PCP, KETAMINE… : dangers des produits à base de phencyclidine

Problèmes liés à la phencyclidine (PCP)

Ketamine

Article rédigé avec le DSM

Les phencyclidines (ou les substances similaires) comprennent la phencyclidine (PCP, Sernylan) et des produits moins puissants mais qui agissent de manière similaire comme la kétamine (Kétalar, Ketaject), la cyclohexamine et la dizocilpine. Ces substances ont d’abord été développées comme anesthésiques dissociatifs dans les années
1950 et sont devenues des drogues qu’on trouvait dans la rue dans les années 1960.
Elles peuvent être prises par voie orale ou intraveineuse ou peuvent être fumées. La phencyclidine (vendue illégalement sous des noms variés tels que PCP, Hog, Trang, Angel Dust [poussière d’ange], et Peace Pill) est la substance de cette classe qui fait le plus habituellement l’objet d’abus.

L’addiction, une histoire de plaisir et d’évolution

Depuis la nuit des temps, la conservation de l’espèce humaine répond à des règles de survie : se reproduire, se faire plaisir (manger, boire…) et prendre soin de soi et des autres, fuir le danger… Ces comportements animaux sont hérités de notre cerveau profond, dit « reptilien », centre des émotions de plaisir, de peur, de joie… et réagissant à une loi, celle de la récompense : on éprouve du plaisir à avoir fait l’amour, avoir bien mangé, avoir bien chassé… ces comportements ont été favorisés par l’évolution car ils sont généralement conservateurs pour l’individu, et le cerveau reptilien  libère de la dopamine, neurotransmetteur du plaisir dans ses noyaux gris centraux et réclame de renouveler ce plaisir.

Voir la suite dans l’article sur la drogue

Troubles liés à l’utilisation de phencyclidine (PCP)

Dépendance à la phencyclidine (PCP)

Certains des critères généraux pour une Dépendance à une substance ne s’appliquent pas à la phencyclidine. Bien qu’un « manque » ait été signalé chez des sujets présentant une utilisation massive, ni tolérance ni symptômes de sevrage n’ont été clairement démontrés chez l’homme (bien que leur survenue ait été mise en évidence
dans des études animales). En général, la phencyclidine n’est pas difficile à obtenir, et les sujets qui ont une Dépendance à la phencyclidine en fument souvent au moins 2 ou 3 fois par jour, passant ainsi une partie importante de leur temps à utiliser la substance et à en éprouver les effets. L’utilisation de la phencyclidine peut continuer
malgré la présence de problèmes psychologiques (p. ex., désinhibition, anxiété, colère, agressivité, panique et reviviscences ou « flash-packs ») ou médicaux (p. ex., hyperthermie, hypertension, convulsions) dont le sujet sait qu’ils sont causés par la substance. Les sujets qui ont une Dépendance à la phencyclidine peuvent présenter
des réactions comportementales dangereuses dues à un manque de prise de conscience et à un défaut de jugement pendant l’intoxication. Un comportement agressif avec bagarres résultant probablement d’une désorganisation de la pensée, d’une agitation et d’un trouble du jugement est reconnu comme l’un des effets indésirables particulièrement
problématiques de la phencyclidine. Comme avec les hallucinogènes, les réactions indésirables à la phencyclidine peuvent être plus fréquentes chez les sujets qui ont des troubles mentaux préexistants.

Critères de dépendance à une substance

Mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération
du fonctionnement ou une souffrance, cliniquement significative, caractérisé
par la présence de trois ou plus) des manifestations suivantes, à
un moment quelconque d’une période continue de 12 mois :
(1) tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :
(a) besoin de quantités notablement plus fortes de la substance
pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré
(h) effet notablement diminué en cas d’utilisation continue
d’une même quantité de la substance
(2) sevrage caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations
suivantes :
(a) syndrome de sevrage caractéristique de la substance (voir les
critères A et B des critères de Sevrage à une substance
spécifique)
(b) la même substance (ou une substance très proche) est prise
pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage
(3) la substance est souvent prise en quantité plus importante ou
pendant une période plus prolongée que prévu
(4) il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer
ou contrôler l’utilisation de la substance
(5) beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour
obtenir la substance (p. ex., consultation de nombreux médecins
ou déplacement sur (le longues distances), à utiliser le produit
(p. ex., fumer sans discontinuer), ou à récupérer de ses effets
(6) des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes
sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation de la
substance
(7) l’utilisation de la substance est poursuivie bien que la personne
sache avoir un problème psychologique ou physique persistant
ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la
substance (par exemple, poursuite de la prise de phencyclidine (PCP) bien
que la personne admette une dépression liée à la phencyclidine (PCP), ou
poursuite de la prise de boissons alcoolisées bien que le sujet
reconnaisse l’aggravation d’un ulcère du fait de la consommation
d’alcool)

Abus de phencyclidine (PCP)

Bien que les sujets qui abusent de phencyclidine utilisent la substance bien moins fréquemment que ceux qui ont une Dépendance, ils peuvent, de manière répétitive, omettre de remplir leurs obligations majeures scolaires, professionnelles ou à la maison du fait de l’Intoxication à la phencyclidine. Les sujets peuvent utiliser la phencyclidine dans des situations où c’est physiquement dangereux (comme lors de l’utilisation de grosses machines, ou en conduisant une motocyclette ou une voiture). Des problèmes judiciaires peuvent survenir du fait de la possession de phencyclidine, ou du fait de comportements qui résultent de l’Intoxication (p. ex., bagarres). Il peut y avoir des problèmes sociaux ou interpersonnels récurrents dus au comportement du sujet pendant l’intoxication ou à son style de vie chaotique, aux problèmes judiciaires multiples ou aux disputes avec des proches importants.

Critères de l’abus d’une substance

A. Mode d’utilisation inadéquat d’une substance conduisant à une altération
du fonctionnement Ou à une souffrance cliniquement
significative, caractérisé par la présence d’au moins une des manifestations
suivantes au cours d’une période de 12 mois :
(1) utilisation répétée d’une substance conduisant à l’incapacité de
remplir des obligations majeures, au travail, à l’école, ou à la
maison (par exemple, absences répétées ou mauvaises performances
au travail du fait de l’utilisation de la substance, absences,
exclusions temporaires ou définitives de l’école, négligence des
enfants ou des tâches ménagères)
(2) utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela
peut être physiquement dangereux (par exemple, lors de la
conduite d’une voiture ou en faisant fonctionner une machine
alors qu’on est sous l’influence d’une substance)
(3) problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation d’une substance
(p. ex., arrestations pour comportement anormal en rapport avec
l’ utilisation de la substance)
(4) utilisation de la substance malgré des problèmes interpersonnels
ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les
effets de la substance (par exemple disputes avec le conjoint à
propos des conséquences de l’intoxication, bagarres)
B. Les symptômes n’ont jamais atteint, pour cette classe de substance,
les critères de la Dépendance à une substance.

Depuis le DSM5, ces notions assez confuses d’Abus et de Dépendance sont regroupés sous le terme Trouble d’utilisation :

 

  1. Mode problématique d’utilisation de la substance conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance qui sont cliniquement significatives, comme en témoignent au moins 2 des éléments suivants survenant dans une période de 12 mois :
    1. La substance est souvent pris en quantité plus importante ou pendant une période plus longue que prévu.
    2. Il y a un désir persistant de diminuer ou de contrôler l’utilisation de la substance ou des efforts infructueux pour diminuer ou contrôler l’utilisation.
    3. Beaucoup de temps est consacré à des activités nécessaires pour obtenir de la substance, utiliser la substance et récupérer de ses effets.
    4. Forte envie, désir ou besoin de consommer la substance.
    5. L’usage de la substance a pour conséquence des manquements récurrents à des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison.
    6. Poursuite de l’utilisation de la substance malgré des problèmes sociaux ou interpersonnels, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de la substance.
    7. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l’usage de la substance.
    8. Usage récurrent de la substance dans des situations où c’est physiquement dangereux.
    9. L’usage de la substance est poursuivi bien que la personne soit consciente d’avoir un problème physique ou psychologique persistant ou récurrent qui est susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la substance.
    10. Tolérance, telle que définie par l’un des éléments suivants :
      1. Besoin de quantités notablement plus grandes de la substance pour obtenir une intoxication ou l’effet souhaité.
      2. Effet notablement diminué avec l’utilisation continue de la même quantité de la substance.
    11. Sevrage, tel que manifesté par un des éléments suivants :
      1. Le syndrome de sevrage caractéristique de la substance.
      2. La substance est prise pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.

Niveaux de sévérité :

  • Léger : présence de 2-3 symptômes.
  • Modéré : présence de 4-5 symptômes.
  • Sévère : présence de 6 symptômes ou plus.

Troubles induits par la phencyclidine (PCP)

    • Intoxication à la phencyclidine (PCP)

La caractéristique essentielle de l’Intoxication à la phencyclidine est la présence de changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement significatifs (p. ex., bagarre, agressivité, impulsivité, imprévisibilité, agitation psychomotrice, altération du jugement, ou altération du fonctionnement social ou professionnel), qui se développent pendant ou peu après l’utilisation de phencyclidine (ou d’une substance
similaire) (Critères A et B).

Ces changements sont accompagnés par au moins deux des signes suivants, qui se développent dans l’heure qui suit l’utilisation de la substance (moins si la substance a été fumée, sniffée, ou utilisée par voie intraveineuse) :
nystagmus horizontal ou vertical, hypertension ou tachycardie, engourdissement ou diminution de la réponse à la douleur, ataxie, dysarthrie, rigidité musculaire, crises convulsives ou coma, et hyperacousie (Critère C).

Les symptômes ne doivent pas être dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (Critère D).
Les signes et symptômes spécifiques sont fonction de la close. Les doses faibles de phencyclidine produisent vertiges, ataxie, nystagmus, hypertension légère, mouvements involontaires anormaux, langage bredouillant, nausées, faiblesse, ralentissement du temps de réaction, euphorie ou banalisation des affects, facilité d’élocution, et disparition du sens des responsabilités. Une désorganisation de la pensée, une modification de l’image du corps et des perceptions sensorielles, une dépersonnalisation, et des sentiments d’irréalité se produisent à des doses intermédiaires. On a mis en évidence que les sujets atteints de Schizophrénie pouvaient éprouver une aggravation
de leurs symptômes psychotiques. Des closes plus élevées produisent amnésie et coma, et une analgésie suffisante pour les interventions chirurgicales ; des convulsions avec dépression respiratoire surviennent aux plus fortes doses. Les effets débutent presque immédiatement après administration intraveineuse ou transpulmonaire, atteignant
leur acmé en quelques minutes. Les effets sont maximaux environ 2 heures après les doses orales. Dans les intoxications plus modérées, les effets cèdent après 8 à 20 heures, cependant que les signes et symptômes des intoxications sévères peuvent persister pendant plusieurs jours. Le Trouble psychotique induit par la phencyclidine peut persister pendant plusieurs semaines.

Critères diagnostiques de l’intoxication à la phencyclidine (PCP)

A. Utilisation récente de phencyclidine (ou d’une substance voisine).
B. Changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement
significatifs (p. ex., bagarres, agressivité, impulsivité,
imprévisibilité, agitation psychomotrice, altération du jugement, ou
altération du fonctionnement social ou professionnel) qui se sont
développés pendant ou peu après l’utilisation de phencyclidine.
C. Au moins deux cies signes suivants se développent dans l’heure qui
suit (moins si la substance a été fumée, « sniffée >», ou utilisée par voie
intraveineuse) :
(1) nystagmus horizontal ou vertical
(2) hypertension ou tachycardie
(3) engourdissement ou diminution de la réponse à la douleur
(4) ataxie
(5) dysarthrie
(6) rigidité musculaire
(7) crises convulsives ou coma
(8) hyperacousie
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et
ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.

Caractéristiques et troubles associés

Bien que les sujets ayant une Intoxication à la phencyclidine puissent rester vigiles et orientés, il peuvent
présenter un delirium, un coma, des symptômes psychotiques, ou un mutisme catatonique avec postures anormales. Des intoxications répétées peuvent conduire à des problèmes professionnels, familiaux, sociaux ou judiciaires. De la violence, de l’agitation, et un comportement bizarre (p. ex., errance avec confusion) peuvent se produire.
Les sujets ayant une Dépendance ou un Abus à la phencyclidine peuvent signaler la répétition d’hospitalisations, de consultations aux urgences, et d’arrestations pour comportement bizarre ou confus, ou bagarres, liées à l’intoxication. Un Trouble des conduites, chez l’adolescent, et une Personnalité antisociale, chez l’adulte, peuvent être associés à l’utilisation de la phencyclidine. La Dépendance à d’autres substances, (surtout
la cocaïne, l’alcool et les amphétamines) est habituelle chez ceux qui ont une Dépendance à la phencyclidine.

Examens complémentaires.

La phencyclidine (ou une substance similaire) est présente dans les urines des sujets qui ont une intoxication aiguë à l’une de ces substances.
La substance peut être détectée dans l’urine plusieurs semaines après la fin d’une période d’utilisation prolongée ou à très forte dose à cause de sa liposolubilité élevée.
La phencyclidine peut être plus facilement détectée dans des urines acidifiées. La créatine- phosphokinase (CPK) et la transaminase sérique glutamo-oxaloacétique (SGOT) sont souvent élevées, reflétant une atteinte musculaire.

Examen physique et affections médicales générales associées.

L’Intoxication à la phencyclidine provoque une toxicité importante au niveau cardio-vasculaire et neurologique
(p. ex., convulsions, dystonies, dyskinésies, catalepsie, et hypothermie ou hyperthermie). Étant donné qu’environ la moitié des sujets atteints d’Intoxication à la phencyclidine ont un nystagmus ou une élévation de la pression artérielle, ces signes physiques peuvent être utiles pour identifier un utilisateur de phencyclidine. Chez les
sujets qui ont une Dépendance ou un Abus à la phencyclidine, il peut y avoir des stigmates physiques de blessures par accident, bagarre, et chutes. Des cordons secondaires aux piqûres, des hépatites, des maladies liées au virus de l’immunodéficience humaine (VIH), et des endocardites bactériennes peuvent se rencontrer chez les sujets, relativement peu nombreux, qui prennent de la phencyclidine par voie intraveineuse. Des noyades, même avec de faibles hauteurs d’eau ont été signalées. Les problèmes respiratoires incluent : apnée, bronchospasme, bronchorrhée, inhalation bronchique au cours d’un coma, et hypersalivation. Une rhabdomyolyse avec atteinte rénale est notée chez environ 2 % des sujets qui se présentent aux urgences pour traitement. L’arrêt cardiaque
est rare.

Caractéristiques liées à la culture, à l’âge et au sexe

La prévalence des problèmes liés à la phencyclidine semble plus élevée chez les personnes de 20 à 40 ans, et environ deux fois plus fréquente chez les hommes, et dans les minorités ethniques. Les trois quarts des consultations d’urgences hospitalières liées à la phencyclidine concernent des hommes.

Prévalence

Aux États-Unis, les médecins légistes indiquent que la phencyclidine est impliquée dans environ 3 % des décès associés à l’utilisation d’une substance. Selon une enquête nationale menée en 1996 sur l’utilisation des drogues, plus de 3 % des sujets âgés d’au moins 12 ans ont reconnu avoir déjà utilisé de la phencyclidine, et 0,2 au cours des 12 derniers mois. Le pic de prévalence sur la vie entière se situait entre rage de 26 et 34 ans , alors que chez les sujets avant pris de la phencyclidine au cours des douze derniers mois, on le trouvait clans la classe d’âge 12-17 an. Il faut noter que Ces enquêtes mesurent des modes d’utilisation plutôt que des troubles, si bien que l’on ne sait pas combien des sujets étudiés ayant utilisé de la phencyclidine avaient les symptômes remplissant les critères de Dépendance ou d’Abus. La prévalence de la Dépendance à la phencyclidine ou de l’Abus de phencyclidine dans la population générale n’est pas connue.

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