RISQUES DES CREMES SOLAIRES : danger à utiliser une crème solaire?

Dangers et risques des crèmes solaires ?

Un certain nombre de reproches sont régulièrement faits à l’encontre des produits de protection solaire : allergie, rôle de perturbateur endocrinien, augmentation du risque de cancer de la peau en mettant des cremes solaires?… Essayons de démêler le vrai du faux aux yeux de la science

Y a-t-il un danger à utiliser les cremes solaires?

Introduction :

Les crèmes solaires sont constituées de filtres chimiques et/ou de filtres minéraux.

Les filtres chimiques

sont des substances absorbant les UV alors que

les filtres minéraux

sont constitués de poudre très fine de Dioxyde de Titane et de dioxyde de Zinc réfléchissant les UV.

1/ Les filtres solaires chimiques

Les filtres contenus dans les cremes solaires sont accusées de nombreux maux plus ou moins avérés :

1.A/ Allergie aux filtres chimiques de la creme solaire

On observe des allergies de type

– eczema de contact :

il s’agit d’un eczema de contact ou allergie de contact à un filtre chimique survenant le plus souvent quelques jours après l’application d’un écran solaire, sur les zones où il a été appliqué

– eczema photoaggravé :

il s’agit d’un eczema s’aggravant après exposition au soleil, survenant le plus souvent sur les zones exposées au soleil et sur lesquelles la creme solaire a été appliquée

– des allergies croisées entre le ketoprofène (molécule contenue dans des gels anti inflammatoires) et l’octocrylène,

un filtre résistant à l’eau, photostable et stabilisateur des autres filtres chimiques. On trouve de l’octocrylène dans de nombreuses cremes solaires et des cosmétiques anti age. Il est probable que les personnes qui se sont sensibilisées en appliquant du kétoprofène deviennent plus réactives à d’autres substances chimiques dont l’octocrylène

De nombreux filtres chimiques et en particulier l’octocrylène sont susceptibles de provoquer des allergies de contact. On recommande d’ailleurs d’éviter si possible les filtres chimiques chez les jeunes enfants.

L’allergie à l’octocrylène provoque un eczéma de contact avec allergie croisée au kétoprofène (Ketum* gel anti inflammatoire)

1.B/ Les filtres chimiques se comportent-ils comme des pertubateurs endocriniens ?

Il existe dans notre environnement de nombreuses substances ayant une structure chimique proche de celle de certaines hormones sexuelles ou susceptibles d’interagir avec des récepteurs aux hormones sexuelles. Ces substances ont donc le plus souvent un faible role hormonal.

La pénétration transcutanée des filtres : pénètrent-ils dans l’organisme

On sait que la pénétration d’un produit appliqué sur la peau dépend notamment de l’état de la peau (la pénétration est multipliée par 3 en cas de rougeur, par 7 en cas de gros coup de soleil), et de l’âge car la peau est plus fine et joue moins sont rôle de barrière chez les enfants (la pénétration est multipliée par 1,7 chez l’enfant et 2,7 chez le nourrisson).

On sait qu’on retrouve certains produits appliqués sur la peau dans les urines de 48 h (par exemple on a retrouvé 4 % de la quantité d’acide paraminobenzoique appliqué sur la peau dans une étude) dont on sait qu’il sensibilise la formation de dimères dans l’ADN.

Enfin, il semble que la pénétration transcutanée soit très variable d’un filtre solaire à l’autre. Elle semble inexistante pour le dibenzoylméthane, le phénylbenzymidazole sulfonique, les Mexoryl®, l’octocrylène ou les tinosorb / minime pour l’octylsalicylate, le méthoxycinnamate / mais significative pour le benzophénone-3, le 3-4-méthyl-benzylidène-camphre (4-MBC) et le 3-benzylidène camphre (3BC).

Cependant, une etude de 2019, randomisée donne des résultats discordants pour  l’octocrylène, ainsi que pour l’avobenzone, l’oxybenzone et de l’écamsule, montrant qu’ils sont absorbés de façon systémique. La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a émis une alerte indiquant que les principes actifs dont l’absorption systémique est supérieure à 0,5 ng/ml doivent faire l’objet d’une évaluation non clinique, y compris des études portant sur la cancérogénicité systémique, le développement et la reproduction.

Cette étude a réparti 24 participants en bonne santé de façon randomisée en quatre groupes recevant chacun 2 mg de chacun de ces écrans solaires/cm2 sur 75 % de la surface du corps, 4 fois par jour, pendant 4 jours. 30 échantillons de sang ont été prélevés sur une période de 7 jours auprès de chaque participant pour évaluer la concentration plasmatique maximale de ces 4 écrans solaires.

Resultat, des concentrations plasmatiques supérieures à 0,5 ng/ml ont été observées pour les 4 écrans solaires testés, après 4 applications le 1er jour.

Ainsi, les auteurs ont conclu que l’utilisation de creme solaire, dans des conditions d’utilisation maximales, présente une absorption systémique supérieure à celle recommandée par la FDA mais que les résultats de cette étude ne suggèrent pas la suspension de l’utilisation des cremes solaires.

Que sait-on aujourd’hui sur les filtres chimiques et leur rôle perturbateur endocrinien ? :

  • on retrouve de faibles traces de filtres chimiques dans les urines humaines après application sur la peau. Il semble en effet qu’entre 0,1% et 5% des filtres chimiques peuvent être absorbés à travers la peau. Ce taux d’absorption varie en fonction de l’état de la peau (une peau irritée par un eczema ou un coup de soleil par exemple absorbe plus) et l’age (les enfants et les nourrissons absorbent plus)

  • on a mis en évidence un role oestrogénique des filtres chimiques chez les souris (augmentation du poids de l’utérus, modification du comportement sexuel) en leur administrant des doses importantes des deux filtres ayant la plus forte activité oestrogénique, le 4-methylbenzylidène camphre (4-MBC) et le 3-benzylidène camphre (3-BC) avant l’accouplement, pendant la gestation, la lactation ainsi qu’à leurs descendants jusqu’à l’âge adulte. Tous ces résultats ont été obtenus par une administration orale continue et prolongée à très fortes doses ce qui ne correspond pas à la réalité d’utilisation des cremes solaires compte tenu de la faiblesse de l’absorption des filtres solaires. Il semble de plus que les filtres solaires chimiques aient un pouvoir oestrogénique très inférieur aux phyto-oestrogènes (oestrogènes naturels présents dans le soja par exemple) chez l’homme.

Le role pertubateur endocrinien des cremes solaires est donc peu probable chez l’homme car le taux d’absorption transcutanée est faible et les doses sont donc inférieures aux doses normalement autorisées.

Cependant, on a trouvé dans une étude au moins un filtre solaire dans 75% des échantillons de lait maternel et il s’agissait dans 20% du 4-méthyl-benzylidène-camphre (4-MBC), on peut donc supposer une exposition de l’enfant à ce perturbateur endocrinien potentiel en cas d’allaitement, et pendant la grossesse? Cependant ces taux sont retrouvés tant en été qu’en hiver, ce qui laisse penser que leur présence dans le lait maternel n’est pas à relier à l’usage de cremes solaires mais plutôt de cosmétiques (crèmes anti rides, lotions, rouge à lèvre, laques capillaires, shampoings etc.)…

Le « Plan d’action national sur la fertilité » recommande de limiter l’incorporation de la benzophénone-3 dans les produits cosmétiques à une concentration maximale de 6% en tant que filtre UV et de 0,5% en tant que conservateur, pour les produits destinés aux adultes et de ne pas utiliser la benzophénone-3 chez les enfants

Contamination de la biosphère…

Quel est l’impact environnemental des quantités de filtres chimiques contenus dans les cremes solaires, les peintures anti UV etc. déversés dans les lacs, rivières et océans?

2/ Filtres minéraux : des nano-particules ?

Les nano-particules sont des substances tellement petites qu’elles sont suspectées de pouvoir pénétrer dans les cellules et d’interagir avec l’ADN (le dioxyde de titane peut induire des dommages photooxydatifs à l’ADN par la formation de radicaux libres de type péroxyde d’hydrogène). Les filtres minéraux sont des poudres de dioxyde de titane et de dioxyde de zinc. Il semblerait néanmoins que ces filtres ne sont pas absorbés par la peau, car ils formeraient des agrégats trop gros pour pénétrer dans les cellules cutanées.

Une étude de 2018 a évalué l’innocuité de l’application répétée d’écran solaire contenant des nanoparticules d’oxyde de zinc sur la peau humaine mais il semble que les volontaires n’aient pas appliqué de crème solaire mais des agglomérats de nanoparticules d’oxyde de Zinc pendant cinq jours. La pénétration cutanée des nanoparticules intactes et la toxicité cutanée locale ont été évaluées. Il semble d’après cette étude que les nanoparticules d’oxyde de Zinc se sont déposées à la surface de la peau et dans les plis cutanés, mais qu’aucune pénétration ni toxicité cellulaire n’a été détectée dans l’épiderme. Seule la concentration d’ions de zinc dans l’épiderme a légèrement augmenté.

Cette étude ne s’intéresse pas au dioxyde de Titane, or on sait qu’ il faut être vigilant vis-à-vis des sprays en contenant car le dioxyde de titane car ils provoqueraient des lésions inflammatoires chroniques pulmonaires en cas d’inhalation.

De même, mieux vaut ne pas utiliser de crème solaire au dioxyde de Titane  sur la peau lésée, par exemple après un coup de soleil

3/ Les crèmes solaires limitent-elles les effets bénéfiques des UV (vitamine D notamment)?

On sait (voir effet du soleil sur la peau) que les UV font synthétiser de la vitamine D.

La quantité d’UV nécessaire à une synthèse de vitamine D en quantité suffisante parait très faible, par exemple, une exposition des mains et du visage entre une demi-heure et deux heures par semaine est suffisante pour une synthèse normale de vitamine D

Il semble donc que l’usage des cremes solaires ne diminue probablement pas les taux de vitamine D

4/ Les cremes solaires : source de comportement à risque?

 

L’usage de la creme solaire a souvent pour but de bronzer sans coup de soleil, ainsi, les personnes ont tendance à s’exposer plus longtemps sans coup de soleil, ce qui est très mauvais car une partie des UV passe dans la peau et la sensation de cuisson s’estompe, incitant à rester plus longtemps au soleil.

Rappelons que les cremes solaires ont surtout pour but de réduire le risque de cancer de la peau et de vieillissement cutané accéléré, pas à s’exposer plus longtemps!

Conclusion

Il existe donc des doutes quant à l’innocuité des cremes solaires.

En revanche, il est prouvé que les cremes solaires (et plus généralement la protection solaire) diminuent le risque des cancers cutanés mais pas à elles seules (voir l’article les cremes solaires protègent-elles du cancer de la peau?)

Efficacité de la creme solaire (même si on ne la voit pas) : elle rend opaque aux UV

On ne répétera cependant jamais assez que dans la stratégie de protection solaire, les cremes solaires arrivent en derniere position, derriere la recherche de l’ombre, l’absence d’exposition entre 11H et 16h l’été et le port de vetements couvrants, et qu’il n’est pas recommandé d’utiliser uniquement les cremes solaires pour se protéger du soleil, en dehors des zones non couvertes par les vetements : les cremes solaires n’ont vraiment d’interet que lorsqu’on respecte les autres règles de protection solaire

Voir comment choisir une crème solaire

 

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