PRURIGO : le prurigo et son traitement

Prurigo

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Le prurigo est un symptome dermatologique caractérisé par des papules (zones épaissies et surélevées de la peau) rouges qui démangent. Il est souvent secondaire à un eczema, une hyperergie aux piqures d’insecte… et il est le produit d’un cercle vicieux : plus on gratte la peau, plus elle s’épaissit et démange. Il faut donc rompre ce cercle en appliquant des pansements et des dermocorticoides puissants sur les papules de prurigo, et en trouver la cause pour la traiter. Il faut pour cela consulter
Besoin de l’avis d’un spécialiste ? d’un traitement ? Délais de rdv trop longs ? Vous pouvez effectuer une téléconsultation avec le dermatologue

Prurigo


C’est une dermatose prurigineuse caractérisée par des
papules infiltrées, souvent secondaire à une autre dermatose (eczema, piqures d’insecte… ).

Symptomes

Papules de prurigo

Il est constitué de boutons rouges -voire violacés sur les jambes- de quelques millimètres, parfois vésiculeux voire suintants sur leur sommet, caractérisés par des démangeaisons intenses.

Prurigo avec vésicules

Les lésions peuvent même devenir bulleuses.

Bulles de prurigo

Ensuite, à force de grattage, les lésions deviennent crouteuses et souvent associés à des stries de grattage et des excoriations cutanées à leur sommet.

Elles peuvent se surinfecter, le plus souvent à Staphylocoque doré, prenant un aspect de croutes mellicériques (« comme du miel cristallisé ») voire pustuleux.

Prurigo surinfecté

Au fil de l’évolution, les lésions de prurigo deviennent plus épaisses et sèches
On distingue ainsi classiquement le prurigo aigu, subaigu et chronique

Prurigo aigu

Il s’agit d’une forme apparaissant très rapidement et souvent spontanément régressif sous traitement

P strophulus

Il s’agit de la forme la plus fréquente de p aigu, survenant en particulier chez l’enfant de maternnelle ou début de primaire, ayant généralement des antécédents d’eczema atopique. Les lésions siègent sur les jambes et les points de frottement sous les vêtements.

Le p strophulus est lié à une hypersensibilité à des

  • piqures d’insectes : puces  de chats et de chiens, aoûtats en été
  • acariens des poussières de maison : Dermatophagoides pteronyssinus, acariens d’animaux…

Autres prurigos aigus

Les autres p aigus peuvent être dus à des allergies médicamenteuses, des lymphome, l’infection par le VIH...

Prurigo aigu lié à une allergie médicamenteuse

Prurigo subaigu

Prurigo subaigu

Les boutons sont souvent petites et vésiculeuses, mais tellement prurigineuses qu’elles sont très rapidement excoriées

Elles se transforment donc en croutes et en plaies rapidement

Le p subaigu est présent sur les régions facilement accessibles au grattage telles que le haut du dos, le visage, le cuir chevelu, le cou, le bas du dos et les fesses, le plus souvent chez la femme de la cinquantaine  ayant souvent des difficultés émotionnelles, du stress qu’elle a du mal à « gérer» mais le p subaigu n’est pas considéré uniquement comme une psychodermatose.

Prurigo nodulaire chronique

Prurigo chronique

P subaigu se chronicisant durant des années, les papules de prurigo prennent alors un aspect nodulaire et épaissi (lichenifié) et/ou excoriées de 1 à 3 cms de diamètre

Les nodules de p chronique prédominent sur les avant-bras, les bras, le haut du dos, les fesses  et les jambes.

Les nodules laissent des cicatrices pigmentées et dépigmentées.

Le p nodulaire chronique se manifeste dans près des deux tiers des cas après 50 ans.

Les démangeaisons s’auto-entretiennent selon un cercle vicieux mêlant réaction inflammatoire, plasticité neuronale, et expression de l’interleukine 31 dans les lésions (démangeaison > grattage > plaie > démangeaison….) et finit par altérer fortement la qualité de vie. Tout commence en effet par un prurit sine materia qui s’autonomise et devient chronique par l’intermédiaire de mécanismes neuro-immuns.
Les cytokines de la voie Th2, interleukines 4, 13 et 31, propagent l’inflammation dermique et activent les prurirécepteurs, indépendamment des pruritogènes classiques comme l’histamine.

Il s’agit donc d’une dermatose inflammatoire chronique, caractérisée par une démangeaison intense, accompagné de nombreuses lésions nodulaires, autonome, 20 % seulement des sujets atteints sont de terrain atopique.

Le diagnostic essentiellement clinique, reposant sur l’association des 3 critères principaux suivants :
● Multiples lésions nodulaires ;
● Signes de grattage répété : excoriations, croûtes, cicatrices ;
● Dure depuis au moins 6 semaines.

Dans le dos, le signe du papillon fait référence à une zone du dos en forme de papillon, peu ou pas atteinte car difficilement accessible au grattage.

Examens complémentaires diagnostiques en l’absence de prurigo strophulus

NF Plaquettes
bilan hépatique et rénal
IgE spécifiques
Glycémie à jeun

Sérologies VIH, Hépatite B et C

Rx poumons et échographie abdominale voire scanner thoraco abdomino pelvien en cas de doute de néoplasie ou de lymphome sous jacents

 

Traitement du prurigo

Traitement de la maladie sous-jacente

si elle est identifiée

Crèmes

Emollients, dermocorticoides,

Pour le prurigo subaigu ou chronique : préparations à la capsaicine, vitamine D topique, Daivobet*, tacrolimus topique

Pansements cicatrisants

pour limiter notamment le grattage et favoriser la cicatrisation.

Anti histaminques

Traitements spécifiques du p nodulaire chronique :

Injections de corticoides intralésionnels

Cryothérapie

photothérapie,

Médicaments:

thalidomide++, acitretine, naltrexone, erythromycine, immunosuppresseurs (Methotrexate hors AMM10-20mg/semaine++ (étude de 2018), ciclosporine, mycophénolate de mofétil, interféron, Antagoniste de NK 1R, antagonistes mu-opioïdes, dupilumab, némolizumab…

Cependant, les traitements proposés dans le prurigo chronique n’apportent que très peu d’amélioration chez plus de la moitié des patients (57 % des patients ne sont pas améliorés dans une étude menée sur 396 personnes dans le cadre du projet européen sur le prurigo mis en place par l’Académie européenne de dermatologie et de vénéréologie (EADV)).

Biothérapie

Un anticorps monoclonal dirigé contre la sous-unité alpha du récepteur de l’interleukine 31, le némolizumab, est en cours d’étude. Dès la première semaine de traitement, les patients ont présenté une réduction très significative de l’intensité des démangeaisons, et après 12 semaines, 44% des patients ont vu 75 % de leurs lésions guéries contre 8,4 % de ceux du groupe placebo (p < 0,001). D’autres biothérapies sont à l’étude, telles celles visant la chaine bêta du récepteur à l’IL31 : OSMRbéta (vixarelimab), l’agonisme du récepteur kappa aux opiacés (nalbuphine qui agit sur la composante neurogène du prurigo) et l’antagonisme du récepteur NK1R à la substance P (serlopitant).

En 2023, l’AMM et l’avis favorable au remboursement du dupilumab ont changé l’algorithme de prise en charge thérapeutique du prurigo modéré à sévère résistant à un traitement local bien conduit, à la dose de 600 mg dose initiale puis 300 mg  toutes les 2 semaines. L’amélioration du prurit se fait dès la 3e-4e semaine, est franche au bout de 3 mois et augmente encore à 6 mois

Les traitements systémiques anciennement utilisés hors AMM en France, qu’il s’agisse des immunomodulateurs/immunosuppresseurs comme les UV, le méthotrexate à dose anti-inflammatoire (10 à 20 mg/semaine), la ciclosporine, ou des traitements agissant sur la composante neuronale du prurit comme la prégabaline, la gabapentine, les antidépresseurs tricycliques peuvent être discutés au cas par cas en attendant l’émergence d’un arsenal thérapeutique plus large. Le rapport bénéfice/risque du thalidomide (hors AMM) semble discutable en 2023, étant donné l’émergence de nouveaux traitements.

En savoir plus

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24 réflexions sur « PRURIGO : le prurigo et son traitement »

  1. Prurigo nodulaire chronique: Bonjour, après de nombreux essais de crème de toutes sorte depuis 6 ans, j’en suis rendu au Dapsone depuis 3 mois et il ni a toujours pas de changement, une solution urgente svp

  2. Je suis désolé mais le Code de Déontologie médicale m’interdit de poser un diagnostic sans examen clinique du patient. Je ne peux que vous suggérer de reconsulter votre médecin pour réévaluer le traitement (injections de corticoides dans les nodules? UV?…).

  3. j ai un prurigo depuis 5 ans et il s’aggrave d’année en année jet plus de grattage de coup d’aiguilles et de demangeaisons au cuir chevelu nez sexe et anus après des prises antihistamique aucun résultat prise de fluvermal stromectol car je dormais très mal réveillée à 2 h du matin et envie de me gratter et énerver. on me dit su’il n’y a rien à faire que les marques de mes boutons resterons et au niveau de mon cuir chevelu ils ne guérissent jamais avec la sentation d’avoir des betes qui me parcourent la tête et même le corps . Atharax ne me soulage pas sauf je dors mieux mais la journéee c’est plus possible avant ce n’était que le soir
    que dois je faire j’ai une b iermer malgré mes 58 ans j’ai eu une hépatice c gurérie de moi meme et une hypothyrioidie
    merci de votre renseignement

  4. Je ne peux que vous conseiller de reconsulter un dermatologue pour notamment, traquer une cause profonde au moyen de bilans sanguins et radiologiques.

  5. Le traitement du prurigo nodulaire de Hyde ne s’envisage qu’après avoir réalisé le bilan sanguin et requiert le plus souvent la photothérapie (UV en cabine), des médicaments par voie locale (cremes à la cortisone, injections de corticoides…), voire orale détaillés dans l’article (anti histaminiques, acitrétine, thalidomide, naltrexone, erythromycine, immunosuppresseurs (MTX, ciclosporine, mycophénolate de mofétil, interféron…)

  6. Bonsoir.ma fille de 17 ans a un prurigo atopique depuis 1 an.nous l avons emmene en cure a la roche posay en juillet mais depuis elle en a sur les bras et le dos.elle met de la creme â base de cort et antibio mais c est pas tres efficace.nous sommes desempares.quelle solution?
    Merci de me repondre

  7. Il faut impérativement qu’elle ne gratte pas ses lésions. On peut donc utiliser parfois l’application des corticoides sous pansement cicatrisant si la personne n’y est pas allergique. Ceci limite le grattage et aide la cicatrisation. Demandez à votre dermatologue ce qu’il en pense. Elle en prend pas d’ anti histaminiques?

  8. j ai du prurigo ca vient d ou et pkoi je me soigne depuis deux ans ca s empire je suis tres triste

  9. J’ ai un prurigo de hyde depuis de nombreuses années , vu 5 dermatos , pas d’ amélioration , or depuis 8 jours , je me lave avec de la BETADINE .Les démangeaisons ont disparus , les boutons sèches et ma vie s’ en trouve améliorée car c’ est une maladie qui conduit à l’ ENFER !Essayer , je vous en conjure et dites m’ en des nouvelles .

  10. j ai un prurigo depuis 2007 que faire j ai eue tous les traitements et toujours les boutons

  11. Bonjour.
    Je viens « partager » mon prurigo en passant par là.
    Mai 2017, en l’espace de 3-4 semaines, je me suis retrouvé avec des papules sur l’intégralité du corps (sauf torse, visage et parties génitales)
    Prurigo découvert en juin 2017.
    La dermato ba fait faire une biopsie : bim , c’est un prurigo ta pas de doute
    Détail particulier : aucune ou très peu de démangeaisons, ce qui a fortement surpris mon dermato.

    Il m’a donc prescrit une pommade corticoïde (CLARELUX 500) qui s’est avérée très efficace.
    J’ai traité durant quelques jours les jambes, puis les bras et 1 seule fois la dos.
    Toutes les papules sont parties très vite….
    Puis sont revenues depuis quelques semaines maintenant (1 mois après)
    Le dermato m’avait averti de cette rechute éventuelle.

    Je recommence donc mon traitement local qui CLARELUX. :-/ …
    Dommage, ça tombe pendant 3 semaines de vacances à la mer.

    Question subsidiaire :
    Besoin d’un petit conseil ….
    sachant que le soleil et les corticoïdes ne font pas bon ménage, est ce que je dois ne pas m’exposer du tout ? Mettre de la crème solaire et attendre mon retour pour commencer le traitement ?

    Merci d’avance.
    Et Bon Courage à tous ceux qui ont laissé des commentaires avant moi.

  12. bonjour a tous la dermato ma dit que j’avais du prurigo je n’ose plus me montrer ,je me trouve horrible , cette maladie me ronge.j’ai une pommade a base de cortizone cela fait 1 semaine et sa ne part pas.je suis quelqu un de très stressé ont m’a conseillé de faire de la relaxation.j’ai aussi des probleme de tension haute je vais chez mon medecin mercredi pour un traitement peut etre q avec les traitements pour la tension la relaxation et je pense faire des uv s’a partira je vous retient au courant.le faite deja de le partager et savoir que je suis pas seul fait du bien bon courage a tous

  13. Bonjour
    J ai un prurigo chronique depuis 15 ans. Traitée par pommade, puvatherapie etc…qui ne donnaient rien on M a precrit le thalidomide celgene et miracle en 1 semaine, tout avait disparu après des années de souffrance. Pendant 4 ans de ce traitement plus aucun bouton.
    J ai arrêté le thalidomide afin de voir si le prurigo revenait.
    Malheureusement maladie chronique, réapparition de l enfer.
    Quand j ai voulu reprendre thalidomide, en ayant passé tous les examens nécessaires à sa prescription (uniquement en hôpital ) on M annonce que ce dernier n est pas reconnu pour le prurigo, et si on peut effectivement m en prescrire son coût est à ma charge : 350€ / mois.
    C est une blague ? Qui peut se permettre de payer une telle somme ?
    Du coup on M a donné la ciclosporine mais même si elle diminue le nombre de boutons cela n à rien à voir avec thalidomide. En plus après 1 an entrecoupé d arrêt cela ne fait plus d effet et ma créatinine n est pas bonne.
    J’ai donc arrêté depuis 3 jours et l enfer est revenu.
    Pourquoi refuser un traitement (faire payer) qui fonctionnait ???? DESESPÉRÉE .

  14. Le laboratoire qui commercialise la Thalidomide n’a pas demandé d’Autorisation de Mise sur le Marché pour cette indication et du coup, malheureusement elle doit être prescrite hord AMM c’est à dire sans remboursement par la Sécurité Sociale

  15. Bonjour je souffre moi aussi de prurigo et cest un véritable enfer, mes boutons se mettent à me démanger en même temps, quand les démangeaisons se déclenchent, l impression d’avoir des insectes qui me courent dessus et me piquent partout en même temps. Les bras le ventre le dos les fesses les jambes. Des démangeaisons tellement intense. Et aucun traitement ne fonctionne.

  16. Bonjour,
    Je voudrais avoir le nom d’un spécialiste du prurigo dans le 42 ou le 69, ou autre région voisine. Les praticiens que j’ai consulté tâtonnent sans aucun résultat.
    Merci

  17. Bonjour,
    Je ne sais plus quoi faire, j’ai des petits boutons blancs sur le haut du corps (bras, seins, dos etc) qui me démangent. Mon médecin m’a prescrit un antihistaminique car pour lui c’est du prurigo, mais cela ne disparaît pas. Est ce possible que cela soit du à la transpiration ? Je n’ai jamais eut de boutons avant.

  18. Bonjour,
    J’ai 32 ans et j’ai du prurigo depuis maintenant 5 ans tjs aux mêmes périodes (automne/printemps/été). J’ai été voir 2 dermatologues (dont ma belle-mère qui est dermato) et je suis étonnée qu’aucun test ne m’a été fait, et que slmt à l’oeil nu on me dise : « c’est du prurigo, il n’y a rien a faire, c’est surement psychologique… ». Alors je suis à la crème cortisone depuis 5 ans.
    Je voulais savoir quelles sont les analyses que doit faire un dermatologue en cas de prurigo ? car je veux consulter à nouveau et insister auprès du médecin pour faire une analyse complète et découvrir l’origine…
    La saisonnalité me fait penser plus à une allergie plutot qu’à un évenement psychologique… D’ailleurs, je suis en désensibilisation pour les acariens de maison depuis 1 an, et mon prurigo est apparu plus tard ce printemps…moins violent pour l’instant…(je savoure) Mais je ne pense pas que cette désensibilisation puisse jouer sur un prurigo strophulus, qu’en pensez-vous ?

    Merci pour votre site @ et votre précieux retour!

  19. Bonjour, le diagnostic qui vous a été donné par mes confrères est celui de prurigo strophulus, qui est considéré comme une hyperréactivité aux ectoparasites dont font partie les acariens, et pour lequel on ne fait habituellement le bilan de prurigo chronique car il guérit lorsqu’on n’est plus exposé, ce qui semble être votre cas. Il est donc possible que votre désensibilisation aux acariens soit en partie responsable de l’effet positif constaté cette année

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