La pelade de la barbe
Il est fréquent de voir apparaître une zone où les poils de la barbe ne poussent plus. Elle peut avoir plusieurs causes (mycose notamment) mais elle est le plus souvent liée à une pelade. La pelade est une maladie fréquente, pouvant toucher 1% de la population , qui peut affecter à tout âge de manière égale les deux sexes et tous les phanères (poils de barbe, cheveux et ongles : dépressions ponctuées, trachyonychie, érythème lunulaire en mottes (taches rosées sur la lunule). La pelade est due à une destruction des bulbes des cheveux par les cellules immunitaires.
C’est une maladie qui évolue par poussées (encore appelées épisodes), pouvant ou non se répéter au cours de la vie.
Elle apparaît le plus souvent en plaques (Pelade en Plaques) sur la barbe.
La pelade apparaît souvent tôt dans la vie, dans plus de 50%
des cas avant l’âge de 20 ans. La pelade est souvent de bon pronostic
si elle est localisée : environ 80 % des pelades localisées repoussent
spontanément en un an.
Son évolution est peu prévisible et souvent capricieuse. Les épisodes surviennent de manière qui peut paraitre aléatoire, parfois rythmés par les saisons.
Causes
La cause est encore assez mal connue, on sait que :
- La pelade a une composante auto immune : le systeme
immunitaire attaque le follicule pileux. Il existe d’ailleurs parfois
des pathologies associées, notamment dysimmunitaires thyroidiennes. On constate la production accrue d’interféron gamma par des lymphocytes CD8, qui augmenterait la sécrétion d’IL15 par les cellules agressées via des connecteurs particuliers, les Janus kinases (JAK) 1. Ce processus mettrait en route une boucle d’auto-activation inflammatoire via la voie JAK 1/3 dans les lymphocytes. - Il semble exister une composante héréditaire chez environ
un tiers des patients atteints de pelade (des jumeaux vrais ont environ
la moitie de chance d’etre atteints tous les deux et le risque est multiplié par 5 ou 10 chez les autres patients lorsqu’un parent de premier degré est atteint). Ainsi on considère que la pelade survient sur un terrain génétique prédisposé. - Il est difficile de prouver qu’un stress ou un choc émotionnel soit déclencheur. Le microbiote cutané ou intestinal pourrait aussi entrer en ligne de compte (repousses partielles après transplantation fécale). Évidemment l’alopécie elle même est source de désordres psychologiques.
- La pelade peut rarement être induite par certains médicaments : anti TNF, ustekinumab, dupilumab, anti PD-1 (nivolumab, pembrolizumab).
Symptômes
Le diagnostic nécessite une consultation médicale et le médecin pourra
décider de réaliser un bilan sanguin à la recherche dune autre maladie
du système immunitaire dans certains cas.
La pelade est souvent de découverte fortuite, marquée par des
zones rondes de quelques centimètres de diamètre, sans
poils . La peau est normale (non cicatricielle) et il n’y a pas de squames comme dans les mycoses.
Le médecin peut utiliser un dermatoscope pour voir des poils en points d’exclamation, des poils dystrophiques, des points jaunes, des points noirs, des poils « coudés », des lignes de Pohl Pinkus).
Plus rarement, la pelade peut toucher les ongles, les sourcils, voire
tous les poils et cheveux (pelade universelle)
Bilan
Les patients atteints de pelade semblent prédisposés aux autres maladies auto immunes (thyroïdites, psoriasis, vitiligo, lupus, anémie de Biermer).
Cependant, dans la très grande majorité des cas, aucun bilan n’est justifié sauf en cas de signe clinique, un dosage des hormones thyroïdiennes et anticorps antithyroïdiens, voire un bilan autoimmun.
Pronostic
Sont considérés comme signes de mauvais pronostic :
– un début tôt dans la vie surtout si elle est étendue ;
– l’ancienneté de l’épisode ;
– la surface atteinte étendue ;
– certaines altérations unguéales (trachyonychie, érythème lunulaire).
Traitement
Les traitements possibles sont très nombreux et peu standardisés (pas de consensus).
Corticoides
On peut notamment appliquer sur les plaques de pelade de la barbe, des médicaments à base de cortisone
Sous forme de gel ou de creme, ils peuvent déclencher une repousse en regard des zones traitées, y compris dans presque un tiers des cas
Minoxidil
Le minoxidil est un vasodilatateur qui semble potentialiser une repousse spontanée ou liée à un autre traitement
Dioxyanthranol (dithranol, anthraline)
C’est une molécule irritante, utilisée chez l’adulte et l’enfant en contact bref (short contact). L’anthraline est un dérivé de goudron qui a un effet co-carcinogène qui ne doit pas être utilisé conjointement à des traitements comme la Puvathérapie.
Photothérapie
Puvathérapie
Ce traitement semble efficace mais les rechutes sont fréquentes à l’arrêt
Voici des conseils pratiques pour la photothérapie (« les UV »)
:
- Il faut informer son médecin de ses antécédents : si lon a
déjà eu des UV, un mélanome qui contre-indique
les UV ou un autre cancer de la peau, une maladie
liée au soleil, des grains de beauté, des médicaments car ils
peuvent provoquer des éruptions avec les UV et tout autre
antécédent. – Il faut bien protéger ses yeux avec
les lunettes fournies et les hommes doivent garder
leur slip. Si votre médecin vous a prescrit un médicament à
prendre 2 h avant les séances ( psoralène), il faut porter des lunettes
noires foncées couvrant les cotés des yeux et se
protéger du soleil pendant les 8 h après sa prise.
Photothérapie UVB TL01
Elle semble d’efficacité inférieure à la PUVA
Les résultats obtenus avec le laser Excimer à 308 nm semblent intéressants pour la pelade en plaques.
Immunothérapie (allergénothérapie) de contact
On utilise des substances allergisantes provoquant un eczema de contact, notamment :
– la diphencyprone, ou diphénylcyclopropénone (DCP ou DPCP) ;
– l’acide squarique dibutylester (SADBE).
Ce traitement peut permettre une repousse en regard de la zone d’entretien d’un eczéma.
Corticothérapie systémique
La corticothérapie systémique est rarement utilisée dans les pelades de la barbe
Cryothérapie
Son bénéfice est controversé.
Les « biologiques »
A ce jour en dehors des anti-JAK (inhibiteurs de Janus Kinase) aucun traitement issu de la biotechnologie (etanercept, infliximab, adalimumab, efalizumab, alefacept, secukinumab …), utilisés notamment dans la biothérapie du psoriasis n’a montré d’effet positif valable dans le traitement de la pelade.