ANXIETE « J’AI PEUR DE TOUT » : l’anxiété et le trouble anxieux

Anxiété et troubles anxieux

 

1/ Deux définitions

Une Attaque de panique est une période bien délimitée marquée par l’occurrence soudaine d’une appréhension intense, d’une peur ou d’une terreur souvent associée à des sensations de catastrophe imminente. Durant ces attaques sont présents des symptômes tels que des sensations de « souffle coupé », des palpitations, des douleurs ou une gêne thoracique, des sensations d’étranglement ou des impressions
d’étouffement et la peur de devenir « fou » ou de perdre le contrôle de soi. Voir attaque de panique

L’Agoraphobie est une anxiété liée à, ou un évitement d’endroits ou de situations, d’où il pourrait être difficile (ou gênant) de s’échapper ou dans lesquels aucun secours ne serait disponible en cas d’Attaque de panique ou de symptômes à type de panique. Voir agoraphobie

2/ Troubles anxieux

Voici quelques troubles anxieux:

2.1/ Trouble panique

2.1.1/ Trouble panique sans Agoraphobie

Le Trouble panique sans Agoraphobie est caractérisé par des Attaques de
panique récurrentes et inattendues à propos desquelles il existe une inquiétude persistante. Voir panique

2.1.2/ Trouble panique avec Agoraphobie

Le Trouble panique avec Agoraphobie est caractérisé à la fois par des
Attaques de panique récurrentes et inattendues et par une Agoraphobie.

Voir agoraphobie

2.2/ Agoraphobie sans antécédent de Trouble panique

L’Agoraphobie sans antécédent de Trouble panique est caractérisée par la
présence d’une Agoraphobie et de symptômes de type panique sans antécédent d’Attaques de panique inattendues.

Voir agoraphobie

2.3/ Phobie spécifique

La Phobie spécifique est caractérisée par une anxiété cliniquement significative, provoquée par l’exposition à un objet ou une situation spécifique redoutés, conduisant souvent à un comportement d’évitement.

2.4/ Phobie sociale

La Phobie sociale est caractérisée par une anxiété cliniquement significative provoquée par l’exposition à un certain type de situations sociales ou de situations de performance, conduisant souvent à un comportement d’évitement.

 

2.5/ Trouble d’Anxiété généralisée

L’Anxiété généralisée (Trouble) est caractérisée par une période d’au moins six mois d’anxiété et de soucis persistants et excessifs.

Diagnostic

La caractéristique essentielle de l’Anxiété généralisée est une anxiété et des soucis excessifs (attente avec appréhension) survenant la plupart du temps durant une période d’au moins six mois et concernant plusieurs événements ou activités (Critère A).

Le sujet éprouve de la difficulté à contrôler ses préoccupations (Critère B).

L’anxiété et les soucis sont accompagnés d’au moins trois symptômes supplémentaires parmi une liste qui comprend agitation, fatigabilité, difficultés de concentration, irritabilité, tension musculaire et perturbation du sommeil (un seul symptôme additionnel est nécessaire chez les enfants) (Critère C).

L’objet de l’anxiété et des soucis n’est pas limité aux manifestations d’un autre trouble comme le fait d’avoir une Attaque de panique (comme dans le Trouble panique), d’être gêné en public (comme dans la Phobie sociale), d’être contaminé (comme dans le Trouble obsessionnel-compulsif), d’être loin de son domicile ou de ses proches (comme dans le Trouble Anxiété de séparation), de prendre du poids (comme dans l’Anorexie mentale), d’avoir de multiples plaintes somatiques (comme dans le Trouble Somatisation) ou d’avoir une maladie sévère (comme dans l’Hypocondrie) ; l’anxiété et les soucis ne surviennent pas exclusivement durant un État de stress post-traumatique (Critère D).

Bien que les sujets ayant une Anxiété généralisée ne puissent pas toujours identifier les soucis comme « excessifs », ils font état d’une souffrance subjective due à une préoccupation constante, ont des difficultés à contrôler leur préoccupation ou présentent une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants (Critère E).

La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une substance (c.-à-d. une substance donnant lieu à abus, un médicament ou l’exposition à un toxique) ou d’une affection médicale générale et ne survient pas exclusivement durant un trouble de l’Humeur, un Trouble psychotique ou un Trouble envahissant du développement (Critère F).

L’intensité, la durée ou la fréquence de l’anxiété et des soucis sont hors de proportion avec la probabilité — ou l’impact — de l’événement redouté. La personne éprouve des difficultés à empêcher les pensées inquiétantes d’interférer avec l’attention portée aux tàches en cours et a des difficultés pour arrêter de se faire des soucis. Les adultes ayant une Anxiété généralisée s’inquiètent souvent au sujet des circonstances quotidiennes de la vie de tous les jours comme les responsabilités professionnelles, les problèmes financiers, la santé des membres de la famille, les infortunes de leurs enfants ou de sujets mineurs (tels les travaux domestiques, les réparations de voiture ou le fait d’être en retard à des rendez-vous). Les enfants ayant une anxiété généralisée ont tendance
à s’inquiéter de manière excessive quant à leurs compétences ou à la qualité de leurs performances. Durant l’évolution du trouble, l’objet des soucis peut varier d’une préoccupation à une autre.

Caractéristiques et troubles associés

Outre la tension musculaire, il peut exister des tremblements, des contractions, des sensations de tremblement et des douleurs ou des endolorissements musculaires. De nombreux sujets ayant une Anxiété généralisée ressentent également des symptômes somatiques (p. ex., mains froides et humides ; bouche sèche ; transpiration ; nausée ou
diarrhée ; pollakiurie ; difficultés pour avaler ou « boule » dans la gorge) et une réponse de sursaut exagérée. Des symptômes d’hyperactivité neuro-végétative (p. ex., augmentation de la fréquence cardiaque, souffle court, vertiges) sont moins importants dans l’Anxiété généralisée que dans les autres Troubles anxieux tels que le Trouble panique et l’État de stress post-traumatique. Les symptômes dépressifs sont également fréquents.
L’Anxiété généralisée survient très fréquemment en même temps que des Troubles de l’Humeur (p. ex., Trouble dépressif majeur ou Trouble dysthymique), d’autres Troubles anxieux (p. ex., Trouble panique, Phobie sociale, Phobie spécifique) et des Troubles liés à une substance (Dépendance ou Abus à l’alcool ou aux sédatifs, hypnotiques ou anxiolytiques). D’autres affections qui peuvent être associées au stress (syndrome du colon irritable, céphalées) accompagnent fréquemment l’Anxiété généralisée.

Caractéristiques liées à la culture, à l’âge et au sexe

Il existe une variation culturelle considérable dans l’expression de l’anxiété (p. ex., dans certaines cultures, l’anxiété s’exprime de manière prédominante par des symptômes somatiques, dans d’autres par des symptômes cognitifs). Il est important de considérer le contexte culturel lorsque l’on évalue le caractère excessif des soucis portant sur certaines situations.
Chez les enfants et les adolescents ayant une Anxiété généralisée, l’anxiété et les soucis concernent souvent la qualité de leur performance ou leur compétence à l’école ou dans les événements sportifs, même lorsque leur performance n’est pas évaluée par les autres. Ils peuvent avoir des préoccupations excessives concernant la ponctualité. Ils peuvent également être préoccupés par l’idée d’événements catastrophiques tels des tremblements de terre ou une guerre nucléaire. Les enfants ayant ce trouble peuvent être excessivement conformistes, perfectionnistes et peu sûrs d’eux-mêmes, et ont tendance à refaire les tàches par un manque excessif de satisfaction d’une performance qui n’est pas (tout à fait) parfaite. Ils sont typiquement trop zélés dans la recherche d’une approbation et requièrent une réassurance excessive vis-à-vis de leur performance et de leurs autres soucis.
Le diagnostic d’Anxiété généralisée peut être porté de manière excessive chez les enfants. Lorsque ce trouble est recherché chez les enfants, une évaluation attentive des autres Troubles anxieux de l’enfance doit être faite afin de déterminer si les préoccupations ne sont pas mieux expliquées par l’un de ces troubles. Le Trouble anxiété de
séparation, la Phobie sociale et le Trouble obsessionnel-compulsif sont souvent accompagnés de préoccupations qui peuvent ressembler à celles décrites dans l’Anxiété généralisée. Par exemple, un enfant ayant une Phobie sociale peut être préoccupé par ses performances scolaires du fait d’une peur d’être humilié. Les préoccupations concernant
la maladie peuvent également être mieux expliquées par le Trouble anxiété de séparation ou le Trouble obsessionnel-compulsif.
Dans les services cliniques, le trouble est diagnostiqué un peu plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes (environ 55 à 60 % des sujets se présentant avec ce trouble sont des femmes). Dans les études épidémiologiques, la répartition selon le sexe est d’environ deux tiers de femmes pour un tiers d’hommes.

Prévalence

Dans un échantillon de la population générale, le taux de prévalence sur un an de l’Anxiété généralisée est approximativement de 3 % et la prévalence sur la vie de 5 %.
Dans les cliniques spécialisées dans les troubles anxieux, plus de 25 % des sujets se présentent avec une Anxiété généralisée, comme diagnostic principal ou comorbide.

Évolution

De nombreux sujets ayant une Anxiété généralisée rapportent qu’ils se sont sentis anxieux et nerveux toute leur vie. Bien que plus de la moitié de ceux se présentant pour un traitement fassent état d’un début durant l’enfance ou l’adolescence, un début survenant après l’âge de 20 ans n’est pas inhabituel. L’évolution est chronique mais fluctuante et s’aggrave souvent durant les périodes de stress.

Aspects familiaux

Il existe une Association familiale pour l’anxiété en tant que trait. Bien que les premières études aient rapporté des résultats inconsistants concernant les modalités de répartition familiale de l’Anxiété généralisée, des études plus récentes de jumeaux suggèrent une contribution génétique dans l’apparition de ce trouble. De plus, les facteurs génétiques qui influencent la vulnérabilité à l’Anxiété généralisée peuvent être très proches de ceux
du Trouble dépressif majeur.
 

Critères diagnostiques

A. Anxiété et soucis excessifs (attente avec appréhension) survenant la
plupart du temps durant au moins 6 mois concernant un certain
nombre d’événements ou d’activités (tel le travail ou les performances
scolaires).
B. La personne éprouve de la difficulté à contrôler cette préoccupation.
C. L’anxiété et les soucis sont associés à trois (ou plus) des six symptômes
suivants (dont au moins certains symptômes présents la
plupart du temps durant les 6 derniers mois). N.-B. : Un seul item
est requis chez l’enfant.
(1) agitation ou sensation d’être survolté ou à bout
(2) fatigabilité
(3) difficultés de concentration ou trous de mémoire
(4) irritabilité
(5) tension musculaire
(6) perturbation du sommeil (difficultés d’endormissement ou
sommeil interrompu ou sommeil agité et non satisfaisant)
D. L’objet de l’anxiété et des soucis n’est pas limité aux manifestations
d’un trouble de l’axe I, p. ex., l’anxiété ou la préoccupation n’est pas
celle d’avoir une Attaque de Panique (comme dans le Trouble
panique), d’être gêné en public (comme clans la Phobie sociale),
d’être contaminé (comme dans le Trouble obsessionnel-compulsif),
d’être loin de son domicile ou de ses proches (comme dans le
Trouble anxiété de séparation), de prendre du poids (comme dans
l’Anorexie mentale), d’avoir de multiples plaintes somatiques
(comme dans le Trouble somatisation) ou d’avoir une maladie grave
(comme dans l’Hypocondrie), et l’anxiété et les préoccupations ne
surviennent pas exclusivement au cours d’un État de stress
posttraumatique.
E. L’anxiété, les soucis ou les symptômes physiques entraînent une
souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement
social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
F. La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une
substance (p. ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament)
ou d’une affection médicale générale (p. ex., hyperthyroïdie)
et ne survient pas exclusivement au cours d’un Trouble de l’humeur,
d’un Trouble psychotique ou d’un Trouble envahissant du
développement.