Cicatrisation de la peau

Après une coupure de la peau, le processus de cicatrisation va réparer et régénérer les tissus cutanés et sous cutanés. Comment la peau cicatrise ?
Structure de la peau :

La peau est constituée de trois couches :
Epiderme
Le plus superficiel, constitué principalement de kératinocytes (cellules produisant de la kératine, une protéine entrant dans la constitution des ongles et des cheveux. L’épaisseur de l’épiderme varie de 1/10 mm (peau des paupières) à 1 mm (peau des paumes et des plantes)
Derme
Il est beaucoup plus épais que l’épiderme puisqu’il peut atteindre une épaisseur de 4 mm, notamment au niveau de la peau du dos. Le derme renferme les vaisseaux (qui contiennent 10% du sang de l’organisme), les bulbes des poils et des cheveux, les glandes sudoripares etc. Il contient des fibroblastes, cellules produisant des fibres élastiques et collagènes (le derme adulte normal contient 90 % de collagène de type I pour 10 % de collagène de type III).
Hypoderme
C’est la graisse sous cutanée, qui contient surtout des adipocytes
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Comment la peau cicatrise ?
Le processus de cicatrisation de la peau est complexe et il met en jeu de nombreux acteurs du derme et de l’épiderme
On peut schématiquement diviser la cicatrisation d’une plaie cutanée
en quatre phases :
– la phase hémorragique et inflammatoire ;
– la granulation (cicatrisation dermique) ;
– la réépidermisation (cicatrisation épidermique) ;
– le « remodelage » de la cicatrice.
1/ Phase hémorragique et inflammatoire
On voit plusieurs acteurs du sang entre en scène :
Plaquettes
Le traumatisme (coupure, plaie…) produit des coupures vasculaires responsables de l’afflux de plaquettes. Le contact de ces plaquettes avec le collagène dermique déclenche une agrégation plaquettaire et la formation d’un caillot de sang et de fibrine.
Les plaquettes libèrent des molécules telles que les Tumor Growth Factor α et β et le PDGF qui attirent les monocytes et les fibroblastes et stimulent leur prolifération et leur activité de synthèse.
Globules blancs
Les polynucléaires neutrophiles, une sorte de globules blancs, participent à la détersion de la plaie. En l’absence de contamination bactérienne, ils disparaissent en quelques jours.
Les polynucléaires éosinophiles participent au recrutement des cellules qui vont former le tissu de granulation.
Les monocytes, sous l’action du PDGF, se transforment en macrophages qui participent aussi à la détersion de la plaie et à la lutte anti-infectieuse mais sont surtout les coordinateurs du processus de cicatrisation : ils sécrètent de nombreux facteurs de croissance et médiateurs chimiotactiques qui vont stimuler l’angiogenèse, l’activité fibroblastique et le remodelage dermique.
2/ Granulation, la phase de cicatrisation dermique
On voir se développer le tissu de granulation, qui est constitué d’une
- matrice extracellulaire (essentiellement constituée de fibronectine, d’abord d’origine plasmatique, puis synthétisée par les fibroblastes)
- et de néovaisseaux (ces néovaisseaux permettent l’apport d’oxygène et de nutriments pour les fibroblastes).
formant un « néoderme » sous l’action de facteurs de croissance tels que le b-FGF, le TGF-β, le VEGF…
Ensuite on assiste à la synthèse de néocollagène, tout d’abord surtout de type III (alors que nous avons vu qu’il ne représentait que 10% du collagène de la peau adulte)
En même temps, on assiste à un processus de contraction de la plaie qui contribue
à rapprocher les berges de la plaie par transformation des fibroblastes en myofibroblastes sous l’action du b-FGF, riches en une protéine contractile, l’α-actine, sorte de « muscle lisse »…
3/ Réépidermisation ou phase de cicatrisation épidermique
Elle se déroule en trois phases, de migration, prolifération et différentiation des kératinocytes.
La migration des kératinocytes
Elle débute dès la 12e heure, à partir de l’épiderme des bords de la plaie, des canaux des glandes sudoripares et des follicules pileux.
La prolifération des kératinocytes
Les kératinocytes se multiplient dès la 2e heure avec un pic à 2 jours sous l’action de l’EGF synthétisé par les kératinocytes et du KGF synthétisé par les fibroblastes et les kératinocytes.
La maturation ou différenciation des kératinocytes
Les nouveaux kératinocytes se différencient et acquièrent une fonction de kératinisation.
Les mélanocytes recolonisent l’épiderme après un délai parfois prolongé par rapport à la migration kératinocytaire, ce qui explique que la pigmentation des cicatrices est souvent tardive.
4/ Remodelage
Ce processus dure plusieurs mois. Le collagène III est progressivement remplacé par du collagène I, de résistance mécanique supérieure et s’orientant parallèlement aux lignes de tension cutanée et qui supplante l’acide hyaluronique, les protéoglycanes ou la fibronectine, qui étaiet richement présents dans le tissu de granulation
Les vaisseaux diminuent ainsi que la densité en fibroblastes et myofibroblastes, remplacés par une fibrose.