CODEINE, MORPHINE, HEROINE… : dangers des opiacés

Problèmes liés aux opiacés (codeine, morphine, heroine…)

Les opiacés sont dérivés de l’opium et de la morphine contenus dans le pavot

Article rédigé avec le DSM

Les opiacés comprennent les opiacés naturels (p. ex., morphine), semi-svnthétiques (p. ex., héroïne), et des produits synthétiques ayant une action morphinique (p. ex., codéine, hydromorphone, méthadone, oxycodone, mépéridine, fentanyl). Des médications comme la pentazocine et la huprénorphine qui ont à la fois des effets opiacés agonistes et antagonistes, sont aussi inclus clans cette classe parce que, spécialement à petites doses, leurs effets agonistes produisent les mêmes effets physiologiques et comportementaux que les agonistes des opiacés classiques. Les opiacés sont prescrits comme analgésiques, anesthésiques, antidiarrhéiques ou sédatifs de la toux. L’héroïne est l’une des drogues de cette classe qui fait, le plus souvent, l’objet d’un usage détourné et elle est en général injectée bien qu’elle puisse être fumée ou << sniffée » quand elle est très pure. Le fentanyl est injecté, alors que les sédatifs de la toux et les antidiarrhéiques sont pris par voie orale. Les autres opiacés sont pris tant en injection que par voie orale.

L’addiction, une histoire de plaisir et d’évolution

Depuis la nuit des temps, la conservation de l’espèce humaine répond à des règles de survie : se reproduire, se faire plaisir (manger, boire…) et prendre soin de soi et des autres, fuir le danger… Ces comportements animaux sont hérités de notre cerveau profond, dit « reptilien », centre des émotions de plaisir, de peur, de joie… et réagissant à une loi, celle de la récompense : on éprouve du plaisir à avoir fait l’amour, avoir bien mangé, avoir bien chassé… ces comportements ont été favorisés par l’évolution car ils sont généralement conservateurs pour l’individu, et le cerveau reptilien  libère de la dopamine, neurotransmetteur du plaisir dans ses noyaux gris centraux et réclame de renouveler ce plaisir.

Voir la suite dans l’article sur la drogue

Dépendance aux opiacés

La Dépendance aux opiacés comprend des signes et des symptômes qui reflètent une autoadministration prolongée et compulsive d’opiacés qui sont utilisés sans raison médicale légitime, ou, s’il existe une affection médicale générale nécessitant un traitement par les opiacés, ils sont utilisés à des doses largement en excès par rapport à la quantité nécessaire pour soulager la douleur. Les personnes avant une Dépendance aux opiacés tendent à développer des modes d’utilisation réguliers, compulsifs, quotidiens de la drogue tels que, typiquement, les activités journalières sont organisées autour de l’obtention et de la consommation d’opiacés. Les opiacés sont, en général, achetés sur le marché illégal mais peuvent aussi être obtenus auprès de médecins en simulant ou en exagérant des problèmes somatiques généraux ou grâce à des prescriptions simultanées de plusieurs médecins. Les professionnels de santé qui ont une Dépendance aux opiacés obtiennent souvent les opiacés en rédigeant des ordonnances pour leur propre usage ou en détournant des opiacés prescrits pour des patients ou des réserves de la
pharmacie.

Critères de dépendance à une substance

Mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération
du fonctionnement ou une souffrance, cliniquement significative, caractérisé
par la présence de trois ou plus) des manifestations suivantes, à
un moment quelconque d’une période continue de 12 mois :
(1) tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :
(a) besoin de quantités notablement plus fortes de la substance
pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré
(h) effet notablement diminué en cas d’utilisation continue
d’une même quantité de la substance
(2) sevrage caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations
suivantes :
(a) syndrome de sevrage caractéristique de la substance (voir les
critères A et B des critères de Sevrage à une substance
spécifique)
(b) la même substance (ou une substance très proche) est prise
pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage
(3) la substance est souvent prise en quantité plus importante ou
pendant une période plus prolongée que prévu
(4) il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer
ou contrôler l’utilisation de la substance
(5) beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour
obtenir la substance (p. ex., consultation de nombreux médecins
ou déplacement sur (le longues distances), à utiliser le produit
(p. ex., fumer sans discontinuer), ou à récupérer de ses effets
(6) des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes
sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation de la
substance
(7) l’utilisation de la substance est poursuivie bien que la personne
sache avoir un problème psychologique ou physique persistant
ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la
substance (par exemple, poursuite de la prise de opiacés (codeine, morphine, heroine…) bien
que la personne admette une dépression liée aux opiacés (codeine, morphine, heroine…), ou
poursuite de la prise de boissons alcoolisées bien que le sujet
reconnaisse l’aggravation d’un ulcère du fait de la consommation
d’alcool)

Abus de opiacés (codeine, morphine, heroine…)

Des difficultés judiciaires peuvent résulter du comportement pendant une intoxication par les opiacés ou parce qu’un sujet s’est adressé à des sources d’approvisionnement illégales. Les personnes qui abusent d’opiacés utilisent typiquement ces substances beaucoup moins souvent que celles qui ont une dépendance et elles ne développent pas de symptômes de sevrage significatifs. Quand les problèmes liés à l’utilisation des opiacés sont accompagnés de manifestations de tolérance, de sevrage ou de comportements compulsifs liés à l’utilisation des opiacés, des informations complémentaires doivent être obtenues pour voir si un diagnostic de Dépendance aux opiacés n’est pas plus approprié que celui d’Abus d’opiacés.

Critères de l’abus d’une substance

A. Mode d’utilisation inadéquat d’une substance conduisant à une altération
du fonctionnement Ou à une souffrance cliniquement
significative, caractérisé par la présence d’au moins une des manifestations
suivantes au cours d’une période de 12 mois :
(1) utilisation répétée d’une substance conduisant à l’incapacité de
remplir des obligations majeures, au travail, à l’école, ou à la
maison (par exemple, absences répétées ou mauvaises performances
au travail du fait de l’utilisation de la substance, absences,
exclusions temporaires ou définitives de l’école, négligence des
enfants ou des tâches ménagères)
(2) utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela
peut être physiquement dangereux (par exemple, lors de la
conduite d’une voiture ou en faisant fonctionner une machine
alors qu’on est sous l’influence d’une substance)
(3) problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation d’une substance
(p. ex., arrestations pour comportement anormal en rapport avec
l’ utilisation de la substance)
(4) utilisation de la substance malgré des problèmes interpersonnels
ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les
effets de la substance (par exemple disputes avec le conjoint à
propos des conséquences de l’intoxication, bagarres)
B. Les symptômes n’ont jamais atteint, pour cette classe de substance,
les critères de la Dépendance à une substance.

Depuis le DSM5, ces notions assez confuses d’Abus et de Dépendance sont regroupés sous le terme Trouble d’utilisation :

 

  1. Mode problématique d’utilisation de la substance conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance qui sont cliniquement significatives, comme en témoignent au moins 2 des éléments suivants survenant dans une période de 12 mois :
    1. La substance est souvent pris en quantité plus importante ou pendant une période plus longue que prévu.
    2. Il y a un désir persistant de diminuer ou de contrôler l’utilisation de la substance ou des efforts infructueux pour diminuer ou contrôler l’utilisation.
    3. Beaucoup de temps est consacré à des activités nécessaires pour obtenir de la substance, utiliser la substance et récupérer de ses effets.
    4. Forte envie, désir ou besoin de consommer la substance.
    5. L’usage de la substance a pour conséquence des manquements récurrents à des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison.
    6. Poursuite de l’utilisation de la substance malgré des problèmes sociaux ou interpersonnels, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de la substance.
    7. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l’usage de la substance.
    8. Usage récurrent de la substance dans des situations où c’est physiquement dangereux.
    9. L’usage de la substance est poursuivi bien que la personne soit consciente d’avoir un problème physique ou psychologique persistant ou récurrent qui est susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la substance.
    10. Tolérance, telle que définie par l’un des éléments suivants :
      1. Besoin de quantités notablement plus grandes de la substance pour obtenir une intoxication ou l’effet souhaité.
      2. Effet notablement diminué avec l’utilisation continue de la même quantité de la substance.
    11. Sevrage, tel que manifesté par un des éléments suivants :
      1. Le syndrome de sevrage caractéristique de la substance.
      2. La substance est prise pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.

Niveaux de sévérité :

  • Léger : présence de 2-3 symptômes.
  • Modéré : présence de 4-5 symptômes.
  • Sévère : présence de 6 symptômes ou plus.

Troubles induits par les opiacés (codeine, morphine, heroine…)

    • Intoxication aux opiacés (codeine, morphine, heroine…)

La caractéristique essentielle de l’Intoxication aux opiacés est la présence de changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement significatifs (p. ex., euphorie initiale suivie d’apathie, dysphorie, agitation ou ralentissement psychomoteur, altération du jugement, ou altération du fonctionnement social ou
professionnel) qui se développent pendant ou peu après l’utilisation d’un opiacé (Critères A et B).

L’intoxication s’accompagne d’une constriction pupillaire (sauf en cas de surdose grave entraînant anoxie et dilatation pupillaire) et d’au moins un des signes suivants : somnolence (« piquer du nez ») ou même coma, discours bredouillant, altération de l’attention ou de la mémoire (Critère C).

Les sujets ayant une Intoxication aux opiacés peuvent être inattentifs à l’environnement allant jusqu’à ignorer des événements potentiellement dangereux. Les symptômes ne doivent pas être dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (Critère D).

L’importance des modifications comportementales et physiologiques qui résultent de l’utilisation des opiacés dépend de la dose aussi bien que des caractéristiques du sujet qui utilise la substance (p. ex., tolérance, taux d’absorption, chronicité de l’utilisation).
Les symptômes d’une Intoxication aux opiacés persistent en général pendant plusieurs heures, durée en relation avec la demi-vie de la plupart des opiacés. Une intoxication sévère par surdose d’opiacés peut conduire à un coma, une dépression respiratoire, une dilatation pupillaire, une perte de conscience, et même à la mort.

Critères diagnostiques de l’intoxication aux opiacés (codeine, morphine, heroine…)

A. Utilisation récente d’un opiacé.
B. Changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement
significatifs (p. ex., euphorie initiale suivie par de l’apathie,
dysphorie, agitation ou ralentissement moteur, altération du jugement,
ou altération du fonctionnement social ou professionnel) qui
se sont développés pendant ou peu après l’utilisation d’un opiacé.
C. Constriction pupillaire (ou dilatation pupillaire due à l’anoxie en cas
de surdose grave) et au moins un des signes suivants, se développant
pendant ou peu après l’utilisation d’opiacés :
(1) somnolence ou corna
(2) discours bredouillant
(3) altération de l’attention ou de la mémoire
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et
ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.

  • Sevrage aux opiacés (codeine, morphine, heroine…)

La caractéristique essentielle d’un Sevrage aux opiacés est la présence d’un syndrome de sevrage typique se développant après l’interruption (ou la réduction) d’une utilisation d’opiacés qui a été massive et prolongée (Critère Al).

Le syndrome de sevrage peut aussi être déclenché par l’administration d’un antagoniste opiacé (p. ex., naloxone ou
naltrexone) après une période d’utilisation des opiacés (Critère A2).

Le Sevrage aux opiacés est caractérisé par une combinaison de signes et de symptômes qui sont les opposés des effets agonistes aigus. Les premiers parmi ceux-ci sont subjectifs et consistent en des plaintes d’anxiété, de fébrilité, et de « sensations douloureuses » souvent localisées au dos et aux jambes, accompagnées d’un désir d’obtenir des opiacés (« manque ») et d’un comportement de recherche de drogue, avec irritabilité et sensibilité
accrue à la douleur.

Au moins trois des manifestations suivantes doivent être présentes pour que le diagnostic de Sevrage aux opiacés puisse être porté : humeur dysphorique, nausées ou vomissements, douleurs musculaires, larmoiement ou rhinorrhée,
dilatation pupillaire, piloérection, ou augmentation de la transpiration, diarrhée, baillement, fièvre, et insomnie (Critère B).
La piloérection et la fièvre sont associées à un sevrage sévère et ne sont pas souvent rencontrées en pratique clinique courante parce que les sujets qui ont une Dépendance aux opiacés obtiennent en général des substances avant que le sevrage soit aussi avancé.

Ces symptômes de Sevrage aux opiacés doivent causer une souffrance cliniquement significative ou une altération du
fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants (Critère C).

Les symptômes ne doivent pas être dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (Critère D).

Chez la plupart des sujets qui sont dépendants à des produits à courte durée d’action comme l’héroïne, les symptômes de sevrage surviennent 6 à 12 heures après la dernière dose. Les symptômes peuvent n’apparaître qu’après 2 à 4 jours dans le cas de produits à demi-vie plus longue comme la méthadone ou le LAAM (L-alpha-acétylméthadol).
Pour un opiacé à courte durée d’action comme l’héroïne, les symptômes aigus du sevrage passent par un pic après 1 à 3 jours puis disparaissent progressivement en 5 à 7 jours. Des symptômes moins aigus peuvent durer des semaines ou des mois.
Ces symptômes plus chroniques comprennent anxiété, dysphorie, anhédonie, insomnie et appétence pour la drogue. Pratiquement tous les sujets atteints de Dépendance aux opiacés rapportent une composante physique, 50 % d’entre eux ayant éprouvé des symptômes de sevrage.

Critères diagnostiques du Sevrage aux opiacés

A. L’une ou l’autre des circonstances suivantes :
(1) arrêt (ou réduction) d’une utilisation d’opiacés qui a été massive
et prolongée (au moins plusieurs semaines)
(2) administration d’un antagoniste opiacé après une période d’utilisation
d’opiacés
B. Au moins trois des manifestations suivantes se développant de quelques
minutes à quelques jours après le Critère A :
(1) humeur dysphorique
(2) nausées ou vomissements
(3) douleurs musculaires
(4) larmoiement ou rhinorrhée
(5) dilatation pupillaire, piloérection, ou transpiration
(6) diarrhée
(7) bâillement
(8) fièvre
(9) insomnie
C. Les symptômes du Critère B causent une souffrance cliniquement
significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel,
ou clans d’autres domaines importants.
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et
ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.

  • Démence persistante induite par la opiacés (codeine, morphine, heroine…)

  • Trouble amnésique persistant induit par la opiacés (codeine, morphine, heroine…)

  • Trouble psychotique induit par la opiacés (codeine, morphine, heroine…)

  • Trouble de l’humeur induit par la opiacés (codeine, morphine, heroine…)

  • Trouble anxieux induit par la opiacés (codeine, morphine, heroine…)

  • Dysfonction sexuelle induite par la opiacés (codeine, morphine, heroine…)

  • Trouble du sommeil induit par la opiacés (codeine, morphine, heroine…)

Caractéristiques et troubles associés

La Dépendance aux opiacés est habituellement associée à des antécédents criminels liés à la drogue (p. ex., détention ou fourniture de drogue, faux, vol, attaque à main armée, larcins ou recel de marchandises volées). Chez les professionnels de la santé, et les sujets qui ont un accès direct à des substances contrôlées, les modalités habituelles des activités illégales sont différentes, comportant des problèmes avec les ordres professionnels, le
personnel médical des hôpitaux, ou d’autres instances administratives. Divorce, chômage ou travail irrégulier sont souvent associés à la Dépendance aux opiacés quel que soit le niveau socio-économique.
Pour de nombreux sujets, les effets de la première prise d’opiacés sont de type dvsphorique plutôt qu’euphorisants, et des nausées et des vomissements peuvent en résulter. Les sujets qui présentent une Dépendance aux opiacés ont un risque particulier de développer des épisodes dépressifs légers à modérés correspondant aux critères symptomatiques et de durée des Troubles dysthymiques et parfois des Troubles dépressifs majeurs. Ces symptômes peuvent représenter un Trouble de l’humeur induit par les opiacés ou des exacerbations d’un trouble dépressif primaire préexistant.
Les périodes de dépression sont particulièrement fréquentes au cours d’une intoxication chronique ou associées aux facteurs de stress psychosociaux liés à la Dépendance aux opiacés. L’insomnie est habituelle, spécialement pendant le sevrage. La Personnalité antisociale est beaucoup plus fréquente chez les sujets ayant une Dépendance aux opiacés que dans la population générale. Le Stress posttraumatique est aussi observé avec une fréquence accrue. les antécédents de Trouble des conduites dans l’enfance ou l’adolescence ont été identifiés comme un facteur de risque significatif pour les Troubles liés à une substance, spécialement la Dépendance aux opiacés.

Examens complémentaires.

Une recherche directe de opiacés (codeine, morphine, heroine…) est rarement réalisée en clinique et ne fait habituellement pas partie du dépistage de routine des substances donnant lieu à abus. Cependant, un métabolite du toluène, l’acide hippurique, est excrété dans les urines, et un rapport entre ce métabolite et la créatinine supérieure à 1 peut suggérer une prise de toluène. Les examens complémentaires peuvent témoigner de lésions musculaires, rénales, hépatiques, et d’autres organes.

Les tests toxicologiques urinaires de routine sont souvent positifs chez les sujets avant une Dépendance aux opiacés. Avec la plupart des opiacés, les tests urinaires restent positifs 12 à 36 heures après l’administration. Les opiacés à durée d’action prolongée (p. ex., méthadone et LAAM) peuvent être identifiés dans les urines pendant plusieurs jours. Le fentanvl n’est pas détecté par les tests urinaires standards mais peut être identifié par des procédures plus spécialisées. Des résultats de laboratoire montrant la présence d’autres substances (p. ex., cocaïne, marijuana, alcool, amphétamines, benzodiazépines) sont habituels. Les tests de dépistage pour l’hépatite A, B et C sont positifs chez 80 à 90 des utilisateurs par voie intraveineuse, soit pour l’antigène de l’hépatite (ce qui montre une infection active) soit pour l’anticorps de l’hépatite (ce qui montre des antécédents d’infection). Des tests des fonctions hépatiques modérément élevés sont habituels, soit du fait d’une hépatite en cours de résolution, soit du fait d’une atteinte toxique du foie par des impuretés mélangées à l’opiacé injecté. Des changements minimes du profil de la sécrétion du cortisol et de la régulation de la température corporelle ont été observés jusqu’à six mois après une désintoxication aux opiacés.

Examen physique et affections médicales générales associées.

L’utilisation aiguë ou chronique d’opiacés est associée à un défaut de sécrétions causant une sécheresse buccale et nasale, un ralentissement de l’activité gastro-intestinale, et une constipation. L’acuité visuelle peut être altérée du fait de la constriction pupillaire. Chez les sujets qui utilisent les opiacés par voie intraveineuse, des veines sclérosées (<< cordons ») et des marques d’injection sur la partie inférieure des membres supérieurs
sont habituelles. Les veines peuvent devenir tellement sclérosées que des oedèmes périphériques se développent et que les sujets se mettent à utiliser des veines des jambes, du cou ou des lombes. Quand ces veines deviennent inutilisables, les sujets font souvent l’injection directement dans le tissu sous-cutané (« boulloches »), ce qui
conduit à des cellulites, des abcès et des cicatrices d’apparence circulaire témoignant de lésions cutanées guéries. Le tétanos et les infections dues au Clostridium botulinum représentent des conséquences relativement rares mais extrêmement graves des injections d’opiacés, en particulier avec des aiguilles contaminées. Des infections peuvent survenir dans d’autres organes et comprennent endocardite bactérienne, hépatite et infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). La tuberculose est un problème particulièrement sérieux chez les sujets qui se droguent par voie intraveineuse, surtout ceux qui sont dépendants de l’héroïne. L’infection par le bacille tuberculeux est en général asymptomatique et mise en évidence seulement par la présence d’une réaction cutanée positive à la tuberculine. Toutefois, de nombreux cas de tuberculose active ont été retrouvés spécialement chez ceux qui sont infectés par le VIH. Ces sujets ont souvent une infection nouvellement acquise, mais sont aussi susceptibles d’être confrontés à une réactivation d’une infection antérieure du fait de l’altération des fonctions
immunitaires. Les personnes qui prennent de l’héroïne ou d’autres opiacés par voie nasale (« sniffer ») développent souvent une irritation de la muqueuse nasale, quelquefois accompagnée d’une perforation de la cloison. Les troubles de la fonction sexuelle sont fréquents. Les hommes présentent souvent des troubles de l’érection au cours de l’intoxication ou d’une utilisation chronique. Les femmes ont habituellement des règles irrégulières et des anomalies des fonctions de reproduction.
L’incidence de l’infection par le VIH est élevée chez les sujets qui se droguent par voie intraveineuse, et de nombreux sujets infectés présentent une Dépendance aux opiacés. Des taux d’infection par le VIH allant jusqu’à 60 % ont été signalés chez les sujets dépendants de l’héroïne dans certaines régions des États-Unis.
En plus des infections telles que cellulite, hépatite, SIDA, tuberculose et endocardite, la Dépendance aux opiacés est associée à des taux de mortalité très élevés, atteignant 1,5 à 2 % par an. La mort résulte, le plus souvent, de surdose, d’accidents, de blessures, du SIDA ou d’autres complications médicales générales. Les accidents et
les blessures dus à des violences en relation avec l’achat ou la vente de drogues sont habituels. Dans certaines régions, la violence liée aux opiacés conduit à une mortalité plus élevée que celle entraînée par les surdoses ou l’infection par le VIH. Une dépendance physique aux opiacés survient chez environ la moitié des nourrissons nés de
mères ayant une Dépendance aux opiacés ; elle peut conduire à un syndrome de sevrage sévère imposant un traitement médical. Bien qu’on rencontre de faibles poids de naissance quand les mères ont une Dépendance aux opiacés, ils ne sont généralement ni marqués ni associés à des conséquences indésirables sérieuses.

Caractéristiques liées à la culture, à l’âge et au sexe

Depuis les années 1920, aux États-Unis, les membres de certaines minorités vivant dans des zones économiquement défavorisées sont surreprésentés parmi les personnes avant une Dépendance aux opiacés. Toutefois, vers la fin du XXe siècle et au début du XXIe, la Dépendance aux opiacés était plus souvent observée chez les blancs des classes
moyennes, spécialement les femmes, ce qui suggère que les différences d’utilisation sont en rapport avec la disponibilité des drogues opiacées et avec d’autres facteurs sociaux. Le personnel médical qui a un accès direct aux opiacés, aurait un risque accru d’Abus ou de Dépendance aux opiacés.
La prévalence diminue à mesure que l’âge augmente. Cette tendance à une diminution de la Dépendance débute généralement vers l’âge de 40 ans et a été baptisée <<s’en sortir en mûrissant ». Cependant, de nombreuses personnes sont restées dépendantes aux opiacés pendant cinquante ans ou plus. Les hommes sont plus fréquemment
touchés, avec un rapport homme-femme qui est habituellement de 1,5/1 pour les opiacés autres que l’héroïne (ceux obtenus sur prescription) et de 3/1 pour l’héroïne.

Prévalence

Selon une étude nationale menée en 1996, 6,7 % des hommes et 4,5 % des femmes vivant aux États-Unis ont reconnu avoir déjà pris un analgésique d’une façon autre que celle prescrite. La prévalence au cours des 12 derniers mois était de 2 % et d’environ 1 % au cours du dernier mois. Les taux les plus élevés de prévalence sur la vie entière
de l’utilisation inappropriée des analgésiques se situaient chez les sujets âgés de 18 à 25 ans (9 %), avec chez ces sujets une prévalence de 5 % au cours des douze derniers mois et de 2 % au cours du dernier mois. La prévalence sur la vie entière de l’utilisation d’héroïne était d’environ 1 %, et de 0,2 % sur les 12 derniers mois. Selon une enquête menée en 1997 chez des étudiants, environ 2 % des étudiants de licence ont déjà pris de l’héroïne et 10 % reconnaissent avoir utilisé de façon inappropriée d’autres « analgésiques ». Ces taux de prévalence sur la vie entière de prise d’héroïne chez les étudiants de licence sont supérieurs à ceux de 1990 et 1994 (respectivement 1,3 et 1,2 %) et représentent les résultats les plus élevés depuis le taux supérieur à 2 % observé en 1975. Comme ces enquêtes portaient sur les modes d’utilisation et non sur les troubles, on ne sait pas combien de ces utilisateurs d’analgésiques ou d’héroïne avaient des symptômes correspondant aux critères de Dépendance ou d’Abus. Une étude dans la population générale, conduite aux États-Unis de 1980 à 1985, a montré qu’environ 0,7 % de la population adulte avait présenté un Abus ou une Dépendance aux opiacés à un moment quelconque de leur vie. Parmi les sujets ayant une Dépendance ou un Abus, 18 avaient signalé une utilisation au cours du dernier mois, et 42 % un problème avec les opiacés au cours de la dernière année.

Évolution

La Dépendance aux opiacés peut commencer à n’importe quel âge, mais, le plus souvent, les problèmes liés à l’utilisation des opiacés sont observés pour la première fois autour de la vingtième année. Une fois que la Dépendance se développe, elle est généralement continue sur une période de plusieurs années, même si de brèves périodes d’abstinence sont fréquentes. La rechute après abstinence est fréquente. Malgré les rechutes et alors qu’on a parfois rapporté des taux de mortalité à long terme atteignant 2 % par an, environ 20 à 30 % des sujets atteints de Dépendance aux opiacés deviennent abstinents à long terme. Une exception à cette évolution chronique typique de la Dépendance aux opiacés, a été observée chez les hommes engagés au Vietnam et qui y étaient devenus dépendants des opiacés. A leur retour aux États-Unis, moins de 10 % de ceux qui avaient été dépendants des opiacés ont rechuté, mais ils ont présenté une incidence accrue de Dépendance alcoolique ou de Dépendance aux amphétamines.
Peu de données sont disponibles sur l’évolution de l’Abus d’opiacés.

Aspects familiaux

Les membres des familles des sujets ayant une Dépendance aux opiacés sont susceptibles
de présenter un niveau plus élevé de psychopathologie, spécialement une
incidence augmentée de Troubles liés à une substance et de Personnalités antisociales.

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