Chirurgie dermatologique : une place a part entiere
- Service de Dermatologie, Hôpital du Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux
- Centre Médico-Chirurgical Wallerstein, 33740 Arès
http://www.docvadis.fr/dr.patrick.guillot/index.html
- Quelle est la place de la chirurgie en dermatologie?
Dr Patrick GUILLOT
« A l’heure où la dermatologie voit son activité menacée dans de nombreux domaines, la chirurgie dermatologique trouve toute sa place dans nos cabinets. Place reconnue, notamment, dans le cadre du Plan Cancer avec le dépistage et le traitement du mélanome et des carcinomes cutanés. Aujourd’hui en France, la majorité des cancers cutanés sont ainsi pris en charge en première intention par les dermatologues. Les cancers cutanés sont d’ailleurs ceux qui présentent la progression la plus importante. Le dermatologue formé à cette chirurgie doit donc être l’expert reconnu de la chirurgie cutanée carcinologique.
- Quelles normes de sécurité le dermatologue doit-il respecter? Quels sont les rérérentiels sur lesquels il peut se baser
Dr Patrick GUILLOT
« Il faut se référer au Guide de 2004 sur les bonnes pratiques pour la prévention des infections liées aux soins réalisés en dehors des établissements de santé (revu en 2006). Au minimum, il faut une salle d’intervention séparée, une bonne gestion des déchets d’activité de soins à risque infectieux (DASRI) et des objets piquants coupants tranchants (OPCT) et un autoclave pour stériliser le matériel. A défaut d’investir dans un autoclave, on peut privilégier le matériel à usage unique.L’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé) a publié des recommandations pour la pratique clinique en ce qui concerne la prise en charge du carcinome basocellulaire de l’adulte (juin 2004) et il existe également les SOR (Standards, Options, Recommandations) pour la prise en charge du mélanome cutané (2005). La grande majorité des tumeurs peuvent être traitées au cabinet, mais les cas limites où il faut savoir passer la main sont aussi bien définis. Une étude prospective réalisée entre 2002 et 2003 par le groupe chirurgical de la SFD a été publiée (1,2). Il en ressort que la plupart des lésions ont pu être traitées avec des procédés de réparation très simples. Cette étude confirme également que la pratique de la chirurgie dermatologique au cabinet se fait dans d’excellentes conditions de sécurité et avec un faible coût économique. Les complications hémorragiques ou infectieuses dommageables, nécessitant un traitement complémentaire dont ré-intervention et antibiothérapie, n’ont représenté au total que 0,6 % des cas. Nos confrères dermatologues doivent donc être aujourd’hui convaincus que les actes de chirurgie carcinologique cutanée sont majoritairement réalisables au cabinet ».
- Ces contraintes de sécurité, ainsi que d'autres obstacles font que de nombreux dermatologues conventionnés rechignent à pratiquer la chirurgie dermatologique...
Dr Patrick GUILLOT
« Effectivement, il faudrait que cette chirurgie dermatologique soit reconnue à sa juste valeur. Pour de nombreux dermatologues exerçant en secteur 1, elle est difficile à réaliser pour des raisons de coût. On estime que le prix de revient moyen d’une intervention au cabinet est d’environ 45 euros (matériel, consommables, stérilisation, etc….) alors que l’exérèse d’une tumeur superficielle est gratifiée de 28,80 euros seulement et que la valeur du FSD (forfait sécurité dermatologie) est pour l’instant très insuffisante pour l’exérèse des tumeurs de grande taille. Cela pose un véritable problème, sachant que même à l’hôpital public il faut également tenir compte de la tarification à l’activité, le système risquant d’inciter les hôpitaux à se spécialiser dans les actes les plus faciles à réaliser ou les plus rémunérateurs ; c’est donc un système pervers, générateur d’exclusion de malades. Il existe encore de nombreuses incohérences dans la tarification des actes techniques. Le Groupe Chirurgical de la SFD s’est engagé de concert avec le Syndicat des Dermatologues pour tenter de faire corriger ces aberrations.
- Pour ceux d'entre eux que vous avez fait changer d'avis, comment peuvent-ils se former à la chirurgie dermatologique ?
Dr Patrick GUILLOT
« Les dermatologues sont demandeurs d’un enseignement chirurgical à la fois théorique et pratique. Il y a peu encore, l’enseignement de la chirurgie dermatologique n’était pas suffisamment étoffé dans le cursus de base. C’est ainsi que certains dermatologues n’osent pas la pratiquer et confient trop souvent leurs patients aux chirurgiens, parfois même pour une simple biopsie ! Le collège des enseignants en Dermatologie de France (CEDEF) a incorporé après l’expérience pilote bordelaise, un module chirurgical à l’intérieur de la maquette du Diplôme d’Enseignement Spécialisé de Dermatologie. Ce module chirurgical figure donc désormais sur le livret de l’interne et donne de ce fait une lisibilité chirurgicale à notre spécialité. Cet enseignement obligatoire a pour but de valider les gestes techniques d’initiation par des dermatologues seniors. Depuis 2000, existe également un diplôme inter-universitaire national (DIU) de dermatologie chirurgicale. Il se déroule sur un an avec un enseignement théorique, des travaux pratiques sur sujets anatomiques, et au sein des blocs opératoires en clinique ou à l’hôpital, ainsi qu’en cabinet libéral. Chaque année, une quarantaine de candidats s’inscrit. Par ailleurs, les ateliers de dermatologie chirurgicale des Journées Dermatologiques de Paris proposent des formations de niveau 1 (débutant) et niveau 2 (confirmé). L’audio-visuel représentant aujourd’hui un formidable outil pédagogique, un DVD d’enseignement complètement inédit et novateur permet un « compagnonnage virtuel », des extraits sont consultables sur le site internet de la SFD.Enfin, un rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS) à propos des « conditions de réalisation des actes d’exérèse de lésions superficielles de la peau » a été publié en juillet 2007 et a valeur officielle de reconnaissance du caractère médico-chirurgical de la dermatologie, au même titre que d’autres spécialités. Il y est précisé également que la formation de chirurgie cutanée fait partie de la formation initiale de différentes spécialités, principalement de dermatologie, de chirurgie plastique et réparatrice, de chirurgie générale, d’ORL et de chirurgie maxillo-faciale.
- Mais il n'y a pas que la chirurgie dans la prise en charge des cancers de la peau : quelle est la place des traitements non chirurgicaux ?
Dr Patrick GUILLOT
« Les traitements non chirurgicaux (imiquimod, photothérapie dynamique, cryochirurgie, radiothérapie…) ont leurs indications. Mais, même lorsque les patients sont âgés ou sous anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires, la chirurgie doit rester le traitement de première intention. D’autant, qu’il est maintenant acquis qu’il n’est plus nécessaire d’arrêter systématiquement les anticoagulants ou les antiagrégants avant une chirurgie cutanée car cela peut entraîner des accidents thrombotiques sévères, beaucoup plus difficiles à gérer que d’éventuelles complications hémorragiques. »
1-A prospective study of the incidence of complications associated with dermatological surgery. Amici J-M, Rogues A-M, Lasheras A, Gachie J-P, Guillot P, Beylot C, Thomas L, Taïeb A. Br J Dermatol 2005 ; 153: 967-71
2-Rogues A-M, Lasheras A, Amici J-M, Guillot P, Beylot C, Taïeb A, Gachie J-P. Infection control practices and infectious complications in dermatological surgery. J Hosp Infect 2007; 65: 258-63
Varices
publiée sur http://www.dermatonet.com/
1/ Que sont les varicosités ? Y a-t-il plusieurs types de varicosités ?
Dr Jean-Pierre VIDAL-MICHEL :
Les varicosités résultent de la dilatation du réseau microcirculatoire dermique. Les causes en sont nombreuses, mais elles traduisent en priorité une hyperpression veineuse sous jacente. Les classifications sont nombreuses :- par l’observation de leur aspect : bouquets, nappes, en chaussettes rouges …- leurs diamètres et leurs couleurs :0.1 à 1mm pour les télangiectasies rouges, 1 à 2 mm pour les veinectasies bleutées voire violettes , cyanotiques. Ces dernières classifications ont un intérêt certain pour le traitement par le Laser , Yag notamment. Mais c’est la classification en varicosités secondaires ou primitives qui doit retenir notre attention car elle conditionne notre démarche thérapeutique.- Les varicosités secondaires sont donc consécutives à l’hyperpression due à un reflux sous jacent lié à des varices systématisées (saphènes et leurs collatérales) ou à des varices réticulaires, l’exemple le plus classique étant celui des varices en « pin parasol » de la face externe de la cuisse. Il ne faut pas oublier non plus les varicosités consécutives à une chirurgie ou à une sclérose (matting) qui peuvent entraîner une déviation du flux circulatoire et une hyperpression dans des territoires jusque là indemnes.- Les varicosités primitives dans lesquelles aucun reflux sous jacent n’est retrouvé. A l’histologie leur aspect est tortueux, malformatif. Plusieurs hypothèses sont émises sans éliminer un possible mécanisme d’insuffisance veineuse superficielle: rôle du terrain donc ( malformation), rôle des hormones, mauvais fonctionnement des récepteurs neurosensitifs des parois des vaisseaux, rôle de la cellulite qui provoquerait stase et dilatation etc .etc…
2/ Les varicosités sont elles douloureuses ?
Le plus souvent le motif de la consultation pour varicosités reste d’ordre esthétique bien que souvent les patientes parlent d’une brève douleur localisée au point d’apparition d’une varicosité . Mais assez souvent les patientes présentant des varicosités diffuses et souffrant de leurs jambes se disent très soulagées par la microsclérose. Il faut dire qu’une sclérose bien conduite passe par l’éradication de tous les reflux ce qui peut expliquer le soulagement.
3/ Justement qu’appelez vous une sclérose bien conduite ?
Le réseau variqueux est indivisible. De la varicosité de quelques dixièmes de mm à la grosse varice de plus d’un cm de diamètre c’est la même maladie variqueuse. Il va donc falloir dès la première consultation ,dont le mobile est parfois uniquement esthétique, examiner la patiente debout sur un escabeau et rechercher les signes d’un reflux sous-jacent. Interrogatoire, examen clinique visuel,palpation, doppler de poche vont décider de la réalisation ou non d’un écho-doppler veineux et de l’établissement d’une cartographie indispensable à la conduite d’un bon traitement. La transillumination est également précieuse dans le repérage des varices réticulaires d’alimentation et de drainage des varicosités.
4/ Quels traitements proposez vous donc à vos patientes ?
Cela dépend donc du bilan . S’il existe un reflux sous –jacent il faut le traiter. Les techniques sont nombreuses . Personnellement j’apprécie le stripping court par endo-éveinage s’il existe un important reflux on pourra y associer une phlébectomie selon Muller des collatérales et des varices jambières . D’autres préféreront le stripping long ou encore l’endolaser ou encore l’écho-sclérose à la mousse . Toutes les méthodes ont à peu près les mêmes résultats dans des mains expérimentées mais pas toujours les mêmes coûts ,bien-sûr !Si le reflux est discret, intermittent je déconseille la chirurgie surtout si la personne est jeune . La contention de classe 2 me parait préférable . Souvent elle permet de reculer l’échéance de plus de 10 ans . Ce qui est appréciable car la récidive est hélas très fréquente quelle que soit la technique utilisée.Pour les varices réticulaires alimentant les bouquets de faces externes par exemple je pratique une phlébectomie de Muller dans un premier temps puis la microsclérose à la mousse d’Aetoxysclérol. J’apprécie aussi dans cette indication le Laser Yag 1064, un peu douloureux,certes, mais très efficace. On peut également avoir recours pour ces troncs réticulaires à la sclérose directement .
5/ Vous utiliser donc toujours les sclérosants ?
Bien sûr. La sclérose reste la méthode de choix. Bien conduite, elle est très efficace et peu onéreuse par rapport au Laser. Elle demande cependant une technique irréprochable et reste sanglante. Ceci fait que certains se sont tournés vers le Laser Yag 1064 qui, je le redis ,est également un excellent outil. Les autres lasers KTP, colorant pulsé ,IPL… sont peu ou pas efficaces dans le traitement des varicosités.Il est donc possible en adaptant la concentration du sclérosant au diamètre de la varice de tout traiter ou presque.. Par exemple il est possible de diluer l’Aetoxysclérol à 0.5, 0.7 ou 1% etc en partant du 2% et d’en faire de la mousse ce qui permet un meilleur contact avec les parois.Attention toutefois aux petites bulles qui peuvent s’échapper dans la circulation profonde et provoquer des phlébites. L’iode et le Trombovar ont disparu du marché, c’est dommage pour ce dernier qui était facile d’emploi et qu’on pouvait également diluer et faire mousser. La glycérine chromée (Sclérémo) est également un bon sclérosant pour les télangiectasies , je le dilue quelquefois pour le rendre moins douloureux et plus fluide. Attention poussé trop fort il peut lui aussi s’échapper dans une perforante et entraîner de petites phlébites ; mais ces incidents sont très rares.
6/ Y a-t-il d’autres incidents ?
Les phlébites avec la sclérose des varicosités sont exceptionnelles , je l’ai dit. De même que les nécroses par surdosage en sclérosant ou lorsque celui-ci s’engage incidemment dans une petite artériole. L’ulcère qui en résulte , très douloureux, cicatrisera sans problème mais laissera une petite cicatrice.Beaucoup plus fréquemment la microsclérose peut entraîner la formation d’un caillot dans la varicosité qui devient quasiment noire. Il faut alors la vider des ses caillots lors de la séance suivante , en général après trois semaines, à l’aide de petites incisions réalisées à l’aiguille. Ce sont des séances que les patientes n’apprécient pas et il faudra adopter des concentrations moins fortes aux séances suivantes pour éviter à nouveau la formation d’un thrombus . Ceci dit ce thrombus est le signe d’une sclérose efficace mais le rechercher expose aussi à des pigmentations séquellaires par dépôt de fer et de pigment. Pigmentations qui peuvent persister parfois durant de nombreuses des années surtout s’il existe dans les suites une exposition solaire. Mais dans l’immense majorité des cas la microsclérose ou la sclérose-laser ne posent aucun problème .
7/ Vous déconseillez donc à vos patientes le soleil ?
Oui, tout en sachant que la plupart des pigmentations sont dues à l’inflammation consécutive à la sclérose lorsque la patiente présente une peau mate, en dehors de toute exposition solaire ! Il faudra donc être très prudent avec les phototypes foncés. Il m’arrive toutefois de poursuivre tard mes scléroses dans la saison sans aucun incident de pigmentation.
8/ Y a-t-il des précautions à prendre pour éviter la survenue ou l’aggravation de varicosités ?
Ce sont les mêmes que pour les varices !Le tabac, la pilule, les professions debout, l’obésité ,la sédentarité, l’excès de soleil, la grossesse facilitent l’apparition des varicosités. Mais on n’échappe pas non plus au facteur héréditaire. Je conseille donc le port de chaussettes, bas ou collants de contention chaque fois que cela est possible .L’exercice physique tel que la marche ou la natation. Les phlébotoniques dont l’utilité est contestée par certains n’ont pas de rôle préventif selon ma propre expérience ; en revanche, ils sont efficaces contre la douleur sur de courtes périodes et à fortes doses.
9/ Pouvez vous donner un ordre d’idée du prix d’une séance de sclérose ?
C’est impossible car comment comparer le médecin qui va garder son patient quelques minutes en réalisant peu d’injections et celui qui à chaque séance va réaliser un repérage échographique, une écho- sclérose, un passage laser durant 30 minutes ou plus ? De même les honoraires varient selon les compétences, la notoriété, la région puisqu’il s’agit d’actes qui ne sont plus pris en charge par les caisses car reconnus comme esthétiques bien que personnellement je pense que la varicosité est une maladie au même titre que la varice.Enfin certains facturent au forfait car la sclérose demande de très nombreuses séances.
10/ Vous avez pris des cas extrêmes , je pense à une séance de 15 minutes par exemple par un médecin qualifié , sans parler de forfait ?
La fourchette de 30 à 50€ pour une séance de microsclérose en province me parait raisonnable. Les prix en région Parisienne sont plus élevés en rapport avec les frais. Enfin si le médecin utilise la technologie Laser ces prix peuvent être logiquement doublés .Mais ces chiffres ne sont qu’indicatifs, bien-sûr !
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Photo numerique
La passion pour la photo argentique et l'usage du numérique au Cabinet ne sont pas incompatibles ! Certains dermatologues trouvent parfaitement leur compte en argentique, ce d'autant qu'ils ont déjà investi dans un appareil argentique performant, doté d'objectifs de qualité, et qu'ils utilisent un classement efficace de leurs diapositives. J'ai travaillé pendant près de 8 ans au Cabinet avec un bon appareil argentique Reflex MINOLTA X-700. Il comportait un flash annulaire, un bon zoom macro avec bague-allonge, et un adaptateur Dermatophot Heine pour photographier les dermoscopies. L'appareil fonctionnait avec système de flash TTL et les réglages permettaient de ne rater quasiment aucune photo. Malgré tout, j'ai apprécié les nombreux avantages du passage au numérique, comparé à l'argentique :- l'appareil numérique compact est plus léger, il se transporte plus facilement qu'un reflex argentique - finie la crainte de gâcher de la pellicule, ou de devoir prendre plusieurs clichés avec différents réglages pour être sûr de réussir : en numérique, on peut vérifier immédiatement l'exposition et la netteté de la prise de vue grace à l'écran à cristaux liquides (ou LCD). La photo est mauvaise ? On l'efface et on la recommence. Quel photographe argentique n'a pas connu la frustration de la pellicule mal attachée ou de la diapo inexploitable, et bien entendu, justement quand on avait immortalisé « un beau cas clinique » ! - disparition de l'achat de la pellicule, d'attendre et de payer le développement des diapos, sans parler du déplacement au laboratoire. Une photo numérique est disponible immédiatement.- abolie la barrière des 36 poses ! Une carte mémoire de 512 Mo, dans un appareil numérique de 4 millions de pixels peut enregistrer plus de 300 photos en résolution JPEG la plus fine ! De quoi avoir le déclencheur facile !- les photos numériques sont facilement duplicables à l'infini. L'information étant numérique, la photo est inaltérable si l'on prend soin de graver sur un support CD-ROM de bonne qualité et si le lieu de stockage est tempéré.- le problème de l'encombrement lié au stockage des diapos est résolu par le numérique, même si l'effort de classement et d'archivage subsiste. - il faut scanner la diapo si on souhaite partager l'image, que ce soit sur internet, par email (en pièce jointe) ou sur une page Web, voire en FMC dans une présentation de type Powerpoint / Impress OpenOffice. La photo numérique autorise un partage du cliché presque immédiat. - en argentique, il est difficile de comparer les détails de deux images diapo, sauf à posséder deux projecteurs ou à faire deux tirages papier. Un simple logiciel bon marché comme ACDSee 8 permet de comparer sur un même écran d'ordinateur 2 à 4 images. Voilà qui est bien pratique, par exemple pour la surveillance de naevi, la comparaison de deux dermoscopies ou pour un comparatif avant /après en dermo-cosmétologie. - une diapositive trop sous-exposée ou un peu floue est difficilement exploitable. Par contre, un cliché numérique peut être « ressuscité » par le logiciel de retouche d'image, sauf bien entendu en cas de flou trop important ou de surexposition excessive. Il en est de même avec les distorsions chromatiques.- enfin, la photo numérique peut facilement être imprimée chez soi. Si le nombre de clichés est trop important ou si le temps manque, il est pratique de confier l'impression à un site web professionnel : sans se déplacer, en lui transmettant les fichiers de photos via sa connection à internet (idéalement nécessite une connection cable ou ADSL).
Grain de beauté
3 rue Jules Ferry 59360 LE CATEAU
Dr Eric EHRSAM :
Il faut préciser quelques définitions.La microscopie à épiluminescence est synonyme de microscopie de surface ou dermoscopie (en anglais respectivement epiluminescence microscopy, cutaneous surface microscopy, dermoscopy).La dermoscopie peut être réalisée avec un matériel de base, très simple et bon marché : le dermoscope à main avec un facteur d’agrandissement de 10 à 20.Une station de videomicroscopie à épiluminescence comprend une caméra numérique munie d’un objectif microscopique à lumière incidente permettant un grossissement de 20 à 70x, reliée à un ordinateur pour le stockage des images, un moniteur pour la visualisation des images et éventuellement une imprimante couleur pour l’impression de clichés.Lors de l’examen d’une lésion pigmentée, une solution antiseptique transparente est appliquée sur la peau et le dermoscope est appliqué directement sur la peau., l’image est visualisée instantanément sur l’écran vidéo , au grossissement choisi qui peut être x20, x30, x50 ou x70.L’examen est donc extrêmement rapide sans aucun réglage particulier. L’image peut être enregistrée pour une interprétation ultérieure ou le suivi du patient. Dans ce cas il est judicieux de pratiquer un cliché macrographique qui sera enregistré permettant ainsi de lui rattacher l’image microscopique correspondante.J’utilise le Fotofinder ™Plusieurs autres sociétés proposent des matériels sensiblement identiques.
L’investissement global va chercher dans les 12 à 15000 euros, selon les matériels et les options possibles.Il n’y a pas de nomenclature pour la dermoscopie quelque soit le dispositif utilisé.Un dermatologue en secteur 2 répercutera le coût sur sa consultation par une majoration de son dépassement habituel.Pour un dermatologue de secteur 1 équipé d’une station de vidéomicroscopie à épiluminescence , il est également possible de faire un dépassement sous la forme d’un HN (hors nomenclature) qui vient s’additionner au montant de la consultation clinique . Cette option m’a été confirmée par écrit par le médecin conseil chef de ma CPAM. Je pense que l’on doit investir dans ce type de matériel si l’on croit à l’intérêt de la dermoscopie dans la pratique quotidienne.Le plus dur n’est pas de faire marcher l’appareil, mais de connaître la sémiologie dermoscopique qui nécessite un apprentissage comme toute sémiologie. De nombreuses formations sont maintenant disponibles par le biais d’EPU ou lors de congrès nationaux ou internationaux, sans compter de nombreux manuels ou CD ROM.La rentabilisation de l’appareil se fera par les dépassements d’honoraires, mais également par un afflux de patients supplémentaires, l’effet bouche à oreilles fonctionnant très rapidement.
Bien que cela soit possible, je ne pense pas que soit utile pour deux raisons : pour des raison s pratiques la station doit être proche de la table d’examen du patient d’une part, et d’autre part il y a toujours le risque d’avoir un problème sur son ordinateur.Une connection directe de la station au haut débit est intéressante pour la transmission des images. Sinon, on peut transférer très facilement des images par le biais d’une clé USB sur un autre ordinateur connecté.
C’est indiscutablement plus pratique et moins chronophage. Une fiche patient est crée très rapidement avec le nom et la date de naissance. La photo macrographique est rattachée d’un clic de souris à une image d’une partie du corps humain. La photo est numérotée automatiquement et l’image dermoscopique lui est affectée. Il n’y a donc aucun risque d’erreur quand on consultera ultérieurement a fiche.La sauvegarde est automatique sur un CD lors de la fermeture de l’application. Si l’on préfère on peut sauvegarder sur d’autre supports (clé, disque dur externe, ou sur un serveur dédié par le biais de l’ADSL).
- le confort lors de l’examen pour l’opérateur qui n’est pas obliger de « coller au patient » pour observer la lésion- la réalisation de cartographies macroscopique permettant un suivi simple- la visualisation de la lésion sur l’écran pour expliquer au patient- l’utilisation de grossissements à x50 ou x70 pour observer des détails (pseudopodes etc ..)- l’association d’un logiciel d’aide à la décision qui analyse l’image dermoscopique
Le diagnostic de toutes les lésions pigmentaires est facilité. De manière plus anecdotique, le diagnostic de gale en visualisant les sillons scabieux sur l’écran vidéo s’en trouve facilité.
Je pense qu’il ne faut pas s’appuyer sur ce logiciel et croire qu’il permettrait de faire l’économie d’un solide apprentissage sémiologique. Cela dit en pratique, il permet effectivement de faire des comparatifs sur l’évolution d’une lésion entre deux examens distants, car le moindre changement est noté.
Les mauvaises surprises viennent des mélanomes achromiques. Il s’avère pourtant que cet outil permet le diagnostic de mélanomes achromiques en retrouvant une sémiologie vasculaire spécifique comme l’ont montré les nombreuses communications au Congrès Mondial de Dermoscopie à Naples en mai 2006.
En toute honnêteté, après 4 ans d’expérience, il m’est difficile si ma performance diagnostique a augmenté. Je serais tenté de dire que oui. Ce qui est certain est que la videomicroscopie à épiluminescence m’a conforté dans mes diagnostics pré-opératoires des mélanomes superficiels et m’a permis sans doute d’éviter des exérèses inutiles et des diagnostics différentiels rapides sur des lésions pigmentées bénignes (verrues séborrhéiques, lentigos, basocellulaires taoués etc…).
Une installation sur site avec prise en main est faite par le revendeur. L’emploi est très simple et il n’y a pas besoin d’une assistance. Un interlocuteur doit être joignable sans plus.
Je dirais que c’est un très bel outil à réserver aux dermatologues qui maîtrisent la dermoscopie. Il contribue à donner une image moderne du cabinet et fidélise une clientèle notamment pour la surveillance régulière des patients à risques.Quelques références générales :- Braun et al. Dermatoscopie des lésions pigmentées. Ann Dermatol Venereol 2002 ; 129 : 187-202- Marghoob et al. Instruments and new technologies for the in vivo diagnosis of melanoma. J Am Acad Dermatol 2003; 49: 777-97
Dermatoses neutrophiliques
Reproduction de l'interview du Dr Daniel WALLACH, Hôpital Tarnier-Cochin, Paris
publiée sur http://www.dermatonet.com/
1/ Qu'a-t-on appris de nouveau sur les dermatoses neutrophiliques durant les dernières années (en dehors des traitements) ?
Dr Daniel Wallach :
On a d’abord appris que les dermatoses neutrophiliques (DN) existent, et forment un groupe nosologique particulier. L’individualisation de ce groupe a non seulement un intérêt théorique, mais aussi un intérêt pratique pour chaque patient concerné. En effet, s’il existe encore beaucoup d’inconnues sur l’étiologie et la physiopathologie des DN, la conduite à tenir est assez bien codifiée, tant en ce qui concerne le bilan nécessaire que les traitements à mettre en œuvre.
Le terme de dermatose neutrophilique recouvre un certain nombre d’entités rares, qui ont toutes été décrites indépendamment et que beaucoup de points communs permettent de regrouper. Ce sont :
- le syndrome de Sweet, dermatose neutrophilique aiguë fébrile ;
- la pustulose sous-cornée de Sneddon-Wilkinson ;
- le pyoderma gangrenosum ;
- l’erythema elevatum diutinum ;
- l’hidradénite eccrine neutrophilique, la panniculite neutrophilique, les abcès profonds aseptiques.
- Des tableaux non précisément étiquetés rassemblant des caractères des syndromes ci-dessus, et pour lesquels seul le terme de « dermatose neutrophilique » semble un diagnostic correct. Le fait de pouvoir poser correctement le diagnostic de « dermatose neutrophilique » constitue à lui seul une innovation.
Les dermatoses neutrophiliques ont donc des points communs :
- d’abord, au-delà des différences liées à la localisation de cet infiltrat, un aspect histologique caractérisé par un infiltrat de polynucléaires neutrophiles non altérés, sans vascularite, sans cause infectieuse.
- Ensuite, la possibilité de localisations neutrophiliques aseptiques extra-cutanées : articulaires, pulmonaires, autres plus rarement ; lorsque de telles localisations existent, on parle de « maladie neutrophilique ».
- Enfin, la fréquence des associations avec des maladies multisystémiques ; ce dernier point est certainement le plus important : les DN sont les dermatoses qui ont le lien le plus étroit avec la médecine interne.
Ces associations sont essentiellement :
- des leucémies myéloïdes (surtout dans les syndromes de Sweet), d’autres syndromes myéloprolifératifs, des gammapathies monoclonales ;
- les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ;
- les rhumatismes inflammatoires ;
- plus rarement, d’autres maladies, inflammatoires ou cancéreuses.
En pratique, le diagnostic de dermatose neutrophilique requiert un bilan clinique simple à la recherche d’une part des éventuelles localisations extra-cutanées, d’autre part d’une de ces associations. Les signes cliniques en sont souvent évidents. En l’absence de signe d’appel, un hémogramme, une recherche de gammapathie monoclonale, éventuellement un myélogramme, sont indiqués.
Enfin on remarquera que des entités différentes, comme les psoriasis pustuleux, les vascularites, la pustulose exanthématique, ne font pas partie du groupe des DN, essentiellement parce que leur nosologie est bien différente : étiologie connue, autres associations pathologiques.
2/ Quelles sont les grandes avancées thérapeutiques de ces dernières années et les perspectives d'avenir ?
Dr Daniel Wallach :
Actuellement, les anti-inflammatoires « classiques » constituent le traitement généralement efficace des DN. Le syndrome de Sweet et les autres tableaux de DN aiguë sont habituellement très sensibles à la corticothérapie générale. Des alternatives existent, comme l’indométacine, et comme il s’agit de maladies rares, il n’y a pas eu d’essai clinique contrôlé pour les comparer.
Les pustuloses sous-cornées et les autres DN d’évolution plutôt chronique sont sensibles à des anti-inflammatoires agissant spécifiquement sur les polynucléaires, comme la Disulone, ou la colchicine, ou l’acitrétine.
En cas d’échec, éventualité rare, les immunosuppresseurs peuvent être prescrits. La ciclosporine et le tacrolimus sont particulièrement efficaces dans le pyoderma gangrenosum (ici aussi, il ne s’agit pas d’essais contrôlés). Des traitements immunomodulateurs innovants ont été essayés à titre expérimental, et ne sont pas recommandés en pratique.
Les perspectives d’avenir concernent la physiopathologie des DN, qui est encore mal comprise. Plusieurs pistes existent :
- le rôle des facteurs de croissance granulocytaires (dans certains cas, ils ont pu déclencher des DN),
- le rôle d’autres cytokines, chimiotactiques pour les polynucléaires,
- le lien entre les proliférations leucémiques clonales et les DN.
3/ En conclusion ?
Dr Daniel Wallach :
Tout d’abord, il faut savoir porter le diagnostic d’une des variétés de dermatose neutrophilique, par une analyse clinique et histologique simple mais soigneuse ;
le stade suivant est celui de la recherche de pathologie associée, qui nécessitera bilans et traitements pour son propre compte ;
puis celui du traitement symptomatique de la DN.
Et pour en savoir plus ?
Dr Daniel Wallach :
L’exigeant lecteur de www.dermatonet.com sera probablement désireux, après cette brève mise au point, d’en savoir plus. On peut lui conseiller deux revues qui ont récemment consacré des numéros entiers aux dermatoses neutrophiliques :
- en français, Objectif Peau, en Février 2000 (vol.8, n°57)
- en anglais, Clinics in Dermatology en Mai/Juin 2000 de (vol.18, n°3).