité en provoquant une sur-utilisation de stratégies ou de comportements issus de l’évolution pour la survie de l’espèce tels que la compétition, la dépendance, l’évitement, la résistance, la méfiance, la dramatisation, le contrôle, l’agression, l’isolement ou la grandiosité : alors que la personne qui n’a pas de trouble de la personnalité utilise certaines de ces stratégies dans des circonstances spécifiques d’adaptation à un danger par exemple, celle présentant un trouble de la personnalité les sur-utilise de façon rigide même lorsqu’elles sont clairement désavantageuses, ne permettant plus de l’adapter à son environnement et provoquant même une souffrance pour cette personne.

Un trouble de la personnalité est envahissant et rigide, stable dans le temps et il est source d’une souffrance ou d’une altération du fonctionnement.

Il est à distinguer d’un trait de personnalité, lui aussi le fruit de fausses croyances, mais qui permet de mener une vie adaptée à l’environnement et qui ne fait pas souffrir la personne atteinte

Il s’agit de croyances que nos besoins fondamentaux de sécurité, de stabilité, d’affection, d’empathie, de compréhension, d’approbation et de respect ne seront pas satisfaits.

Ce type de croyance a souvent une origine familiale : il s’agit de familles où il n’y a pas vraiment de sécurité, avec parents froids et austères, parfois colériques et ou surviennent des

  • séparations brutales, changements brutaux et sans accompagnement des enfants. Il en résulte le sentiment que la sécurité familiale est peu fiable, que tout est instable et qu’on peut être abandonné ou abandonner les autres
  • des explosions de colère des parents, parfois pour des causes peu graves, il en résulte le sentiment que les personnes sensées nous aimer et nous protéger ne continueront peut etre pas à prodiguer leur protection parce qu’elles sont émotionnellement instables et changeantes (explosions de colère)
  • rejet de l’enfant, mensonges à l’enfant
  • punitions disproportionnées par rapport à la gravité de ce qu’a commis l’enfant ou pire, maltraitance

Diagnostic

La caractéristique essentielle de la Personnalité schizotypique est un mode général de déficit social et interpersonnel marqué par une gêne aiguë et par des compétences réduites dans les relations proches, par des distorsions cognitives et perceptuelles et par des conduites excentriques.

Le trouble apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers.
Les individus présentant une Personnalité schizotypique ont souvent des idées de référence (p. ex., des interprétations fausses d’incidents anodins ou d’événements extérieurs qui prennent un sens spécial, inhabituel et particulier pour la personne)
(Critère Al).

Ces idées doivent être distinguées des idées délirantes de référence auxquelles l’adhésion se fait avec une conviction délirante, Ces individus peuvent être superstitieux ou préoccupés par des phénomènes paranormaux qui sortent du cadre de leur sous-groupe culturel (Critère A2).

Ils peuvent avoir l’impression d’être doués de pouvoirs spéciaux qui leur permettent de ressentir les événements à l’avance ou de lire les pensées des autres. Ils peuvent penser posséder des pouvoirs magiques pour contrôler les autres directement (p. ex., ils croient que leur conjoint sort le chien uniquement parce qu’ils y ont pensé une heure avant) ou indirectement par des rituels (p. ex., le fait de marcher à trois reprises devant un objet peut prévenir quelque chose de pénible).

Ils peuvent présenter des altérations des perceptions (p. ex., ressentir la présence d’une autre personne ou entendre une voix qui murmure son propre nom) (Critère A3).

Le langage peut être marqué par un vocabulaire ou une syntaxe inhabituels ou idiosvncrasiques. Il est souvent flou, digressif ou vague mais ne comporte pas de véritables ruptures du fil conducteur ni d’incohérence (Critère A4).

Les réponses peuvent être soit trop concrètes soit trop abstraites et les mots ou les concepts sont parfois employés de manière inhabituelle (p. ex., le sujet peut dire qu’il n’était pas « parlable » au travail).

Ces sujets sont souvent soupçonneux et peuvent avoir des idées de persécution (p. ex., croire que des collègues de travail cherchent à ruiner leur réputation auprès du patron) (Critère A5).

Ils sont habituellement incapables de maîtriser l’ensemble des affects et des signaux sociaux indispensables au succès dans les relations et leurs rapports avec les autres paraissent souvent mal adaptés, rigides ou gauches (Critère A6).

Ils sont souvent considérés comme bizarres et excentriques à cause de leur maniérisme inhabituel, d’un habillement négligé dont les différents éléments ne vont pas ensemble et d’un manque de respect pour les usages sociaux habituels (p. ex., le sujet ne regarde par ses interlocuteurs dans les yeux, il porte des habits qui ne lui vont pas ou qui sont tachés d’encre et il ne peut pas engager une conversation détendue et humoristique avec ses collègues) (Critère A7).

Les sujets qui ont une Personnalité schizotypique ressentent souvent la relation avec autrui comme un problème et sont mal à l’aise quand ils entrent en contact. Bien qu’ils puissent se plaindre de leur manque de relations, leur comportement indique qu’ils ont un faible désir de rapports intimes.

Ils ont par conséquent peu ou pas d’amis proches ou de confidents, en dehors des parents du premier degré (Critère A8).

Ils sont anxieux en situation sociale, notamment quand ils sont confrontés à des gens qu’ils ne connaissent pas (Critère A9).

Ils peuvent entrer en rapport avec d’autres quand cela est nécessaire mais préfèrent toutefois rester seuls car ils ont l’impression d’être différents et de ne pas faire partie du groupe. Leur anxiété sociale ne diminue pas quand ils s’habituent au cadre ou aux gens car leur anxiété est généralement en rapport avec une méfiance à l’égard des intentions des autres. Lors d’un dîner par exemple, une personne qui a une Personnalité schizotvpique ne va pas se détendre au fur et à mesure que la soirée avance mais deviendra au contraire de plus en plus tendue et méfiante.
On ne doit pas porter un diagnostic de Personnalité schizotypique si ce mode de comportement survient exclusivement au cours de l’évolution d’une Schizophrénie, d’un Trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques, d’un autre Trouble psychotique ou d’un Trouble envahissant clu développement (Critère B).

Critères diagnostiques de la personnalité schizotypique

A. Mode général de déficit social et interpersonnel marqué par une gêne
aiguë et des compétences réduites dans les relations proches, par des
distorsions cognitives et perceptuelles, et par des conduites excentriques.
Le trouble apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans
des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations
suivantes :
(1) idées de référence (à l’exception des idées délirantes de
référence)
(2) croyances bizarres ou pensée magique qui influencent le comportement
et qui ne sont pas en rapport avec les normes d’un
sous-groupe culturel (par exemple superstition, croyance clans
un don de voyance, clans la télépathie ou clans un « sixième »
sens ; chez les enfants et les adolescents, rêveries ou préoccupations
bizarres)
(3) perceptions inhabituelles, notamment illusions corporelles
(4) pensée et langage bizarres (par exemple vagues, circonstanciés,
métaphoriques, alambiqués ou stéréotypés)
(5) idéation méfiante ou persécutoire
(6) inadéquation ou pauvreté des affects
(7) comportement ou aspect bizarre, excentrique ou singulier
(8) absence d’amis proches ou de confidents en dehors des parents
du premier degré
(9) anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand
le sujet se familiarise avec la situation et qui est due à des craintes
persécutoires plutôt qu’à un jugement négatif de soi-même
B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une Schizophrénie,
d’un Trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques,
d’un autre Trouble psychotique ou d’un Trouble envahissant du
développement.

Caractéristiques et troubles associés

Les sujets présentant une Personnalité schizotypique demandent souvent un traitement pour des symptômes associés comme l’anxiété, la dépression ou d’autres affects dysphoriques plutôt que pour les traits de personnalité eux-mêmes. En réponse au stress, notamment, ils peuvent présenter des épisodes psychotiques transitoires (pendant quelques minutes à quelques heures) qui sont toutefois de durée généralement trop
brève pour justifier un diagnostic additionnel de Trouble psychotique bref ou de Trouble schizophréniforme. Dans certains cas, des symptômes psychotiques cliniquement significatifs peuvent se développer et correspondre aux critères d’un Trouble psychotique bref, d’un Trouble schizophréniforme, d’un Trouble délirant ou d’une Schizophrénie. Plus de la moitié des sujets peuvent avoir présenté clans leurs antécédents
au moins un Épisode dépressif majeur. Entre 30 et 50 % des sujets qui ont une Personnalité schizotypique ont un diagnostic concomitant de Trouble dépressif majeur quand ils sont hospitalisés. Le Trouble est souvent associé à une Personnalité schizoïde, paranoïaque, évitante ou borderline.

Caractéristiques liées à la culture, à l’âge et au sexe

Les distorsions cognitives et perceptuelles doivent être évaluées en fonction du milieu culturel de l’individu. Certaines particularités de déterminisme largement culturel, concernant en particulier des croyances ou des rites religieux, pourraient paraître schizotypiques à un observateur extérieur non informé (p. ex. le vaudou, « parler en langues », la vie après la mort, le chamanisme, lire les pensées, le sixième sens, le
mauvais oeil, les croyances magiques portant sur la santé et la maladie).
La Personnalité schizotypique peut se manifester initialement pendant l’enfance ou l’adolescence par un coté solitaire, une mauvaise relation avec les pairs, une anxiété sociale, de mauvaises performances scolaires, une hypersensibilité, des pensées et un langage insolites et des fantasmes étranges. Ces enfants peuvent sembler « bizarres » ou « excentriques » et faire l’objet de moqueries de la part d’autrui. La Personnalité  chizotypique est peut-être un peu plus fréquente chez l’homme.

Prévalence

La prévalence de la Personnalité schizotypique serait d’environ 3 % dans la population générale.

Évolution

La Personnalité schizotypique a une évolution assez stable ; un faible pourcentage de sujets seulement évoluent vers une Schizophrénie ou un autre Trouble psychotique.

Aspects familiaux

Il existe une agrégation familiale de la Personnalité schizotypique ; elle est plus fréquente chez les parents du premier degré des sujets schizophrènes que dans la population générale. Inversement, il semble y avoir un risque légèrement accru de Schizophrénie et d’autres Troubles psychotiques chez les parents des sujets qui ont une Personnalité schizotypique.

Diagnostic différentiel

La Personnalité schizotypique peut être distinguée du Trouble délirant, de la Schizophrénie et du Trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques par le fait que ces troubles sont tous caractérisés par une période de symptômes psychotiques persistants (p. ex., des idées délirantes et des hallucinations).

Un diagnostic de Personnalité pathologique ne doit être porté que lorsque ces traits sont rigides, inadaptés, persistants et qu’ils causent une souffrance subjective uu une altération significative du fonctionnement.

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