PERFECTIONNISTE : elle veut tout controler, la personnalité obsessionnelle

Perfectionniste, qui veut tout contrôler : la personnalité obsessionnelle compulsive

La personnalité obsessionnelle compulsive est caractérisée par une préoccupation par l’ordre, la perfection et le contrôle.

En gros cette personne se dit « tout ce que je fait doit être parfaitement exécuté et il faut contrôler l’environnement »

Perfectionnisme et controle de soi et des autres, la personnalité obsessionnelle

Article rédigé d’après le DSM

L’ambiance familiale classique est une famille laborieuse, dans laquelle on doit éviter les erreurs, être perfectionniste, obéir, travailler et ou la joie en famille et les loisirs sont peu présents. La peur de perdre ce qu’on a si on ne se montre pas toujours vigilant est souvent la base de ce comportement laborieux qui fait primer le travail sur les loisirs. On veut « tout contrôler »

 

Diagnostic

La caractéristique essentielle de la Personnalité obsessionnelle-compulsive est une préoccupation par l’ordre, la perfection, le contrôle mental et interpersonnel, aux dépens de la souplesse, de l’ouverture et de l’efficacité. Ce tableau apparaît au début de l’âge adulte et est présent clans des contextes divers.

Les sujets ayant une Personnalité obsessionnelle-compulsive tentent de garder la maîtrise du contrôle par une attention laborieuse prêtée aux règles, aux détails mineurs, à l’organisation, aux listes, aux emplois du temps, ou aux questions de forme, au point que le but essentiel de l’activité est perdu de vue (Critère 1).
Ces sujets sont très soigneux et ont tendance à répéter ce qu’ils font, ils consacrent une attention excessive aux détails et vérifient très souvent pour voir s’ils n’ont pas fait d’erreurs. Ils ne sont pas conscients du fait que les autres sont irrités par le retard et la gêne qui résultent de ce comportement. Par exemple, quand ces sujets égarent une liste de tâches à réaliser, ils préféreront perdre un temps excessif à rechercher cette liste plutôt que de passer quelques instants à la réécrire de mémoire et de se mettre réellement au travail.
Le temps est très mal géré, le plus important étant laissé pour la fin. Le perfectionnisme et le très haut niveau de performance que s’imposent ces personnes leur causent une souffrance et une gêne significatives dans leur fonctionnement.

Ils peuvent passer tellement de temps à rendre chaque détail d’un projet absolument parfait, que le projet lui-même n’aboutit jamais (Critère 2).
Par exemple, un rapport écrit ne peut pas être achevé car il doit sans cesse être réécrit et n’est jamais assez parfait. Les délais ne peuvent jamais être respectés et les aspects de la vie de l’individu qui ne sont pas au
centre de son activité actuelle peuvent être très négligés.

Les individus obesssionnels-compulsifs se consacrent trop au travail et à la productivité aux dépens des loisirs et des relations amicales (Critère 3).
Ce comportement ne peut pas être attribué à des considérations d’ordre économique. Ces sujets ont souvent l’impression qu’ils ne peuvent pas s’accorder une soirée ou une fin de semaine pour sortir ou seulement pour se détendre. Des activités agréables comme les vacances sont sans arrêt repoussées au point que, parfois, elles ne surviennent jamais. Quand ils finissent par s’accorder du temps pour leurs loisirs ou leurs vacances, ils se sentent mal à l’aise s’ils n’ont pas emporté du travail avec eux pour ne pas « perdre » leur temps. Les
tâches domestiques peuvent être très investies (le nettoyage peut être fait à fond de manière répétée au point qu’il serait possible de « manger par terre »). Le temps passé avec des amis l’est généralement sous la forme d’une activité dans un cadre structuré (p. ex., une activité sportive). Les passe-temps et les loisirs sont abordés comme des tâches sérieuses qui doivent être organisées et maîtrisées par un dur labeur. Une performance parfaite est importante. Ces sujets transforment les jeux en des tâches
structurées (p. ex., ils corrigent un bébé qui n’empile pas des anneaux dans le bon ordre, ils veulent qu’un jeune enfant conduise son tricycle en ligne droite ou ils transforment une séance de sport en un cours pénible).

Les sujets obsessionnels-compulsifs sont parfois trop consciencieux, scrupuleux et rigides en matière de moralité, d’éthique ou de valeurs (Critère 4).
Ils peuvent se forcer eux-mêmes et forcer les autres à suivre des codes moraux et professionnels très stricts. Ils peuvent aussi être très critiques vis-à-vis de leurs propres erreurs. Ces individus respectent
strictement l’autorité et les règles qui doivent être appliquées à la lettre sans pouvoir être adaptées aux circonstances. Par exemple, ces individus ne prêteront pas un euro à un ami pour téléphoner pour obéir au principe selon lequel « tu ne prêteras et n’emprunteras pas » et pour ne pas donner de « mauvaises habitudes ». Ces caractéristiques ne sont pas expliquées par la culture ou les croyances religieuses de la personne.

Les individus obsessionnels-compulsifs sont souvent incapables de jeter des objets usés ou sans valeur, même si ceux-ci n’ont pas de valeur sentimentale (Critère 5).
Ils reconnaissent souvent leur collectionnisme. Ils pensent que jeter un objet est un gaspillage car « on ne sait jamais quand on aura besoin de quelque chose » et ils se mettent en colère si l’on essaye de jeter ce qu’ils ont accumulé. Leur conjoint ou les personnes qui vivent avec eux se plaignent souvent de toute la place qui est occupée par de vieux objets, des magazines, des appareils cassés, etc.

Les personnes obsessionnelles-compulsives ont du mal à déléguer des tâches ou à travailler avec d’autres (Critère 6).
Ils insistent, avec entêtement et sans raison, pour que l’on fasse les choses à leur manière et pour que les gens suivent leurs consignes.
Ils donnent souvent des instructions très détaillées sur la manière de faire quelque chose (p. ex., il n’y a qu’une seule manière de tondre la pelouse, de faire la vaisselle ou de construire une niche pour le chien) et ils sont surpris et irrités si d’autres suggèrent des alternatives utiles. Ils peuvent parfois refuser d’être aidés, même s’ils sont en retard, parce qu’ils pensent que personne d’autre ne peut faire les choses correctement.

Les individus obsessionnels-compulsifs sont souvent avares et radins et vivent largement en dessous de leurs moyens, avec l’idée que leurs dépenses doivent être étroitement surveillées afin de pouvoir faire face à d’éventuelles catastrophes (Critère 7).

Les sujets obsessionnels-compulsifs sont caractérisés par leur rigidité et leur entêtement (Critère 8).
Ils sont tellement préoccupés par la réalisation des choses selon la « seule manière correcte » qu’ils ont du mal à accepter les idées de quelqu’un d’autre.
Ils prévoient tout à l’avance de manière très détaillée et ont du mal à envisager des changements. Ils sont tellement absorbés par leur manière de voir les choses qu’ils ne peuvent pas prendre en considération les points de vue des autres. Ils exaspèrent leurs amis et leurs collègues par leur rigidité permanente. Même quand ils reconnaissent qu’un compromis serait dans leur intérêt, ils peuvent camper avec rigidité sur leurs positions pour des « questions de principe ».

Critères diagnostiques de la personnalité obsessionnelle-compulsive

Mode général de préoccupation par l’ordre, le perfectionnisme et le contrôle mental et interpersonnel, aux dépens d’une souplesse, d’une ouverture et de l’efficacité qui apparaît au début de l’âge adulte et est
présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes :
(1) préoccupations par les détails, les règles, les inventaires, l’organisation
ou les plans au point que le but principal de l’activité est
perdu de vue
(2) perfectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches (p. ex.,
incapacité d’achever un projet parce que des exigences personnelles
trop strictes ne sont pas remplies)
(3) dévotion excessive pour le travail et la productivité à l’exclusion
des loisirs et des amitiés (sans que cela soit expliqué par des
impératifs économiques évidents)
(4) est trop consciencieux, scrupuleux et rigide sur des questions de
morale, d’éthique ou de valeurs (sans que cela soit expliqué par
une appartenance religieuse ou culturelle)
(5) incapacité de jeter des objets usés ou sans utilité même si ceux ci
n’ont pas de valeur sentimentale
(6) réticence à déléguer des tâches ou à travailler avec autrui à moins
que les autres se soumettent exactement à sa manière de faire
les choses
(7) se montre avare avec l’argent pour soi-même et les autres ;
l’argent est perçu comme quelque chose qui doit être thésaurisé
en vue de catastrophes futures
(8) se montre rigide et têtu

Caractéristiques et troubles associés

La prise de décision peut devenir très longue et difficile quand la bonne réponse n’est pas dictée par les règles et les habitudes. Les personnes obsessionnelles-compulsives peuvent avoir tellement de mal à décider quelle tâche est prioritaire ou quelle est la meilleure manière de procéder qu’elles n’arrivent jamais à démarrer quoi que ce soit.
Elles se fâchent ou s’irritent facilement quand elles perdent le contrôle de leur environnement physique ou interpersonnel ; toutefois la colère est typiquement exprimée de manière indirecte. Une personne se met par exemple en colère si le service dans un restaurant est mal fait, mais, au lieu de se plaindre au patron, elle va ruminer sur le pourboire à laisser.
La colère peut se traduire à d’autres occasions par un courroux indigné à propos d’une affaire apparemment mineure. Les individus obsessionnels-compulsifs sont souvent très attentifs à leur position relative dans les rapports de soumission et de domination ; ils sont souvent excessivement soumis à l’autorité qu’ils respectent et résistent à celle qu’ils ne respectent pas.
Ces individus expriment souvent leur affection de manière contrôlée ou formelle et sont parfois mis mal à l’aise par les personnes qui sont très expressives émotionnellement.
Leur relations quotidiennes ont un aspect formel et guindé et ils peuvent être rigides dans des situations où d’autres seraient souriants et heureux (p. ex., en allant accueillir l’être aimé à l’aéroport).
Ils se contrôlent soigneusement jusqu’à ce qu’ils soient sûrs que ce qu’ils vont dire est parfait. Ils peuvent beaucoup privilégier la logique et l’intellect et être très intolérants des comportements émotionnels chez autrui.
Ils ont souvent du mal à exprimer des sentiments tendres et font rarement des compliments.
Ces personnes peuvent rencontrer des difficultés au travail et se sentir mal à l’aise quand elles sont confrontées à des situations nouvelles qui exigent de la souplesse et des compromis.
Les sujets ayant des Troubles anxieux, notamment une Anxiété généralisée, un Trouble obsessionnel-compulsif, une Phobie sociale et des Phobies spécifiques sont plus à même d’avoir une perturbation de la personnalité qui remplit les critères du Trouble obsessionnel-compulsif de la personnalité. Cela étant, la majorité des individus qui ont un Trouble obsessionnel-compulsif n’ont pas un mode de comportement qui répond aux critères de ce Trouble de la personnalité.

Caractéristiques liées à la culture et au sexe

Dans la recherche des critères d’une Personnalité obsessionnelle-compulsive, le clinicien ne doit pas inclure les comportements correspondant aux habitudes, aux coutumes ou aux styles de relation interpersonnelle qui font partie des normes culturelles du groupe de référence de l’individu. Certaines cultures accordent beaucoup d’importance
au travail et à la productivité ; les comportements qui sont la conséquence de ces normes culturelles ne doivent pas être considérés comme des signes de Personnalité obsessionnelle-compulsive. Dans les études systématiques, un diagnostic de Personnalité obsessionnelle-compulsive est fait deux fois plus souvent chez l’homme que chez
la femme.

Prévalence

Les études fondées sur une évaluation systématique estiment la prévalence de la Personnalité obsessionnelle-compulsive à environ 1 % des échantillons de la population générale et à 3 à 10 % parmi les clients des consultations psychiatriques.

Diagnostic différentiel

Malgré la similitude des appellations, le Trouble obsessionnel-compulsif est d’habitude facilement distingué de la Personnalité obsessionnelle-compulsive par la présence de véritables obsessions et compulsions. En particulier, un diagnostic de Trouble obsessionnel-compulsif doit être considéré quand la thésaurisation devient extrême (p. ex., quand les tas d’objets sans valeur accumulés créent un risque en cas d’incendie et gênent le passage dans la maison). Quand les critères des deux troubles sont remplis, les deux diagnostics doivent être enregistrés.
Certains Troubles de la personnalité ont des traits en commun avec la Personnalité obsessionnelle-compulsive et peuvent être confondus avec elle. Il est alors important de distinguer ces troubles en se fondant sur les éléments caractéristiques qui les différencient les uns des autres. Cependant, si une personne présente des traits de
personnalité qui remplissent les critères d’un ou de plusieurs Troubles de la personnalité, en plus de la Personnalité obsessionnelle-compulsive, tous les diagnostics peuvent être portés simultanément.
Les individus qui ont une Personnalité narcissique peuvent aussi être perfectionnistes et penser que les autres ne peuvent pas faire les choses aussi bien qu’eux ; cependant, ils ont plus tendance à croire qu’ils ont fait les choses de manière parfaite alors que les personnes qui ont une Personnalité obsessionnelle- compulsive sont habituellement critiques vis-à-vis d’elles-mêmes. Les personnes ayant une Personnalité narcissique ou une Personnalité antisociale manquent également de générosité mais s’accordent beaucoup de choses à elles- mêmes ; en revanche, on observe dans la Personnalité obsessionnelle-compulsive une avarice tant à l’égard de soi-même que vis-à-vis des autres.
Un aspect formel et un détachement social existent tant dans la Personnalité schizoïde que dans la Personnalité obsessionnelle compulsive.
Dans cette dernière, cela provient d’une gêne provoquée par les émotions et d’une dévotion excessive au travail, tandis qu’il y a dans la Personnalité schizoïde une inaptitude fondamentale à l’intimité.

Un diagnostic de Personnalité pathologique ne doit être porté que lorsque ces traits sont rigides, inadaptés, persistants et qu’ils causent une souffrance subjective uu une altération significative du fonctionnement.

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